Certaines comparaisons peuvent paraitre saugrenues. Pourquoi évoquer, dans un même éditorial, la commémoration ce 7 mai 2024 des 70 ans de la défaite française de Dien Bien Phu et la visite d’État en France du président chinois Xi Jinping ? La réponse est pourtant simple. C’est toujours sur les décombres de la décolonisation, et avec pour argument la revanche contre l’Occident, que le parti communiste Chinois soigne sa propagande.
Dien Bien Phu, ne l’oublions pas, fut une victoire militaire vietnamienne incontestable rendue possible par l’aide massive de la Chine communiste aux forces du Général Vo Nguyen Giap et au régime de Hô Chi Minh. La France, en Indochine, était alors seule face à cette armada communiste nourrie par la passion de l’indépendance. Le communisme, galvanisé par le nationalisme, ne pouvait pas être battu par une armée dont le courage et l’héroïsme n’avait d’égal que la lâcheté des gouvernements successifs de la IVe République.
Il y a bien un lien entre ces deux événements.
Dien Bien Phu, avec sa cuvette cernée par les Viets, est le symbole de tout ce que les Européens, puis les Américains, ont raté face à un adversaire qu’ils sous-estimaient. Ratage politique, face au maillage social du parti communiste vietnamien. Ratage militaire, car Vo Nguyen Giap a très vite appris des erreurs des généraux Français. Ratage diplomatique car, déjà, les pays du « sud global » (comme on les nomme aujourd’hui) avaient compris la fin programmée de l’époque coloniale.
Xi Jinping n’est pas l’héritier de Vo Nguyen Giap et de Hô Chi Minh. Il est à la tête d’un géant à deux têtes : communiste sur le papier, hyper-capitaliste dans les faits. Mais les légendes servent à ceux qui les utilisent. Celle de Dien Bien Phu, quel que fut l’héroïsme des soldats français, est une légende de capitulation. L’Asie jaune terrassait enfin une puissance coloniale blanche. Une légende taillée sur mesure pour le président Chinois, en 2024.
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“La fin programmée de l’époque coloniale”? Pas pour certains, Israël représentant pour eux la quintessence du colonialisme, de l’hyper-colonialisme blanc… dont la Chine cultivant son “amitié sans limite” avec Poutine et l’ayatollah Khamenei soutien du Hamas et des “rebelles” de ScPo serait le héraut. Qu’en pensent Hong Kong, Le Sinkiang, le Tibet ? Et bientôt, peut-être, Taïwan… Une Chine naguère victime des échanges inégaux, une situation désormais renversée dont l’Europe est actuellement… victime…
Parmi les grandes figures du journalisme français, reporter pour la revue mensuelle “Indochine Sud-Est asiatique”, Brigitte FRIANG (1924-2011), qui était à Dien Biên Phu au printemps 1954. Elle rejoint De Gaulle dans la résistance à 19 ans, déportée à Ravensbruck à 21 ans, attachée de presse de Malraux, correspondante de guerre pour l’ORTF en Indochine à partir de 1951. Puis, en 1956 elle couvre l’expédition de Suez et en 1967 la guerre des six jours, en 1968 l’offensive du Têt sur Saïgon. Licenciée sous pression du pouvoir gaulliste en 1968. “Regarde-toi qui meurs” sont les mémoires de cette reporter de guerre extraordinaire et sans complaisance qui dans la première partie de l’ouvrage, livre, après David Rousset, Geramine Tillon, Edmond Michelet, Micheline Maurel, un des témoignages les plus bouleversants sur la déportation. Deux films importants sur la guerre d’Indochine : Celui de Pierre Schoendoerffer, “La 317ème section”, proche du documentaire, sorti en 1965, puis le très ambitieux “Diën Biën Phu” tourné en 1992, sorti en 1992 ainsi que “Dièn Biên Phu. Chronique d’une bataille oubliée” ( film complet de Peter Hercombe, 54 min, accessible sur YouTube). On citera également le film du célèbre réalisateur russe Anatoli Socolov le film “Vietnam” connu sous le nom de : “Le Vietnam sur le chemin de la victoire”. J’ai encore en mémoire les films de Joris Ivens et notamment l’extraordinaire “Le dix-septième parallèle : La guerre du peuple”.
Cher lecteur, c’est un plaisir de lire votre commentaire qui est lui même riche en informations sur cette bataille de Dien Bien Phu. Nous allons d’ailleurs le publier. Continuez de nous lire !
Bravo pour votre article, tout est dit. Merci
Merci encore pour votre publication.
Chacun y va de son couplet pour l’anniversaire de Dien Bien Phu…normal..
Mais on semble oublier Geneviève de Galard, la fameuse infirmière de ce moment-la !
Elle a eu 99 ans !!!
Bien à vous
Cher lecteur, un grand merci de votre suggestion. Nous préparons un article. Bien cordialement.