Le ministre thaïlandais de la Santé publique, Somsak Thepsutin, a déclaré le 4 juin que le reclassement du cannabis comme stupéfiant permettrait de mieux contrôler son utilisation à des fins positives, telles que la médecine. Le gouvernement vise ainsi à légaliser l’usage thérapeutique du cannabis pour promouvoir la santé et stimuler l’économie. Cette décision répond aux appels croissants des groupes pro-cannabis et des partis politiques en faveur d’une réglementation plutôt qu’une interdiction totale.
M. Somsak a mentionné le projet de loi sur le cannabis et le chanvre proposé par le parti Bhumjaithai lors du précédent parlement, après le retrait du cannabis de la liste des stupéfiants en juin 2022. Ce projet de loi, adopté en première lecture mais rejeté en seconde lecture à la Chambre basse, a échoué en raison de lacunes dans le texte, selon lui.
Le vide juridique résultant a conduit à une prolifération d’entreprises vendant du cannabis à des fins thérapeutiques et récréatives, ainsi qu’à une explosion des plaintes concernant la consommation de cannabis en public. Le gouvernement actuel n’a pas encore précisé l’impact de son projet de loi sur l’industrie du cannabis dans son ensemble.
M. Somsak a réfuté les accusations selon lesquelles le gouvernement n’aurait écouté que les groupes anti-cannabis, excluant les pro-cannabis des forums organisés par le ministère de la Santé publique. Il a affirmé que ces derniers ont été invités à exprimer leurs arguments contre la reclassification depuis le 16 mai, tandis que les groupes favorables ont été conviés à une réunion le samedi.
Le ministre a également annoncé qu’un permis serait nécessaire pour cultiver et utiliser du cannabis à des fins médicales et de recherche, l’usage récréatif restant interdit par la nouvelle législation. Il a insisté sur le fait que ce système ne constituerait pas un fardeau déraisonnable pour le public et qu’une période de grâce serait accordée pour permettre l’adaptation.
Cependant, le parti Bhumjaithai a contesté les affirmations du gouvernement selon lesquelles la légalisation du cannabis aurait entraîné une hausse des coûts de santé liés à son abus, passant de 3 milliards de bahts avant la décriminalisation à 20 milliards l’année dernière. M. Somsak a répliqué qu’il s’agissait de données officielles fournies par un organisme gouvernemental.
Le ministre de l’Intérieur, Anutin Charnvirakul, chef du Bhumjaithai, a déclaré que si le gouvernement envisage de reclasser le cannabis comme stupéfiant, il doit démontrer les éléments nouveaux justifiant ce revirement de politique. Il a également questionné l’absence d’une loi de contrôle du cannabis et du chanvre et la non-prise en compte de la forte augmentation de l’usage thérapeutique du cannabis.
M. Anutin a rappelé que le Bhumjaithai avait réussi à décriminaliser le cannabis, conformément à ses promesses électorales. Si l’administration actuelle souhaite revenir sur cette décision, elle devra fournir une explication claire et convaincante à ceux qui ont investi des millions de bahts dans l’industrie du cannabis.
Ce revirement de politique gouvernementale suscite des débats et des interrogations. Il reste à voir si le gouvernement parviendra à concilier les différents intérêts en jeu et à trouver un cadre réglementaire efficace pour le cannabis en Thaïlande.
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