Chaque jour, cinq infos à retenir sur les élections françaises par notre conseiller éditorial Richard Werly.
Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
Macron démission, l’appel de Marine
Jordan Bardella a été entendu. Alors, pourquoi pas Marine Le Pen ? A une semaine du premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin, la patronne du Rassemblement national (RN) a fait ce que son chef de file aux élections européennes (et candidat au poste de premier ministre) a réussi le 9 juin. Lors de sa campagne, Jordan Bardella avait à plusieurs reprises exigé une dissolution de l’Assemblée nationale en cas de défaite du camp présidentiel. Et il l’a obtenu, puisque Emmanuel Macron a renvoyé les 577 députés devant leurs électeurs dès l’annonce de la nette victoire du RN, avec 31,47% des suffrages contre 14,56% à la liste « Renaissance » conduite par Valérie Hayer. Résultat : Marine Le Pen, candidate dans sa circonscription d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) exige à son tour une « clarification », terme souvent employé par le locataire de l’Élysée. Avec précaution : « Je n’appelle pas Emmanuel Macron à démissionner a-t-elle déclaré vendredi. Je note juste que quand il y a un blocage politique, quand il y a une crise politique, il y a trois possibilités. Le remaniement, la dissolution ou la démission du président. Le remaniement ne m’apparaîtrait pas extrêmement utile. La dissolution vient d’être opérée pendant un an. Il ne restera donc au président que la démission pour sortir potentiellement d’une crise politique. »
Édouard Philippe, Macron m’a tué
Le président de la République se voit comme un sauveur. C’est en tout cas ce qu’il avait expliqué le 12 juin, lors de sa conférence de presse d’explication, après sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. « J’ai pris acte d’un blocage qui conduisait inéluctablement à empêcher le gouvernement d’agir, ce qui devenait dangereux pour la France » avait-il justifié. Problème : son ancien Premier ministre Édouard Philippe l’accuse désormais d’avoir tout sabordé. « C’est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle », en décidant de dissoudre l’Assemblée nationale, a-t-il déclaré sur TF1, lors d’un déplacement dans les Hauts-de-Seine. En clair : le naufrage électoral annoncé du camp présidentiel ne peut être imputé qu’au locataire de l’Élysée. Une manière de préserver ses propres chances de se porter candidat à l’élection présidentielle de mai 2027. Avec cette question tout de même : comment motiver ses troupes avec une telle formule ? « L’esprit de défaite a toujours été dans les élites », avait asséné Emmanuel Macron. Pas si faux ?
Attal et Macron, le tandem disparu
Gabriel Attal l’a dit clairement. « Le 9 janvier, le président de la République m’a nommé. Le 30 juin (date du premier tour), j’aimerais que les Français me choisissent », a affirmé le jeune Premier ministre français devant la presse jeudi 20 juin, alors qu’il était interrogé sur la nécessité ou pas de faire campagne avec le président de la République, compte tenu de l’animosité que ce dernier suscite parmi les électeurs. Et d’ajouter: « C’est la première fois depuis plus de 25 ans que les Français vont choisir un Premier ministre. Évidemment qu’il y aura un avant et un après […] dans la pratique du pouvoir, dans l’équilibre des institutions. » La vérité ? En campagne dans sa circonscription du département des Hauts-de-Seine, au sud de Paris, le chef du gouvernement de 35 ans a toutes les raisons d’être amer. Il n’a même pas eu le temps de planter l’arbre rituel des Premiers ministres dans les jardins de l’Hôtel Matignon, et l’échec du pari présidentiel de la dissolution peut lui coûter très cher sur plan politique. On le qualifiait de « bébé » Macron lors de sa nomination. En cinq mois, Gabriel Attal est devenu adulte et il rompt déjà avec le père.
