Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Trois ans après le coup d’État militaire, la Birmanie est en proie à une crise humanitaire et politique profonde. Le Haut Commissaire des Nations unies aux droits humains a dénonce le 1er mars la cruauté de la junte militaire et appelle à une action urgente pour protéger la population. Selon des sources crédibles, plus de 4 600 civils, dont plus d’un millier de femmes et enfants, ont été tués par l’armée depuis février 2021. Toujours selon ces sources, environ 400 civils, dont 113 femmes, ont été soit brûlés vifs, soit brûlés après avoir été exécutés.
Le chef de la junte birmane exige des hauts fonctionnaires du gouvernement qu’ils suivent une formation au Collège de la Défense nationale (NDC) de l’armée, à Naypyitaw. Cette formation, auparavant réservée aux officiers militaires, est désormais étendue aux fonctionnaires civils afin d’améliorer leurs compétences politiques, économiques, militaires et administratives.
Ce 27 février, le chef de la junte birmane a admis le retard de la Birmanie par rapport à ses voisins, notamment en matière d’éducation. La population et l’histoire du pays tiennent le régime et ses prédécesseurs militaires responsables de ce chaos actuel et des échecs passés.
Le régime de la junte birmane a déclaré la loi martiale dans deux municipalités dans le nord de l’État de Shan, récemment capturées par l’Armée Indépendantiste Kachin (KIA). Cette décision vise à renforcer la sécurité près d’un centre d’extraction de rubis et s’inscrit dans le cadre du conflit. Alors que le KIA s’est retiré d’une ville, l’autre reste sous son contrôle. Cette dernière déclaration s’ajoute aux plus de 60 municipalités déjà sous loi martiale depuis le coup d’État de 2021.
Économie
Les études de faisabilité sont actuellement en cours pour un projet de ligne de transmission d’électricité transfrontalière entre le Laos et la Birmanie dans le cadre d’un accord signé en avril 2023 entre les ministères respectifs en charge de l’énergie. Ce projet, réalisé par des entreprises locales des deux côtés de la frontière, devrait permettre de transmettre 1 000 MW d’électricité au lieu de 600 MW prévus dans l’accord initial, directement sur le réseau national existant en Birmanie. La ligne de transmission doit théoriquement être tirée jusqu’à Kengteng dans l’état Shan cette année, puis jusqu’à Meiktila dans la région de Mandalay en 2026. La Birmanie connaît actuellement d’importantes coupures programmées d’électricité quotidiennes dans l’ensemble du pays.
La Birmanie a annoncé début février 2024 « accepter l’enregistrement volontaire des droits d’auteur et des droits voisins » suite à l’entrée en vigueur de la loi sur le droit d’auteur 2019 le 31 octobre 2023. Ces demandes d’enregistrement peuvent être déposées par le demandeur par voie électronique, en personne ou par l’intermédiaire d’un représentant local, ou par voie postale. Les demandeurs constitués en société ou résidant en dehors de Birmanie doivent désigner un représentant local pour faire cette demande d’enregistrement volontaire. Si en matière de droits d’auteur, on dit que la protection naît de la création, disposer d’un tel enregistrement permet d’apporter une preuve de titularité de création et d’une date certaine de création et peut s’avérer utile en cas de litiges. Cette évolution permet à la Birmanie de se rapprocher de ce qui prévaut dans de nombreux pays de l’ASEAN.
Société/Répression/Conflit
Le 29 février, un nouvel avion de l’armée de l’air au service de la junte s’est écrasé au sol. L’accident a eu lieu dans la région de Magway mais dans une zone alors exempte de combats. Le MIG-29 de fabrication russe n’a pas été abattu par la résistance, ses pilotes ont pu s’éjecter. Il semble avoir été victime d’une défaillance technique. Cet accident vient s’ajouter à la perte d’un chasseur Guizhou JL-9 à la mi-janvier 2024 dans le ciel kachin.
La junte birmane exhorte les étudiants à rejoindre le Corps de formation universitaire (UTC), un programme de réserve militaire, afin de renforcer ses effectifs décimés. La junte met en avant le fait que plusieurs hauts responsables, dont le chef du régime, sont d’anciens membres de l’UTC. Malgré la possibilité de reporter le service militaire obligatoire, le régime espère utiliser l’UTC pour constituer un réservoir de futurs recrues. Ce programme, calqué sur une initiative coloniale britannique, offre aux étudiants quatre années de formation militaire et vise à attirer les futurs dirigeants dans le giron de l’armée.
Près de 400 organisations de sociétés civile birmane ont demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’intervenir et à mettre fin à la conscription forcée imposée par la junte. Elles affirment que cette pratique aggrave la violence existante et sert d’outil pour terroriser et manipuler la population. Le communiqué souligne que les conscrits risquent d’être contraints à des actes de violence et utilisés comme boucliers humains, violant ainsi davantage les exigences internationales de paix. Les organisations appellent à ce que la junte soit tenue responsable de ses actes afin de parvenir à une stabilité régionale durable.
Près de 350 personnes, dont des enfants et des dissidents politiques, sont détenues illégalement et dans des conditions inhumaines dans un poste de police de Monywa, dans la région de Sagaing, selon un groupe de défense des droits humains. Les détenus sont soumis à des conditions de surpeuplement, à un manque de nourriture et de soins de santé, et même à des participations forcées à des raids. Ce récit, rappelant un camp de concentration, met en lumière les violations continues des droits humains en Birmanie sous le régime de la junte.
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