Gavroche a transcris pour ses lecteurs les interventions du président français et du premier ministre Thaïlandais le 11 mars à Paris.
Emmanuel Macron
Monsieur le Premier ministre, après avoir eu l’immense honneur d’être invité par la Thaïlande au sommet du Forum de la coopération économique en Asie-Pacifique en novembre 2022. Je suis ravi de vous accueillir en France dans le cadre de votre première tournée en Europe. Cette relation, en effet, étroite découle d’une histoire commune vieille de plus de trois siècles. Et nous célébrons d’ailleurs l’année prochaine, en 2025, le 340ᵉ anniversaire des premiers contacts entre la France et le royaume de Siam, et l’année d’après, en 2026, le 170ᵉ anniversaire de nos relations diplomatiques. Sur la base de cet héritage qui est marqué par la confiance mutuelle, je suis convaincu que nous pouvons bâtir un agenda ambitieux à la hauteur des enjeux contemporains et j’en veux pour preuve de nombreux points de convergence. Le premier d’entre eux, à coup sûr, est cette volonté que nous avons en commun de ne pas être pris dans le jeu des puissances en Indopacifique et de se donner les moyens de préserver la liberté de la souveraineté, c’est-à-dire la liberté de prendre des décisions de manière souveraine. C’est cette proximité de vue qui va nous conduire à travailler sur la structure d’un partenariat stratégique. Il existe en effet un immense potentiel de coopération dans plusieurs secteurs clés de nos économies respectives : les infrastructures, l’espace, les transports, la transition énergétique, la défense.
Et vous avez pu constater au cours de votre visite à quel point les entreprises et investisseurs français souhaitaient se mobiliser davantage pour appuyer votre vision et développer les échanges économiques entre nos deux pays. Nous allons soutenir cette dynamique en nous fixant de nouvelles échéances tout au long de l’année et en accompagnant les projets de nos entreprises à l’export. En parallèle, en tant que partenaire de développement de l’ASEAN, la France est pleinement engagée dans l’intégration économique de l’Asie du Sud-Est et j’avais eu l’occasion d’en discuter avec les chefs d’État et de gouvernement de la région lors de mon passage dans votre pays. Je souhaite que nous puissions poursuivre ensemble cette ambition. Ensuite, le deuxième axe, c’est la relation économique au fort potentiel qui repose avant tout sur des femmes et des hommes qui la font vivre par leur passion et leur créativité. Et donc les échanges humains, culturels et la force, je dirai de la relation bilatérale passe par ces derniers. Je pense à Robert Bougrein, dont j’avais visité l’atelier, qui agit pour la préservation du patrimoine thaïlandais. Cet exemple nous inspire et nous allons redoubler d’efforts pour multiplier nos échanges culturels, renforcer les liens entre nos institutions et valoriser les métiers d’art.
Un premier accord du Campus d’Excellence de Versailles et de l’Agence thaïlandaise dédiée à l’économie créative va dans ce sens. Cette convergence de vue, c’est le troisième axe à mes yeux, entre nos deux pays, inclue également les grands enjeux globaux et elle va au-delà du bilatéral, au premier rang desquels la lutte contre la pauvreté, l’urgence climatique, la préservation de la biodiversité. À ce titre, nous allons pouvoir échanger sur le Pacte de Paris pour les peuples et la planète, qui réunit désormais une cinquantaine d’État, où je souhaite que nous puissions travailler ensemble. Et parmi les prochaines échéances, la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, que nous organiserons en juin 2025, donnera aussi lieu à une étroite coordination entre nos deux pays. Et enfin, pour que l’ensemble de cet agenda bilatéral et multilatéral se concrétise, nous devrons continuer d’œuvrer pour la paix et la sécurité internationale. Depuis deux ans, la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine démontre chaque jour ses conséquences sur l’Europe et bien au-delà. Cette violation flagrante du droit international, avec la volonté délibérée de nuire à un État souverain, fragilise notre sécurité et je partagerai avec monsieur le Premier ministre les derniers développements, notre analyse de la situation, mais aussi, nous pourrons échanger sur les crises régionales et internationales.