« Le 1 » Hebdo, adieu Manu
Un coup de chapeau au passage à l’hebdomadaire « Le 1 », auquel j’ai emprunté le titre de cette chronique. Le magazine dirigé par Éric Fottorino passe en revue, cette semaine, tous les arguments qui font d’Emmanuel Macron le grand responsable de la débâcle politique qu’il a lui-même décidé de clarifier avec la dissolution. Un coup de projecteur politique décapant, de la part d’un journal qui n’a jamais caché sa sympathie pour l’actuel président et sa volonté de réformer la France. « Nous avons suivi avec curiosité et intérêt d’abord, enthousiasme parfois, ce qu’il faut bien appeler l’aventure macronienne, avant, peu à peu, comme bien d’autres, de déchanter devant les paroles et les actes de ce jeune président dont la manière d’agir allie, un pouvoir concentré et autocentré », argumente l’éditorial. Et d’asséner: «En marche, Emmanuel Macron l’est resté, mais pas dans la direction espérée.» Avant de citer un fameux refrain : « Cela n’est rien, Madame la marquise, Cela n’est rien, tout va très bien. Pourtant, il faut, il faut que l’on vous dise, On déplore un tout petit rien : elle a péri dans l’incendie. »
Alexis Kohler, Docteur Folamour
Il était sur la photo. La fameuse photo diffusée dans la soirée du dimanche 9 juin, montrant Emmanuel Macron en train d’annoncer la dissolution à ses interlocuteurs, tous les visages défaits. Le président remplissait son devoir constitutionnel de consulter la présidente de l’Assemblée nationale, le Premier ministre et le président du Sénat avant de renvoyer les députés aux urnes. Mais qui lui a soufflé cette idée et ce calendrier potentiellement explosif, à un mois de l’ouverture des Jeux olympiques d’été pour lesquels il proposait une trêve ? Un homme était ce soir-là assis à ses côtés: le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler. Un pur haut fonctionnaire, lié sur le plan familial à la famille Aponte, propriétaire du géant maritime MSC basé à Genève. Kohler était avec Macron au ministère de l’Économie, sous François Hollande. Il est devenu son ombre à l’Élysée depuis 2017. Et son docteur Folamour en politique ?
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Édouard Philippe doit absolument changer de lunettes.
Contrairement a ce que croit le jeune Attal, ou, de même, le jeune Bardella, les Français n’ont que faire d’élire un premier ministre. ils élisent leurs représentants et au vu des résultats le chef de l’État chargera une personnalité de former un éventuel gouvernement. La Ve République est un régime parlementaire.
Question de vocabulaire ; on dissout une assemblée, non un magistrat. Le magistrat ayant juge a propos de saisir les électeurs, il a rempli son office ; qu’il aille en paix dans le silence de son cabinet. Marine Le Pen a raison ; La démission du président ne se pose pas (d’ailleurs il est Inamovible).
La démission du Président, c’est exact, n’a pas de statut constitutionnel stricto sensu. La légitimité présidentielle est garantie pendant l’exercice de son mandat et protégée par une immunité (art 67 de la constitution) qui le rend irresponsable pour les actes relevant de ses fonctions (seulement eux). La démission se posa néanmoins au terme d’une pratique gaullienne en dehors de toute disposition constitutionnelle. La démission de De Gaulle en 1969 suite à un référendum rejeté n’impliquait nullement sa démission. Sa démission tirée de ce vote est une interprétation césarienne de la constitution qui, si elle n’est ni interdite ni contraire aux dispositions constitutionnelles écrites, peut-être discutée et est discutable au regard de l’esprit de la constitution. Rien n’empêche le Président de démissionner pour un motif qu’il juge bon quelque soit le motif et pas seulement médical ou de santé. La démission de 1969 instaure une responsabilité du Président devant le peuple, une pratique qui s’éloigne du cadre parlementaire strict de nos institutions. L’élection du Président au suffrage universel n’autorise nullement une extension d’interprétation selon laquelle un vote négatif à un référendum implique une démission, même si le référendum est d’initiative exclusivement présidentielle (art 11). Il ne faut pas confondre la démission avec la destitution (art 68) qui consacre une forme de responsabilité très encadrée et de mise en œuvre difficile. Le motif de “haute trahison” figurant dans la rédaction initiale à été révisé dans une formulation dont le contenu est flou. L’absence de mise en œuvre de cet article n’a pas permis d’en préciser ni le sens ni l’étendue.
