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GAVROCHE HEBDO – ÉDITORIAL : Étranger au Siam, toute une histoire

Date de publication : 04/03/2024
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Le saviez-vous ? Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les étrangers accusés d’avoir commis des délits en Thaïlande n’étaient pas jugés par la justice siamoise. Un tribunal spécial s’occupait de leur cas, composé de magistrats thaïlandais et européens (pour la plupart). Bref, les « farangs » en délicatesse avec le droit et les coutumes locales bénéficiaient d’une juridiction d’exception. Pas question d’envoyer des blancs dans les geôles pour indigènes, comme cela se disait à l’époque.

 

Ces deux vitesses juridiques ont heureusement disparu. Mais être étranger, au Siam, permet toujours d’obtenir un certain nombre de passe droits et de jouir d’un niveau de tolérance hors de portée du Thaïlandais moyen. Sauf, et c’est le cas ces jours-ci à Phuket, lorsque le « farang » se prend pour ce qu’il n’est pas et se met à mépriser les Thaïs, les considérant comme ses obligés. C’est à l’évidence le fond du problème dans l’affaire du citoyen suisse, responsable d’une fondation d’aide aux éléphants à Phuket, accusé d’avoir sévèrement bousculé une Thaïlandaise assise devant le porche de sa luxueuse demeure. Cela s’est passé le samedi 24 février. Depuis, le royaume est en ébullition. La rudesse du « farang » est en passe de devenir une affaire d’État.

 

Il n’y a pas de morale à cette histoire dont Gavroche ne connait pas les détails . Nous en apprendrons sans doute plus dans les jours à venir. Mais l’on peut déjà donner ce conseil à tous nos lecteurs, amoureux de la Thaïlande et de l’Asie du Sud-Est : ici, tout n’est pas permis. Le temps des indigènes est révolu. Être blanc ne signifie pas qu’il faut tout accepter, ou bien se taire. Mais cela suppose, dans tous les cas, d’être respectueux de ceux qui nous accueillent. Étranger ne rime pas avec impunité.

 

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1 COMMENTAIRE

  1. L’éditorial laisse au lecteur une impression de malaise. L’auteur semble se substituer aux enquêteurs habilités (“c’est à l’évidence le fond de l’affaire” et de parler de “mépris” et de bien appuyer… “la luxueuse demeure”… les adjectifs utilisés sont bien pesants et passablement orientés). Préciser que Gavroche ignore les détails de l’affaire devrait conduire à plus de prudence. La présomption d’innocence prévaut-elle jusqu’au jugement dans le droit thaïlandais ? L’éditorialiste spécialiste du droit colonial devrait sans doute nous préciser l’état du droit actuel. Si c’est le cas, les règles locales devraient être respectées comme il nous est recommandé de faire. Que penser des réactions “spontanées” qui, si elle ont eu lieu, pourraient s’apparenter à une forme de “justice” mais… populaire spontanée ? L’auteur des lignes n’en parle pas, qu’en pense t-il ? Dans une formulation hyperbolique, on lit que le royaume est porté à “ébullition” par un citoyen helvète érigé en catalyseur d’une révolution inédite. Quels feux cherche t-on à attiser ? Nous attendons le prochain éditorial de modération helvétique de R. Werly sur le sujet. Mais surtout, le rappel des régimes passés du régime d’extraterritorialité me semble inapproprié. En quoi l’exhumation de ce passé (du reste fort répandu au XIXème siècle notamment dans le domaine des relations commerciales, ce qui ne signifie approbation), à propos des faits évoquée éclaire-t-il la situation qui est exposée ? Il se trouve par ailleurs que l’auteur des faits n’est pas un ressortissant d’un État colonisateur. La qualification juridique des faits, s’ils sont avérés, suffit sans avoir à rejoindre un discours “décolonial” ambiant. La question pertinente est la suivante : en quoi les faits reprochés à l’étranger sont pénalement qualifiés ? Le reste me parait relever du procès mais pas d’intention fortement… idéologisé.
    La notion de tolérance dont bénéficierait les “farangs”, une tolérance qui ne serait pas reconnue au profit, “hors de portée” des Thaïlandais… “moyens ” est-il précisé n’est pas de nature à plaider dans le sens que l’éditorialiste entend… le “farang” bénéficierait donc d’une sorte de régime extraterritorial de fait qu’il partagerait avec la partie “privilégiée” des ressortissants locaux… La notion de tolérance est abordée dans la chronique de P. Chesneau en date du 4/3/2024 : il oppose l’étranger qui n’est nullement un “invité” (et de recenser le régime strict des contrôles du séjour en Thaïlande et de le déplorer, même si, dans un renversement inattendu, la chronique se termine par une ode amoureuse inconditionnelle au “Royaume”) mais une personne “tolérée” : “un fait est et sera : ils (les étrangers) ne seront que tolérés peut-on lire. La notion de tolérance a fait l’objet de nombreux propos philosophiques et bien avant Voltaire. La notion présuppose une hétérogénéité entre deux éléments qu’on oppose. L’opposition entre l’étranger et le national voire une séparation plus ou moins étanche qui peut aller jusqu’à l’aversion n’est qu’une forme possible de l’opposition. Les éléments qui fondent et structurent cette séparation présupposent une forme de rejet (dont les ressorts et les manifestations sont variables selon les pays, le nationalisme étant fondamental, notamment lorsqu’il mobilise le souvenir et le ressentiment de luttes anti-coloniale) mais que, néanmoins on… tolère. Si comparaison n’est pas raison, la tolérance fut institutionnalisée dans les pays musulmans par l’institution de la dhimmitude. Juifs et Chrétiens étaient tolérés (pas les polythéistes qu’il fallait combattre), avec des droits réduits et un régime d’humiliation pour être… “protégé” (baisser la tête moyennant acquitter la jyzya (un impôt de capitation) et debout, tête basse et recevoir une ou deux tapes sur la nuque… “Toléré” en tant que personne sauf en ce qui concerne… son compte bancaire… Une question : un rapport entre l’afflux touristique et les possibles réactions qu’il suscite ?

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