Chaque jour, cinq infos à retenir sur les élections françaises par notre conseiller éditorial Richard Werly.
Ces vérités que Bardella et Le Pen redoutent d’avouer à leurs électeurs
Les sondages donnent au Rassemblement national entre 200 et 250 députés sur 577 à l’issue des prochaines législatives. Pour ratisser le plus large possible, Jordan Bardella et Marine Le Pen gomment donc toutes leurs aspérités
Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
Au menu ce mercredi, jour 2 de la campagne officielle: ce que Bardella et Le Pen redoutent d’avouer à leurs électeurs.
Gouverner la France, le casse-tête
Jordan Bardella a commencé à rétropédaler sur l’abrogation de la réforme des retraites pourtant promise par le Rassemblement national (qui envisageait de ramener l’âge de départ à 60 ans, contre 64 ans depuis 2023). Le voici qui, désormais, assène qu’il refusera d’être Premier ministre si son parti n’obtient pas la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale, soit au moins 289 députés sur 577. Ces signes ne trompent pas, le RN – à qui les sondages prédisent la victoire aux législatives, et entre 200 et 250 sièges (contre 88 dans la précédente législature) – s’inquiète de devoir gouverner en cohabitation, avec un Emmanuel Macron protégé par ses prérogatives constitutionnelles.
En résumé : Le RN n’est toujours pas un parti de gouvernement
Référendum sur l’immigration, l’impasse
Marine Le Pen et Jordan Bardella ont travaillé d’arrache-pied sur ce sujet avec leur nouvelle recrue, tout juste élu député européen: l’ancien patron de l’agence Frontex (dont la Suisse est membre) Fabrice Leggeri. Leur volonté est toujours d’organiser un référendum sur l’immigration, qui permettrait par exemple aux Français d’approuver, ou non, la suppression de l’aide médicale d’État (AME). Elle qui permet à tous les étrangers présents sur le sol français d’être soignés gratuitement. Cette mesure, que le gouvernement souhaitait transformer en Aide médiale d’urgence, avait en effet disparu de la nouvelle loi sur l’immigration promulguée le 27 janvier 2024.
Problème 1 : les experts se déchirent pour savoir si cette proposition passerait l’épreuve du Conseil constitutionnel, qui devra décider si elle entre dans le cadre de l’article 11 de la loi fondamentale selon laquelle un référendum doit porter « à l’origine sur des questions relatives à l’organisation des pouvoirs publics » ou sur des réformes relatives « à la politique économique ou sociale de la Nation et aux services publics qui y concourent ». Problème 2: Seul le président de la République peut décider, ou non, l’organisation d’un tel référendum. Même chose pour la volonté d’instaurer une «préférence nationale» contraire aux traités européens.
En résumé : Pas de mesure forte à proposer d’emblée sur l’immigration
Hausse des salaires, le mur de l’argent
Là aussi, Jordan Bardella et Marine le Pen moulinent tous les scénarios. La défense du pouvoir d’achat est, avec la lutte contre l’immigration massive, le meilleur de leurs arguments électoraux. Or aucune prévision ne permet pour l’heure de penser qu’ils pourront, comme ils le promettent depuis des années, parvenir à une hausse semble et rapide des salaires.
Pour inciter les employeurs à augmenter les salaires, le RN propose de les exonérer des hausses de cotisations patronales, dans la limite de 10% et jusqu’à trois fois le salaire minimum. Quel impact sur le niveau de rémunération? Pas grand-chose. Bien moins, en tout cas, que la proposition du Nouveau Front populaire (gauche) d’instaurer un salaire minimum à 1 600 euros mensuel net, d’augmenter le point d’indice des fonctionnaires et d’indexer les salaires sur l’inflation.
En résumé : Le RN reste coupé du monde réel de l’entreprise
Matignon-Élysée, grabuge annoncé
Les rôles sont en théorie répartis. Marine Le Pen sera à nouveau la cheffe du groupe parlementaire RN à l’Assemblée nationale. Ce qui fera d’elle la donneuse d’ordre si ce groupe obtient la majorité absolue des sièges. Jordan Bardella, lui, sera Premier ministre, donc chef de la majorité. Sauf qu’à peine les élections législatives terminées, une autre échéance va capter toutes les attentions et les luttes de pouvoir internes : l’élection présidentielle de mai 2027, à laquelle Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter. Bardella, portée par une forte dynamique électorale et médiatique, est aujourd’hui plus populaire que sa patronne. Après le duo, le duel ?
En résumé : Plus le RN s’approche du pouvoir, plus il risque de se diviser
Marion Maréchal, le poison familial
Elle a trahi Éric Zemmour, accompagnée de trois autres eurodéputés tout juste élus. Marion Maréchal est redevenue, dès le lundi 10 juin qui a suivi les élections européennes (5% pour sa liste Reconquête), Marion Maréchal-Le Pen. Elle est la fille de Yann Le Pen, l’une des trois filles du patriarche Jean-Marie, dont elle reste très proche. Elle se retrouve donc, au sein de ce clan, rivale de facto de Jordan Bardella, en couple avec l’une de ses cousines. Marion Maréchal peut-elle, si le RN gouverne dans le cadre d’une cohabitation, obtenir un poste important dans le gouvernement ? Là aussi, des « clarifications » vont s’imposer.