Vue d’ailleurs avec la mythologie : Emmanuel MACRON a été affublé du qualificatif de JUPITER. Le qualificatif de Saturne pourrait (peut être ?) mieux lui convenir dans les rapports qu’il a eu avec d’autres candidats à l’élection présidentielle et avec les députés qui se sont présentés sous sa bannière… LIEN :
https://fr.vikidia.org/wiki/Saturne_(mythologie) EXTRAITS : « Saturne-Cronos détrône son père Uranus-Ouranos
Dans le mythe, Uranus-Ouranos ne veut pas que ses enfants sortent de Gaïa parce qu’il craint d’être détrôné. Aussi il enferme tous ses enfants, …/… dans le ventre de leur mère. Mais Gaïa, furieuse, veut se venger d’Ouranos et elle demande à ses enfants de combattre leur père. Tous ses enfants refusent à part Saturne. Saturne castre alors son père Ouranos. …/… Saturne-Cronos mange ses enfants. Un oracle prédit à Saturne qu’il serait lui-même détrôné par ses propres fils. Il décide alors de manger tous ses enfants, …/… . Cependant, sa femme, horrifiée de sa cruauté, lui cacha son dernier-né, Jupiter-Zeus, qu’elle remplaça par une pierre enveloppée de langes »…/…
Après cette dissolution de l’assemblée nationale française, les évènements se percutent au cours de cette campagne électorale : François HOLLANDE se présente à la députation. Les députés « macronistes » craignent de se faire manger. Gabriel ATTAL mène la campagne pour les législatives. « Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence. »
Dans son goût théâtral exacerbé et répété offert à son ancien professeur tombée sous le charme, ce Jupiter-Janus n’en finit pas d’essayer de séduire “son” peuple qui ne lui témoigne pas, en retour, une affection suffisante. Comme Néron, naguère, dominant la scène et improvisant des vers inspirés par l’incendie, l’idée qu’il caressait depuis longue date, lui apparut suffisamment mûre. Le verbe dissoudre apparut dans les nuées comme jadis la croix au pont Milvius. “In hoc signo vinces”, la bataille pouvait commencer. Dissolvons le peuple, semble t-il avoir voulu signifier et tel l’enfant qui, après s’être roulé par terre aux pieds de sa mère qui lui refuse son hochet, casse tous ses jouets. Un Jupiter ressuscitant ses colères enfantines et déclenchant la foudre et l’éclair. L’Enfant, malin et calculateur, et d’après le bon docteur viennois “pervers polymorphe” ne s’est contenté que de ceux qu’il avait à sa portée. Sa mère, fort aimante et généreuse l’a comblé d’autant de jouets que la constitution peut permettre. L’article 16 permet, comme le dise les commentateurs autorisés, une “dictature à la romaine”. L’utiliser vous fait entrer dans l’histoire comme “Cincinnatus”, une fois la “chienlit” éloignée. Mais faut-il encore qu’elle se produise et dans son expression la plus aigüe. Le mieux est de la stimuler, dissoudre en forme de grenade est une voie possible… Dissoudre vous dis-je ! Cet article 16 enfoui au fond de la boîte de Pandore ou sont cachés les derniers jouets est agité comme la menace de l’Enfant à qui la mère, épaulée par le père, a résisté. l’existence de cet instrument n’a pas été oubliée et, derrière, les dénégations anticipées, (l’enfant dissimule et ment volontiers) il sort précautionneusement l’instrument enveloppé dans ses papiers de soie et s’abime dans sa contemplation. Il se souvient alors que dans une mallette bien secrètement gardée il dispose d’un autre jouet beaucoup plus intéressant. Mais c’est le dernier dont il dispose, la dernière cartouche. La même que celle qu’un autre enfant, son ainé de l’Oural, exhibe et brandit en forme de menaces régulières. Comme tout enfant, l’Enfant désire se mesurer avec ses semblables et l’exhibition des biceps n’est qu’une entrée en matière et ne peut suffire. Il rêve alors de s’assoir en prenant l’air grave et méchant devant son pupitre. Sur celui-ci Docteur Mabuse dispose de plusieurs boutons de couleurs bien différenciées pour éviter la confusion au moment de la décision. Souhaitons qu’à ce moment, Docteur Mabuse, mal conseillé par les “cloportes” qui, la nuit tombée, sortent des parquets, se mette de la cire dans les oreilles, évite de céder aux chants des sirènes, “visiteuses du soir” et ne soit pas frappé de daltonisme.