Le Fonds mondial pour la vie sauvage (World Wildlife Fund) vient de lancer un nouvel appel pour faire cesser la pêche électrique en Birmanie, dans le fleuve Irrawaddy. Motif: cette forme de pèche entraine la destruction de la faune, et la disparition des dauphins d’eau douce que l’on trouve également dans le Mékong, aux frontières du Cambodge et du Laos.
L’appel du WWF en Birmanie est un cri d’alarme: les dauphins “souriants” de l’Irrawaddy périssent de plus en plus souvent à l’issue des parties de pèche électriques, lorsque les riverains utilisent des batteries de voiture pour étourdir les poissons.
Cette technique illégale menace aujourd’hui de faire disparaître les dauphins et la manne touristique qu’ils promettent.
On trouve des dauphins d’Irrawaddy dans les rivières, les lacs et les mers d’Asie du Sud, du nord-ouest de la baie du Bengale, en Inde, au sud de l’Indonésie.
“Fonctionnellement éteint”
Sur ce tronçon de rivière en Birmanie, les animaux ont développé un lien profond avec les pêcheurs locaux. Avec une chorégraphie soignée, les habitants appellent les animaux en ronronnant à gorge, en éclaboussant leurs rames et en tapant sur le côté du bateau.
Les dauphins signalent qu’ils sont prêts à commencer d’un coup de nageoire, avant de conduire les poissons vers les bateaux des pêcheurs où ils sont ramassés par les filets en attente.
Au Laos voisin, le dauphin de l’Irrawaddy a été déclaré “fonctionnellement éteint” par le Fonds mondial pour la nature en octobre 2016, après que trois individus seulement aient été dénombrés lors de leur dernière enquête.
“Il y a maintenant peu d’espoir de voir la situation s’inverser”, estime le WWF.
Au Myanmar, les autorités affirmaient en 2018 qu’il ne restait plus que 62 dauphins de l’Irrawaddy
Pollution due à l’exploitation minière
Le WWF accuse également la pollution due à l’exploitation minière en amont de la rivière dans l’Etat de Kachin, où la prospection d’or à forte teneur en produits chimiques a connu un boom depuis 2011. Le ruissellement des engrais agricoles empoisonnerait également l’eau.
Mais le plus grand danger vient de l’électro-pèche. Les pécheurs qui la pratiquent urilisent de petites piles fixées à des fils enroulés autour de perches de bambou pour choquer les poissons dans un rayon proche, un moyen peu coûteux et efficace d’augmenter leurs prises.
Aujourd’hui, les habitants disent qu’ils utilisent des batteries de voiture, des transformateurs à haute tension et des filets de chalutage.
La pêche électrique autour de Mandalay est punie de trois ans de prison et d’une amende de 200 000 kyats (150 dollars), une petite fortune pour les villageois.
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