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THAÏLANDE – CHRONIQUE : Sur les rooftops de Bangkok, la journée internationale des nuages

Date de publication : 09/04/2024
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rooftop bangkok

 

Une chronique siamoise de Patrick Chesneau

 

Célébrons leur beauté. Louons leur utilité. Sans eux, le ciel serait vide. Nous serions avalés crûment par l’immensité bleue. Rien ne festonnerait l’horizon. Au départ, la considération est purement esthétique. C’est le cas quand nous embrassons le panorama lointain au-dessus de notre humanité fragile. Allégorie du destin qui surplombe nos vies. Ces virgules ouatées activent instantanément notre imagination. Comme une touche supplémentaire dans notre décor mental. Leur puissance évocatrice nous sublime. Elle contre-balance une réputation trop lénifiante attachée à ces hôtes des nuées.

 

Car l’observation est récurrente : les nuages sont l’excuse de ceux qui n’ayant plus les pieds sur terre, se fourrent la tête dans la plénitude de la stratosphère. Attitude refuge qui peut avoir la valeur symbolique de la fuite en avant. A moins que ce ne soit une tentative de sortie par le haut quand trop de problèmes nous plaquent sur le plancher des buffles.

 

Peu importe à vrai dire l’espèce des bovidés convoquée pour la circonstance. Précisément quand nous sommes englués. Généralement, le repli en altitude indique la perte du contact avec le réel des humains restés au sol. Dénote aussi une inattention aux contingences terrestres.

 

Ils sont pourtant les vigies du climat qui détermine l’avenir de notre planète. Témoins des changements atmosphériques, ils signalent à notre attention les phénomènes liés à l’évolution de notre cosmos.

 

Plus prosaïquement, ils nous renseignent sur la vitesse des vents. Agissant comme les fidèles messagers d’Éole. Lors de voyages en avion, tout particulièrement en revenant vers mon Royaume de Siam enchanté, je les vois défiler de part et d’autre de la carlingue, comme s’ils voulaient entreprendre une course échevelée avec l’appareil. Au point de l’envelopper. Est-ce pour l’engloutir ou le protéger de trop fortes turbulences en assurant un rôle de coussin amortisseur ? Par le hublot, je me penche pour les admirer à loisir et, toujours, les salue respectueusement.

 

Au total, ils sont de parfaits complices du temps qu’il fait, beau ou mauvais, ondée passagère, pluie torrentielle ou soleil implacable, canicule ou frimas, vents maussades ou alizés bienfaiteurs, au rythme des cycles et des saisons.

 

Ne dit-on pas : être sur un petit nuage ?

 

On peut volontiers y voir le gage d’un bonheur authentique. Comme un bien-être sans limite au milieu de l’azur infini. Joie toute aérienne. Reconnaissons enfin aux nuages, cumulo nimbus compris, qu’ils nous incitent à la poésie.

 

A Bangkok, juché sur un rooftop pour contempler, en soirée, le dôme scintillant des étoiles, j’observe leurs facéties. Au gré des formes fugaces qu’ils savent si bien improviser. A cet égard, les nuages sont inventifs, ingénieux, évolutifs, dotés depuis leur plus tendre enfance, d’un sens esthétique stupéfiant. Subjugué par la vitalité de leurs analogies stylistiques avec notre environnement familier, je ne manque de leur tresser des louanges. Une rêverie langoureuse prend invariablement le relais. J’entrevois alors la possibilité d’un monde meilleur.

 

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1 COMMENTAIRE

  1. Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? Ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
    Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
    Tes amis ?
    Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu
    Ta patrie ?
    J’ignore sous quelle latitude elle est située.
    La beauté ?
    Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
    L’or ?
    Je le hais comme vous haïssez Dieu. Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
    J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !

    Charles B, Petits poèmes en prose, 1859
    Mis en musique par Léo Ferré

    mais aussi “Any where out of the world”, Charles B. Petits poèmes en proses , les paradis artificiels, 1869 …

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