Gavroche a la chance de compter parmi ses lecteurs des auteurs prolifiques et de qualité. Parmi eux, Eiman Caze, jeune journaliste français auteur d’un documentaire sur les relations entre le Siam et la France durant la première guerre mondiale. L’occasion d’une belle série historique en trois épisodes.
Épisode 3 / Le Siam, parmi les pays vainqueurs
À l’issue de la Première Guerre mondiale, le Siam fait partie des pays vainqueurs. Une place qui lui permet de réaffirmer sa position d’État souverain face aux empires coloniaux.
Le 11 novembre 1918 l’armistice est signé. Le Siam, grâce à son corps expéditionnaire engagé partiellement sur le front en France rejoint le camp des vainqueurs de la Grande Guerre. Ses troupes mécanisées participent alors à la mission d’occupation de l’Allemagne. Ils stationnent à Neustadt, dans la région du Palatinat où ils resteront jusqu’en juillet 1919 avant de quitter l’Europe.
Sur le plan militaire, le bilan de la participation siamoise est plutôt maigre. Le corps des transports mécanisés est engagé partiellement, quelques jours avant l’armistice et sera surtout mobilisé pour la mission d’occupation. En revanche, le corps aérien, à l’exception de quelques missions de reconnaissance, ne combattra pas, tout simplement parce que les pilotes sont encore en formation lorsque l’armistice est signé.
Le succès de cette mission est surtout d’ordre politique. En juillet 1919 à la fin de la guerre, les troupes siamoises défilent à Paris aux côtés des armées des grandes puissances.
Le Siam participe ensuite à la Conférence du Traité de Versailles et deviendra, l’année suivante, un des membres fondateurs de la Société des Nations.
Au yeux du monde entier, le pays s’affiche comme un État moderne, qui se bat pour le respect du droit international, de la justice et de la civilisation.
Grâce à sa participation à la Première Guerre mondiale, le Siam est en mesure d’exiger de ses partenaires occidentaux l’égalité de traitement et le respect. Et ceci va avoir des effets immédiats puisqu’entre 1925 et 1930, l’État obtient la fin des traités inégaux et retrouve sa pleine souveraineté sur son commerce. Cette victoire en Europe va aussi permettre à Rama VI de se façonner une image de roi-soldat et ainsi se placer aux yeux de ses sujets comme le centre à la fois de la nation et de l’effort de guerre.
Aujourd’hui, il reste encore quelques vestiges de cette histoire siamoise en France. Depuis la fin de la Grande guerre, chaque année, l’école spéciale militaire de Saint-Cyr accueille en formation un officier thaïlandais. Une coopération militaire toujours d’actualité aujourd’hui. En Thaïlande, une des seules traces qui nous reste est un mémorial situé à Sanam Luang, à Bangkok, où sont conservées les cendres des 19 soldats siamois morts en France.
Eiman Cazé
Visionner le documentaire sur YouTube.
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