Chaque jour, cinq infos à retenir sur les élections françaises par notre conseiller éditorial Richard Werly.
Chaque matin, Blick plonge dans le volcan politique français que la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est en train de faire exploser. Jusqu’au résultat du second tour des législatives le 7 juillet. Un voyage quotidien dans les coulisses du grand jeu du pouvoir, vu de Suisse. Des rires. Des larmes. De l’espoir. Et pas mal de chaos. Bienvenue sur la crête du volcan français.
Les cinq scénarios qui peuvent transformer la France après le premier tour.
Macron l’emporte, incroyable
Ce scénario-là ferait mentir tous les observateurs et les instituts de sondage. Il marquerait un réveil en fanfare, lundi 1er juillet, pour Emmanuel Macron dans son palais présidentiel de l’Élysée. Il prouverait aussi que la lettre adressée aux Français par le président, ce dimanche 23 juin, aura eu un impact sur les votes. A quoi ressemblerait un début de victoire pour le camp macroniste ? Par exemple à un résultat proche de celui du premier tour des législatives de juin 2022, dans la foulée de la seconde élection présidentielle remportée par Emmanuel Macron.
Sa coalition Ensemble avait alors obtenu 25,75% des suffrages, la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes) 25,66 et le Rassemblement national (RN) 18,68. La dynamique serait renversée. Macron pourrait espérer environ 200 députés à l’Assemblée (contre 250 avant la dissolution). Plus qu’incroyable: inimaginable au vu des enquêtes d’opinion qui placent le RN entre 32 et 35% des intentions de vote.
En résumé : Un coup de poker impensable
Le RN entravé, pas impossible
Nous sommes le lundi 1er juillet et Jordan Bardella s’engouffre sans commentaires dans sa voiture. Direction le QG du Rassemblement national, où Jérôme Sainte-marie, l’ex-politologue devenu candidat RN dans les Hautes-Alpes (et qualifié pour le second tour) a déjà préparé la carte détaillée des 400 circonscriptions où le parti national-populiste est en difficulté. Pas de vague bleu-marine! Juste une vingtaine d’élus RN dès le 1er tour. Environ 150 candidats en tête pour le second tour, alors que Jordan Bardella misait sur 250 sièges, voir sur la majorité absolue (289) des 577 députés.
Le RN est entravé. Le 7 juillet devient une date encore plus décisive car une autre élection se profile derrière: la présidentielle de 2027, pour laquelle Marine Le Pen est déjà candidate.
En résumé : Le barrage républicain a ressuscité
La gauche disloquée, le risque
Jean-Luc Mélenchon est le grand perdant de ce lundi 1er juillet. Le leader de la France Insoumise (LFI) n’était pas candidat à un siège de député. Mais il est clair que son parti, au sein du Nouveau Front populaire, s’apprête à vivre un entre-deux-tours compliqué. Sur ses 234 candidats (contre 161 pour le parti socialiste), une poignée seulement ont été élus au premier tour malgré les 75 sortants.
L’ancien président de la République François Hollande, élu au premier tour en Corrèze avec l’étiquette PS, prévoit de lancer un appel en faveur d’une future coalition de gouvernement avec le camp macroniste. Mélenchon sait qu’il va devoir se mettre en retrait pour ne pas nuire à ses troupes au second tour. C’est un crève-cœur pour celui qui a réuni 21,95% des voix à la présidentielle de 2022, arrivé en troisième position.
En résumé : Les sirènes du pouvoir tourmentent le PS
La coalition imposée, possible
Les calculettes fonctionnent à plein régime en ce lundi 1er juillet dans la salle des fêtes du Palais de l’Élysée, où Emmanuel Macron a permis à ses conseillers chargés des sondages et de l’opinion d’étaler leurs cartes électorales. Le président sait qu’il n’aura ni majorité absolue, ni même une majorité relative comme c’était le cas avant la dissolution. Il médite la phrase de sa lettre aux Français: «La manière de gouverner doit changer profondément.
Le gouvernement à venir, qui reflétera nécessairement votre vote, rassemblera, je le souhaite, les républicains de sensibilités diverses qui auront su par leur courage s’opposer aux extrêmes.» Il convoque une nouvelle conférence de presse. Son offre : une coalition de gouvernement « à l’allemande », pour les deux années de présidence qui lui restent.