Voilà, Monsieur le Premier ministre, il y a de nombreuses perspectives. Je garde un souvenir très vivant et fort du voyage que j’avais pu faire dans votre pays il y a quelques mois, des échanges aussi avec Sa Majesté le Roi, le gouvernement, les acteurs économiques et stratégiques. Et votre présence pendant plusieurs jours à Paris marque votre volonté d’ouvrir votre économie, de vous réengager, mais aussi d’épouser l’agenda que je viens de décrire. Et donc, notre volonté est d’avancer main dans la main. Merci de votre présence, monsieur le Premier ministre.
Srettha Thavisin
Je vous remercie pour cet accueil chaleureux et je profite de cette occasion pour féliciter la France d’être le pays organisateur des Jeux olympiques d’été à Paris cette année. En novembre 2022, le président Macron a effectué une visite en Thaïlande en tant qu’invité spécial lors du sommet de l’APEC.
Cette visite reste gravée dans les cœurs des Thaïlandais. J’espère vous accueillir de de nouveau en Thaïlande très prochainement, monsieur le Président. La Thaïlande et la France jouissent des relations historiques. Nous partageons des positions et des visions similaires pour diriger nos pays. Ces similitudes serviront de bases importantes pour renforcer nos coopérations dans divers secteurs d’intérêt commun pour élever le statut de nos relations en tant que partenaire stratégique. La première similitude, la Thaïlande et la France entretiennent des relations historiques étroites qui remontent à plus de trois siècles. L’année prochaine marquera le 340ᵉ anniversaire de nos premiers contacts, nous avons également comme projet de célébrer le 170ᵉ anniversaire de nos relations diplomatiques. La deuxième similitude, nos deux pays accordent de l’importance aux mêmes valeurs universelles telles que la promotion de la démocratie, les droits de l’homme, l’égalité des sexes et l’aide humanitaire aux personnes dont le besoin. Nous partageons un objectif commun : construire un sûr et durable pour nos peuples en renforçant la sécurité humaine dans tous les domaines tels que le changement climatique, la couverture sanitaire universelle, le développement durable, la sécurité alimentaire et énergétique, évidemment. La troisième similitude, nous partageons la même position concernant le maintien de la paix, la stabilité et la sécurité mondiale.
La Thaïlande joue un rôle important dans la région de l’Asean qui a adopté les perspectives de la science sur l’Indo-Pacifique. Parallèlement, la France et l’Europe ont leur propre stratégie de l’Indo-Pacifique. Cela permet à nos régions respectives d’interagir de matières créatives et de contribuer à rétablir l’équilibre stratégique dans la région au milieu milieu de la concurrence des superpuissances.
Nous sommes du même avis quant à la résolution des conflits actuels en Europe, au Moyen-Orient et en Asie, qui dépendent de la coopération internationale basée sur le de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, du droit international, du droit humanitaire et de la Charte des Nations Unies.
La dernière similitude, nos deux gouvernements partagent la même vision de construire une économie mondiale flexible, durable et inclusive en tenant compte de la transition verte et numérique. La semaine dernière, j’ai annoncé mes visions pour simuler le potentiel de la Thaïlande en tant que centre régional dans huit secteurs : le tourisme, le bien-être et la santé, l’agriculture et l’alimentation, l’aviation, le transport et la logistique, la mobilité du futur, l’économie numérique et la finance. Par conséquent, j’aimerais voir la France devenir notre partenaire dans certains de ces secteurs d’intérêt commun. Le premier secteur, la mobilité du futur, l’aviation et le transport intrarégional. Que je vais élaborer avec le président ultérieurement. La Thaïlande vise à devenir le Centre régional de production de véhicules électriques selon la politique 30/30, qui prévoit que la production de véhicules à zéro émission atteindra au moins 30% en 2030.
Je souhaite aborder le sujet de l’innovation dans le domaine de l’automobile et de l’énergie propre, et j’aimerais inviter les entreprises françaises spécialisées dans la gestion portuaire d’investir dans le projet “Landbridge”, en Thaïlande.
Ce projet Landbridge est un projet majeur en matière de logistique, visant à réduire les coûts de transport de les entrepreneurs en raccourcissant la connexion entre l’Océan Pacifique et l’Océan Indien.
J’admire l’initiative de la France pour le pacte de Paris pour les peuples et la planète ou l’initiative 4P qui vise à éliminer la pauvreté tout en préservant l’environnement et en encourageant le secteur privé à contribuer davantage financièrement pour soutenir la transition vers une économie à faible émission de carbone.
A suivre…
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