Au cœur de l’ancien Palais Royal de Luang Prabang, aujourd’hui transformé en Musée National, un travail minutieux se déroule depuis juin 2024. Un groupe de restaurateurs d’art français, composé de jeunes diplômés, d’étudiants en fin d’études et d’un professeur expérimenté de l’École de Condé Patrimoine à Paris, s’attelle à la restauration de 19 peintures monumentales qui ornent l’un des salons de réception.
Ces œuvres, réalisées en 1930 et 1931 par l’artiste française Alix Aymé (1894-1989), offrent des scènes saisissantes de la vie à Luang Prabang à cette époque : marchés animés, cérémonies traditionnelles, paysages spectaculaires… Signées sous le nom de femme mariée “Alix de Fautereau”, ces peintures témoignent du talent de cette artiste singulière, proche du mouvement des Nabis.
Figure marquante du dialogue interculturel entre la France et l’Asie, Alix Aymé a consacré une grande partie de sa vie à l’art et à la découverte d’autres cultures. Professeure à l’école des Beaux-Arts de Hanoï, elle a également été chargée de la préparation du pavillon du Laos pour l’Exposition coloniale de 1931 à Paris.
Malheureusement, le temps et les aléas du climat ont fragilisé ces œuvres précieuses. Termites et humidité ont causé d’importants dommages, rendant nécessaire une intervention urgente. En 2003, une première restauration a permis de stabiliser l’état des peintures.
Vingt ans plus tard, grâce à l’association des amis d’Alix Aymé (AAAA), les travaux de restauration ont pu reprendre en 2023 et 2024.
Les restaurateurs ont entrepris un travail minutieux : réparation des toiles en lin ou en coton, refixation sur les châssis en bois, nettoyage de la couche picturale encrassée, restitution des couleurs d’origine et traitement des manques. Des photographies anciennes conservées dans les archives du musée ont fourni des repères précieux pour guider la restauration.
L’équipe a également bénéficié du soutien précieux de la population locale, qui a apporté son aide pour l’approvisionnement en matériaux et a réservé un accueil chaleureux aux restaurateurs.
Si la restauration devrait s’achever à la mi-août, la question de la préservation à long terme des œuvres demeure préoccupante. La salle actuelle ne présente pas les conditions optimales d’hygrométrie, de ventilation et d’éclairage. Un nouveau projet et un budget additionnel seront nécessaires pour garantir la conservation durable de ce trésor patrimonial.
En attendant, le public a la possibilité d’assister au travail des restaurateurs et d’admirer ces peintures en cours de renaissance. Une occasion unique de découvrir l’œuvre d’une artiste hors du commun et de se plonger dans l’histoire fascinante du Laos.
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Je suis le président fondateur de l’Association des Amis d’Alix Aymé (AAAA) et suis heureux que le travail de restauration des grandes peintures d’Alix Aymé au musée de Luang Prabang ait fait l’objet d’un bel article dans Gavroche. Nous espérons terminer le travail le 19 août. Ce fut une longue et difficile aventure.
Passionnante aussi. Les 19 grands tableaux sont magnifiques et représentent l’œuvre majeure de cette extraordinaire artiste. Notre site alixayme.com montre la très vaste étendue de ses talents.
Le 15 août nous débutons à l’antenne de l’institut français de Luang Prabang une exposition sur le déroulé de la restauration que présenteront les restaurateurs, seront également proposées quelques œuvres originales d’Alix Aymé.
L’exposition durera jusqu’au 25 août. Vous êtes tous bienvenus.
Et quand vous passerez par Luang Prabang, ne manquez pas d’aller au musée admirer ces peintures de 1929.
Pascal Lacombe
Nous espérons que d’autres initiatives permettront de d’améliorer les conditions de conservation de ce chef d’œuvre.
lacombe.pascal@wanadoo.fr
Belle invitation pour une vraie surprise… Naïveté, fraîcheur des formes et des couleurs, beauté … un certain “mysticisme”… un air de Gauguin. Elle réalisa, sur laque, le chemin de croix de la chapelle du couvent Notre-Dalme-de-Fidélité de Douvres La Délivrande près de Caen. Grande tentation de se précipiter dans le premier avion… pour un (e) nabi (littéralement “prophète en hébreu”) peu connu(e). Après le nabi “japonard”, Bonnard, et plus japonard encore, Paul-Elie Ranson, le nabi helvète, Felix Valloton, le nabi bouddhique.