L’année 2024 restera dans l’histoire de l’humanité comme une année d’élections : dans plus de 70 pays, les électeurs sont ou ont été appelés aux urnes pour élire présidents, députés, sénateurs, et bien d’autres à des échelons inférieurs, sans oublier dimanche prochain, le 9 juin, les députés européens.
En Thaïlande, les élections sénatoriales (nouvelle formule) sur des listes exclusivement professionnelles auront lieu à trois niveaux : département, région et nation, respectivement les 9, 16 et 26 juin.
Les dernières élections législatives de 2023 en Thaïlande ont été largement commentées, documentées et analysées par les médias nationaux et internationaux, et bien sûr Gavroche.
Parmi les aspects les moins connus de la vie politique thaïlandaise, figurent les élections municipales, tous les quatre ans. Les dernières ont eu lieu le 28 mars 2021. J’ai écrit un poème sur celles de Sukhothaï, mais un petit rappel s’impose.
Les élections municipales dans le Royaume sont assez complexes et varient selon la taille des villes : thesaban nakhon, (30 agglomérations), thesaban mueang, (195 grandes villes) et thesaban tambon (2247 villes moyennes). Pattaya et Bangkok bénéficient d’un statut spécial. Le système électoral est un scrutin de liste plurinominal majoritaire à un tour. Chaque circonscription élit un maire et six conseillers. Le mandat de maire et de député ne peut être cumulé. La majorité électorale est à 18 ans. Les enjeux sont très locaux (marchés, voiries, transport, égouts, propreté, santé, etc.), et les prétendants ne dépendent pas d’un parti politique, sauf dans quelques grandes villes. Ce sont en général d’influents femmes et hommes d’affaires locaux.
A Sukhothai intra-muros (14 003 habitants en âge de voter), il y avait 11 560 inscrits sur les listes électorales. Deux listes sans couleur politique étaient en présence : le maire sortant, et une nouvelle candidate, femme, qui entendait, avec une liste rajeunie, moderniser la ville. La candidate a été élue.
Dans cette chronique, je vous invite à vous plonger dans la campagne. Bonne lecture.
Montés sur des pick-up, de haut-parleurs puissants
Déversent musique et slogans prometteurs.
Photos des candidats apposées sur les flancs,
Les voitures-sandwich roulent au petit bonheur.
La campagne est lancée. D’avenantes têtes
S’affichent dans les rues, sur les murs, les panneaux,
Les tricycles, les magasins, à la conquête
De la ville, sur fonds de braillardes sonos.
Les élections municipales, tant attendues,
Prévues pour le vingt-huit mars, sont enfin là :
Les premières, depuis le coup d’état survenu
En mai deux-mille-quatorze. C’est loin déjà…
Deux têtes de liste et leurs six colistiers
S’affrontent à Sukhothai. Dents blanches, rajeunis,
Sourires conquérants, on ne peut les rater,
Entre défilés, affiches et voix aguerries.
Chacun a sa couleur pour mieux se distinguer :
Vert pour le numéro « un », rouge pour le « deux ».
L’édile « sortant », par sono interposée,
Affronte un homme d’affaires talentueux.
Il y a peu de meetings, faute d’enjeux majeurs.
Ordures, égouts, marchés, propreté, voiries,
Santé, travail, sera l’ordinaire des vainqueurs.
On ne se bouscule pas trop pour la mairie.
Car ici, le pouvoir est ailleurs : Gouverneur,
Députés, Conseil départemental, police,
Hauts et petits fonctionnaires sont les seigneurs
De la cité, au grand jour ou en coulisse…
Bien sûr, il y aura quelques prébendes à gagner,
Des contrats juteux pour quelques entreprises.
Les affaires et la politiques sont mêlées.
La ville en profitera ; cette belle promise…
Dans la rue, des jeunettes suivent en souriant
Les pick-up. Bénévoles ou rémunérées,
Elles portent les pancartes des prétendants :
Votez pour moi ! Je vote pour elles en effet…
Michel Hermann
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