Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique et Diplomatie
L’ambassadeur indien en Birmanie a rencontré le chef de la commission électorale birmane pour discuter d’une aide technique et logicielle pour les prochaines élections. La décision de l’Inde, la plus grande démocratie du monde, de soutenir le processus électoral de la junte semble complece compte tenu des combats constants qui déplacent des millions de personnes et remettent en question la capacité du régime à organiser un scrutin.
Une association indienne bloque le commerce entre l’Inde et l’État de Rakhine en Birmanie, privant la région de produits essentiels. Cette action vise à faire pression sur l’armée Arakan (AA) pour qu’elle quitte l’État Chin voisin. L’AA est accusée d’utiliser l’aide humanitaire envoyée par l’Inde pour financer ses combats contre des groupes ethniques Chin. Ce blocage menace également un important projet de transport multimodal entre l’Inde et la Birmanie.
L’ancien président birman Thein Sein a effectué une visite officielle en Chine le 27 juin, a annoncé l’ambassade de Pékin à Rangoun. Il s’agit de son premier voyage à l’étranger depuis la prise du pouvoir par les militaires il y a trois ans.
Économie
D’après un rapport récent de la Banque mondiale sur le secteur de l’énergie en Birmanie, le pays traverse une crise énergétique marquée par de graves problèmes d’approvisionnement et une forte demande non satisfaite. Après avoir atteint une capacité historique de 3 997 MW en mai 2021, la production a fortement chuté avec le départ des investisseurs étrangers. Aujourd’hui, le système électrique du pays dépend principalement du gaz naturel, de l’hydroélectricité et de l’énergie solaire (six centrales solaires). Le potentiel hydroélectrique est estimé à plus de 100 000 MW, mais n’a produit que 3 262 MW en 2023. Les rivières Ayeyarwaddy, Chindwin, Thanlwin et Sittaung pourraient, si elles étaient exploitées, répondre à la demande intérieure et offrir une énergie verte à la région. La Birmanie est également riche en hydrocarbures, avec des réserves potentielles de 15 220 millions de barils de pétrole brut, 2 653 milliards de m³ de gaz naturel, et 711 millions de tonnes de charbon. Actuellement, les réserves de pétrole sont estimées à 50 millions de barils et celles de gaz à 283 milliards de m³.
Le dernier effort de la junte birmane pour réduire la pénurie et le prix de l’huile de cuisson risque d’avoir l’effet inverse, selon les importateurs et les commerçants. Huit entreprises importatrices d’huile ont été mises sur liste noire pour “mauvaise conduite” et “non-respect des règles” par la junte, sans que l’on sache si cela réduira les pénuries ou les prix. Ces mesures pourraient même faire grimper les prix car les vendeurs hésiteraient à vendre par peur des représailles. Les importateurs accusent la junte de limiter les importations pour restreindre la sortie de dollars du pays.
La banque thaïlandaise Siam Commercial Bank (SCB) nie les accusations d’un rapport de l’ONU selon lesquelles elle aurait facilité l’approvisionnement en armes du régime militaire birman. Le rapport de l’ONU pointait du doigt 16 banques internationales, dont cinq en Thaïlande, qui auraient permis des transactions d’achats militaires par la junte birmane. La valeur des exportations de biens militaires de la Thaïlande vers la Birmanie aurait doublé au cours de l’année fiscale 2023-2024, et la SCB aurait été responsable d’une grande partie de cette augmentation. Selon la SCB, une enquête interne a révélé que les transactions suspectes concernaient en réalité des paiements pour des biens de consommation et de l’énergie, et non des articles militaires. La banque assure qu’elle effectue une vérification minutieuse pour s’assurer de la véracité des transactions et qu’elle les signale aux autorités compétentes avant de les traiter.
Société, Répression et Conflit
Au moins 20 civils ont été tués et plus de 20 blessés depuis la reprise de l’opération 1027 par l’armée rebelle TNLA et ses alliés dans le nord de l’État Shan et la région de Mandalay. Les rebelles accusent la junte de violations du cessez-le-feu et ont repris plusieurs villes et positions militaires. La junte réplique par des bombardements et des frappes aériennes, causant des morts et des déplacés parmi les civils. De nombreux habitants sont pris au piège des combats et peinent à fuir les zones touchées.
Formés à la hâte face aux lourdes pertes subies face à la résistance, des milliers de civils enrôlés de force par la junte birmane viennent d’achever leur entraînement militaire. Envoyés d’habitude progressivement au combat, ces conscrits risquent pourtant d’être directement jetés sur le front des combats intenses qui font rage dans plusieurs régions du pays. Cette conscription forcée prévoit une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison pour les réfractaires.
La Birmanie, en proie aux conflits, peine à endiguer la culture du pavot à opium, selon la junte. La production a même légèrement augmenté en 2023 par rapport à l’année précédente, faisant du pays le premier producteur mondial devant l’Afghanistan. Les autorités accusent des groupes armés ethniques de fabriquer des drogues synthétiques et affirment détruire des cargaisons importantes de stupéfiants, mais des analystes doutent de leur volonté réelle de stopper ce commerce très lucratif.
Le chef de la junte birmane s’est excusé pour le meurtre d’un moine important par ses troupes la semaine dernière, tout en rejetant la faute sur la victime pour non-respect des consignes de sécurité. Après avoir initialement accusé des rebelles, le régime a admis que ses soldats avaient abattu le moine de 78 ans. L’excuse a été présentée par un ministre auprès des moines du monastère de la victime. Un moine proche de la junte a appelé à “oublier et pardonner”, suscitant l’indignation.
Des milliers de personnes ont assisté aux funérailles d’un abbé bouddhiste populaire tué par les forces de sécurité birmanes. Sayadaw Bhaddanta Munindabhivamsa, âgé de 78 ans, était un défenseur public de la démocratie et s’était opposé au coup d’État militaire de 2021. La cérémonie funéraire a rassemblé moines, religieuses et habitants.
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