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THAÏLANDE – POLITIQUE : Une activiste anti-lèse majesté meurt de sa grève de la faim en prison

Date de publication : 14/05/2024
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Bung Thaluwang

 

Une analyse de Philippe Bergues

 

L’activiste politique Netiporn, 26 ans, connue sous le nom de « Bung Thaluwang », est décédée le 14 mai d’un arrêt cardiaque suite à une grève de la faim qu’elle avait entamée depuis 110 jours. L’hôpital universitaire de Thammasat a confirmé que Netiporn avait cessé de vivre à 11h22, heure de Bangkok.

 

Selon l’association Thai Lawyers for Human Rights, la jeune femme était détenue pour crime de lèse-majesté depuis le 26 janvier dernier, date à laquelle sa libération sous caution avait été révoquée pour violation des conditions de libération sous caution. TLHR a ajouté qu’elle avait entamé une grève de la faim le 27 janvier pour défendre le droit des prisonniers politiques à la libération sous caution et pour exhorter le gouvernement à mettre fin aux poursuites contre les individus qui s’exprimaient et se réunissaient à des fins politiques. Cette grève de la faim aura conduit au déclin de sa santé.

 

Netiporn était membre du groupe Thaluwang, l’un des plus démonstratifs lors des manifestations pro-démocratie et pour une réforme de la monarchie. Elle était professeur d’anglais avant de devenir politiquement active.

 

Initialement, il y a 10 ans, elle avait rejoint les manifestations du Comité de réforme démocratique du peuple pro-coup d’État, mais a ensuite changé de position politique suite à la montée en 2020 du mouvement appelant à la réforme de l’institution royale dirigé par des jeunes. Elle a ensuite participé à des manifestations en faveur du droit des étudiants dans les écoles et des droits LGBT+. Elle avait été accusée de crime de lèse-majesté après avoir mené un sondage de rue sur les cortèges royaux. Bien qu’elle ait, à l’origine, obtenu une libération sous caution, celle-ci a été révoquée après qu’elle ait été condamnée à un mois de prison pour outrage au tribunal à la suite d’une altercation avec un fonctionnaire judiciaire.

 

Le ministre de la Justice, Thawee Sodsong, a déclaré qu’il avait informé le premier ministre Srettha, en déplacement, du décès de la détenue au nom de l’article 112 du code pénal et qu’une autopsie serait réalisée, conformément à la loi.

 

Cet épisode tragique nous rappelle combien la Thaïlande, avec sa draconienne loi sur le crime de lèse majesté, est en dehors des standards internationaux pour la protection des droits humains élémentaires. Rappelons que depuis le mouvement de 2020 appelant à la refonte de la monarchie, près de 300 personnes, dont des mineurs, sont accusées de crime de lèse-majesté, cette redoutable « arme judiciaire » . Dont la figure de proue du mouvement, l’avocat Arnon Nampa, condamné à 10 ans de prison alors que des peines cumulables, pour la même raison, pourraient arriver.

 

Alors que la coalition gouvernementale au pouvoir discute actuellement d’une possible amnistie couvrant les évènements politiques de 2006 à aujourd’hui, les accusés du crime de lèse-majesté sont totalement exclus de ce processus à venir.

 

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