En résumé : Marion contre Jordan ? Ou Marion et Jordan contre Marine ?
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Les grosses ficelles biaisées et à peine subliminales … décodons :
1- Le RN “n’est toujours pas un parti de gouvernement ? En quoi solliciter une majorité absolue ne ferait pas du le RN un parti de gouvernement ? En l’absence, de majorité, même relative, les obstacles mis à tout compromis et accord rendrait le gouvernement difficile voire impossible et le programme RN impossible à mettre en œuvre. Dans le cas d’une majorité absolue, le gouvernement n’en sera pas moins facile. Le diagnostic est-il imputable intrinsèquement au RN ? Que le RN sollicite une majorité, la plus forte possible en fait-il un parti incapable du gouverner ? N’est-ce pas l’objectif de tout parti politique en campagne électorale ? Les agitations sociales orchestrée en mouvements browniens feraient le reste. Mais plus profondément et “inconsciemment” c’est ‘incompétence congénitale qui est imputée à ce parti (ni science Po, ni EN, vous rendez compte !) maintes fois martelée par R. Werly comme un mantra. Et de souligner l’inexpérience de ce parti puisqu’il n’a jamais gouverné ce que ses électeurs voient comme un atout… Conclusion de notre journaliste : Votez ” majorité présidentielle”, un parti qui a fait ses preuves… l’option “nouveau front populaire” ne semble pas fermée…
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2- Le RN serait incapable de mettre en œuvre une politique migratoire plus “restrictive”. R. Werly admet que ce ne serait pas de son fait mais quand même lui impute toutefois une incapacité (toujours l’inaptitude à gouverner) dans “une “absence” de politique “sérieuse” qu’il ne mettrait pas en œuvre (une option qui est la sienne ou pas, mais l’incertitude règne) sur ce chapitre tout en signifiant que l’obstacle institutionnel est du côté du Président seul maître de l’initiative du référendum. Conclusion: Ne votez pas RN si vous êtes favorables à une restriction de l’immigration, Votez plutôt “majorité présidentielle “ou” nouveau front populaire” semble t-on déduire… ces options permettraient de limiter sérieusement les flux migratoires et immigration illégale …
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3- Notre éditorialiste, évoquant le” mur de l’argent’, cet autre plafond de verre, constate le “démagogisme” des propositions salariales du RN, qui fait de la lutte pour le “pouvoir d’achat” un point fort de son programme mais qu’il ne pourrait honorer. Édito après édito, l’état des déficits et des finances publiques (ce qui est un fait) comparés à ceux de la Suisse sont rappelés en forme de contrainte infranchissable. Mais force est de constater dans ces lignes, une sorte de “satisfecit” à l’endroit du RN comparativement aux programme du “nouveau front populaire”. Conclusion: Ne votez pas “nouveau front populaire ! votez RN ?… Non ! vous n’y pensez pas, votez “nouvelle majorité présidentielle”…
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4- Plus la présidentielle se rapproche, plus les divisions et l’incertitude concernant les candidats à la présidentielle futures risquent de s’affronter dans le camp du RN. La substitution d’un “duel au duo” est agitée comme devant inéluctablement se produire. Conclusion : Afin d’éviter un tel scénario qui pour l’heure n’existe pas (et d’ailleurs possible si ce n’est probable, cela dépend du bilan d’une “cohabitation avec le RN à l’issue des législatives, n’est ce pas l’option macronienn ?), mais pour en écarter la possibilité, votez “majorité présidentielle” ou “nouveau front populaire” perçoit -on entre les lignes… Vous serez exonéré de toute compétition mortifère lors de la présidentielle…
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5- et “last but not least, cet article met en scène, en selle, comme d’autres agitant la fiole, le poison mortifère insinuant : Le clan, le patriarche, Bardella son couple et ses cousines, et , in cauda venenum”, la modification de l’état civil… Marion Maréchal est née Le Pen, elle aurait utilisé le nom d’usage Marion Maréchal Le Pen entre 2010 et 2018. Si c’est le cas pourquoi modifier son état-civil ? Une vérification, qui s’impose à tout journaliste sérieux, est-elle possible ? Conclusion : Votez “majorité présidentielle” ou “nouveau front populaire” (choix non écarté), ne votez pas pour Jean-Marie…
Cher lecteur, un grand merci pour votre commentaire. Comme nous l’avons déjà évoqué sur notre page Facebook, il s’agit d’une chronique destinée à éclairer tel ou tel point du débat politique et de la campagne électorale. Elle n’engage pas la responsabilité de Gavroche, mais celle de son auteur. Votre réaction prouve que le débat est vif. C’est tant mieux. Nous sommes heureux de publier votre point de vue ! Continuez de nous lire !