En résumé : Macron doit d’urgence trouver un candidat Premier ministre
Le RN crie victoire, le basculement
Marine Le Pen sait qu’elle va accéder au «perchoir». C’est ainsi que l’on nomme, en France, la présidence de l’Assemblée nationale. Plus de 80 députés RN élus dès le premier tour! Soit presque autant que les 88 députés sortants de son parti. Le second tour promet de donner à la formation nationale-populiste la majorité absolue de 289 sièges pour gouverner sans partage. Jordan Bardella accédera donc au poste de Premier ministre, du moins si Emmanuel Macron décide de le nommer, car c’est une prérogative présidentielle. Mais comment faire autrement? Le grand basculement est imminent.
Le 7 juillet, la France sera bleue marine. L’inquiétude est maximale sur le risque d’émeutes, de manifestations ou de blocages en tout genre. Ce que beaucoup pensaient impossible est en train d’avoir lieu, sur fond de colère populaire et de promesses économiques impossibles à tenir. Mais pour cela, il faudra attendre le second tour…
En résumé : La Ve République connaît son jour le plus long
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.
On peut aisément supposer que le scénario 4 a la préférence de notre éditorialiste. Un scénario “à l’allemande” est-il, précisé ? Mais pourquoi cette expression ? Une fascination secrète pour la pétulante Ursula ? Qui risque d’être la première ministre de l’UE. Un scénario à allemande ne peut fonctionner que dans le cadre d’un régime électoral proportionnel. Il n’est guerre possible, après l’élection, de demander aux partis et aux élus de se sacrifier. Pour réussir il faut un accord avant l’élection comme Mitterrand a pu le faire et cela demande du temps. Pas sur qu’agiter le péril fasciste brun ou rouge suffise à faciliter la coalition et le “sursaut” ce mot magique ; et incantatoire. Un gouvernement formé de “techniciens” “au dessus de la mêlée” ? Un ersatz de Draghi ou de Lagarde faute de pouvoir ressortir Strauus-Khan au poste de pilotage ; Un général à l’armée, un médecin à la santé, un juge à la justice, un policier à l’intérieur, etc… Et pourquoi par un F. Hollande ressuscité et sorti du sépulcre, un scénario russe, D.Médvedev ayant occupé la Présidence et le poste de Premier Ministre. L’obstacle peut résulter d’une motion de censure au moment de l’investiture contre laquelle des tractations intenses se prémuniront et sans doute se prémunissent déjà. Une arme difficilement difficilement réutilisable, la dissolution ou sa menace étant inopérante pendant un an. Un scénario envisageable pour le Président et sans doute préférable pour le RN misant, tel l’écureuil, sur deux ans d’immobilité ou de désordres qu’il ne tient pas orchestrer et encore moins assumer. Les appétits ne manqueront pas de s’aiguiser jusqu’en 2027 et le trop plein de candidatures présidentielles feront le reste. Le scénario 5 est le scénario béni pour le “nouveau front populaire” et son “lider maximo” qui en est le “maître” et pour le moment l'”Imam caché”. Fidèle à son ADN trotskiste tendance PCI ( omme naguère Jospin, trotskyste un jours, etc …) comme l’a relevé dans un précédent édito, notre helvète précieux qui, sur ce terrain, semble en connaitre un rayon… sans doute contracté à “Science-Po”. La “bordélisation” s’affrontera à la “bardellisation” au nom de la légitimité et l’invocation de l’illégalité et de l’illégitimité réunies du vote. Les manifestations parlementaires récentes auront donné un avant goût des jouissances dont rêvent certains. Désordres, jusqu’où ? un remake de la commune ? 1871 en 2024 ? Des communards et des Versaillais, des morts ? Un article 16 déterré de la profondeur des caves élyséennes… rétablissement de l’ordre… à quel prix, la Nouvelle-Calédonie en grand ? Dans quel délai qui, s’il se prolonge nécessitera un vote du parlement. donc de celui issu de l’élection selon le scénario 5. L’issue : la démission ou la destitution ? Fin de la Vème République… Rideau. Le scénario 1958 ne parait pas reproductible faute, actuellement, d’un “sauveur” un sauveur “en lider maximo” ? … Élection d’une constituante ? Le retour du Roi ? du Maréchal Pétain ? Un éventail de perspectives que notre éditorialiste il y a un temps si émoustillé par l’imminence des jeux exhibés sur les écrans mondialisés, n’intègre pas dans les scénarios. Doit-on en conclure que, pour lui, ils n’auront pas lieu ?