Nous reproduisons une tribune parue dans le Thai Enquirer dont nous vous recommandons la lecture ici.
L’ancien ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Parnpree Bahiddha-nukara, a publiquement déclaré que son départ était principalement dû à la suppression de son poste de vice-premier ministre par Srettha Thavisin, son supérieur. Il a souligné que cela l’empêchait d’atteindre le même statut que certains de ses prédécesseurs, qui avaient bénéficié d’une plus grande autonomie. Cependant, de nombreux observateurs politiques thaïlandais, qu’ils soient expérimentés ou novices, estiment que son départ soudain du gouvernement est en partie lié à cette affirmation.
Les anciens ministres des Affaires étrangères, tels que Surin Pitsuwan, Thaksin Shinawatra et le célèbre Thanat Khoman, ont exercé leurs fonctions sans occuper le poste de vice-premier ministre qu’il revendiquait. Cette situation semble donc relever principalement de la politique interne du parti.
Le Pheu Thai est une entité politique de premier plan avec des structures de propriété transparentes, mais cette ouverture ne le met pas à l’abri des divisions internes, similaires à celles observées depuis des décennies au sein des partis républicain et démocrate américains. Pour comprendre la dynamique au sein du Pheu Thai, il faut d’abord reconnaître que Parnpree s’aligne sur la faction Chan Song La, liée à l’ex-femme de Thaksin, Potjaman Damaphong, tandis que l’actuel Premier ministre Srettha Thavisin est associé à la faction Yothin Pattana, liée à l’ancienne Premier ministre Yingluck Shinawatra. Bien que les deux factions appartiennent à la même lignée politique, elles cherchent chacune à étendre leur propre influence au sein du paysage politique thaïlandais.
L’évolution récente de la politique étrangère de la Thaïlande risque de nuire à sa réputation internationale, en la faisant passer d’une approche axée sur les affaires à une approche centrée sur des intérêts particuliers. Ce changement sera probablement accueilli avec scepticisme par les partenaires internationaux de la Thaïlande, qui pourraient percevoir les efforts du pays comme une mascarade politique.
Pendant ce temps, l’Indonésie et le Vietnam, principaux concurrents de la Thaïlande dans la région, s’emploient activement à renforcer leur crédibilité internationale et leurs intérêts stratégiques, dans le but de devenir des leaders au sein de l’ASEAN. Le contraste entre leur approche proactive et les efforts autodestructeurs de la Thaïlande pour réhabiliter l’ancienne Premier ministre Yingluck sera probablement accueilli avec dérision par Jakarta et Hanoï, qui pourraient considérer les actions de Bangkok comme une démonstration d’incompétence politique.
Dans ce contexte, Bangkok risque de voir sa crédibilité internationale se dégrader, les perceptions d’une gouvernance égoïste éclipsant les efforts visant à élever la Thaïlande au rang de cinquième tigre d’Asie. Il existe un risque imminent de régression vers une décennie marquée par une diplomatie passive, où la Thaïlande stagnerait en tant qu’acteur passif, manquant d’initiative pour s’engager de manière proactive sur la scène mondiale.
Au contraire, elle pourrait se retrouver reléguée au rang de simple pion, attendant d’être manœuvrée par de plus grandes puissances dans l’arène géopolitique complexe. Pour rivaliser avec des pays comme l’Indonésie, le Vietnam et même Singapour, et éventuellement les surpasser, la Thaïlande doit de toute urgence réaffirmer sa volonté de devenir un acteur de premier plan sur la scène internationale.
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Et l’on reparle de Thaksin. Il est ainsi démontré que ledit Thaksin nuit à l’autorité internationale de son pays.