Dans les années 1860 et pendant près d’un demi-siècle, un véritable engouement pour la culture japonaise a balayé la France et l’Angleterre, notamment suite à la première participation du Japon à l’Exposition universelle de 1867. Bonnard, artiste novateur, fut parmi les premiers à s’intéresser aux estampes de l’ukiyo-e, traduisant littéralement le “monde flottant” japonais.
L’exposition d’estampes japonaises à l’École des Beaux-arts au printemps 1890 fut pour lui une révélation. Dès lors, il abandonna la représentation fidèle du réel pour embrasser de nouveaux principes esthétiques : la fluidité des mouvements, le jeu des couleurs contrastées, les lignes sinueuses, le goût pour les décors stylisés, et l’aplanissement de l’espace. Son style se teinta alors définitivement de japonisme, tandis qu’il continuait à collectionner des estampes jusqu’à la fin de sa vie, comme en témoigne une note dans son carnet de comptes relatant l’acquisition de rouleaux d’estampes japonaises en 1946.
Bonnard s’inspira également du détachement japonais vis-à-vis de l’illusionnisme, qui leur conférait une liberté artistique unique, pour créer plusieurs plans spatiaux et temporels dans ses œuvres. Mais ce fut surtout la vivacité des tons et des estampes, notamment celles ornant sa chambre, qui l’enthousiasma : « J’avais compris au contact de ces frustes images populaires que la couleur pouvait comme ici exprimer toutes choses sans besoin de relief ou de modelé. Il m’apparut qu’il était possible de traduire lumière, formes et caractère rien qu’avec la couleur ».
Cette exposition offre au public l’opportunité de redécouvrir les œuvres de Bonnard ainsi qu’une sélection d’estampes japonaises de la prestigieuse collection Leskowicz, permettant de saisir l’influence durable de l’esthétique japonaise sur le style de l’artiste. À travers une présentation scénographique dynamique, elle met en lumière les convergences esthétiques entre des artistes aux antipodes dans le temps, l’espace et la culture, soulevant ainsi des questionnements artistiques universels et révélant des émotions communes. Le Japon aura tôt inspiré Bonnard sur la voie de la couleur, de la lumière, de l’instantanéité et de l’expression des sentiments éphémères.
Informations
BONNARD ET LE JAPON
Du 30 avril au 6 octobre 2024
Hôtel de Caumont – Centre d’Art
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