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Mes nuits à Bangkok et ma cuisine

Date de publication : 19/07/2024
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Une chronique culinaire et culturelle de François Guilbert

 

A la trame culinaire du roman de Jackie Gill s’est ajouté en clôture quelques recettes en clins d’œil à des chefs de ses connaissances. Mais contrairement aux deux personnages clés à la recherche d’une maîtrise de la gastronomie française, les neuf plats proposés à la réalisation relèvent pour la plupart d’autres savoir-faire internationaux (Espagne, Hong Kong, Hongrie, Pays-Bas, Pérou, Taïwan).

 

Ce bref menu mis en partage rappelle néanmoins combien dans les capitales de l’ASEAN et les hauts lieux touristiques de la région les propositions de cuisines occidentales sont variées. Il n’en demeure pas moins que l’histoire contée dans ce nouveau roman de Jackie Gill se déroule en Thaïlande. Un pays où l’auteure qui a consacré ses quatre autres manuscrits à l’Asie du Sud-Est, réside fréquemment.

 

Dans les quartiers chauds

 

Les principaux protagonistes de Mes nuits à Bangkok et ma cuisine sont donc des ressortissants insulaires du golfe de Thaïlande, de Bangkok ou de l’Isan. Le cours de leur vie professionnelle et sentimentale qui les mène des quartiers chauds (ex. Patpong, soi Cow Boy, Thaniya) jusqu’aux stations balnéaires de Bangsaen et Hua Hin est dépeint avec émotion et grande empathie pour les périodes les plus sombres.

 

Le récit est empreint d’émotions fortes pour des jeunes gens nés de bonne famille ou des milieux misérables des bidonvilles urbains, des pêcheurs des rivages de Koh Samui ou des paysans pauvres du nord-est. Le sort des personnages porte le regard du lecteur sur le sordide de la prostitution des adolescents, les stratégies prédatrices des touristes réguliers ou de passage ou encore l’univers des call-girls. Corruption, drogues, SIDA et quêtes d’épargnes pour les projets de demain complètent la matrice narrative. Les amitiés intergénérationnelles, des conjoints étrangers accorts, avec les colocataires voire au fil du temps avec des clients sont prégnantes tout au long du récit. Elles lui donnent même une bonne partie de sa cohérence et de son atmosphère positive.

 

L’avenir par la cuisine

 

Si ce roman est très caractéristique de la manière dont les farangs parlent de la société thaïlandaise contemporaine et de nombre de ses travers, il porte aussi un regard moins fréquemment évoqué dans la littérature, la presse et les conversations : la gestion du handicap physique et ses effets psychiques suite à un accident de la circulation, cette calamité qui victimise tant de personnes en Thaïlande et dans les pays limitrophes. Ici, le drame est transcendé par la détermination à se bâtir un avenir meilleur par la cuisine. Cette dernière énergise le corps et l’esprit du meurtri, lui permet d’atteindre des limites insoupçonnées.

 

Au fil des pages les épreuves s’accumulent mais cuisiner dans un tel contexte s’est aussi suivre une thérapie. Si elle demande des efforts d’apprentissage pouvant aller jusqu’à se familiariser avec la langue d’Auguste Escoffier jusque sur les bancs de l’Institut français de Bangkok, la quête de perfection est un long chemin de découvertes toutes plus merveilleuses les unes que les autres.

 

Léo et Nat, les deux adolescents au cœur du roman, savent comme peu d’autres saisir les odeurs, décrypter leurs complexités, combiner les saveurs et les adapter aux palais de leurs consommateurs. On les suit donc dans leur découverte du vin, du fromage, du pain avec le riz et plus encore des cultures culinaires françaises voire italiennes. Ils n’en demeurent pas moins des Thaïlandais amateurs de calamars au pak-choï, de crevettes avec un curry vert, de bœuf panang, de poulet sauté au basilic, de soupe tom yam, de salade de vermicelles et porc haché ou encore de bananes frites à la noix de coco.

 

Recours aux épices

 

Leurs recours méthodiques aux épices donnent le goût de la vie. Dommage qu’aucun des mets venus de la cuisine de rues ou de restaurants gastronomiques thaïs ne soient déclinés avec ses ingrédients aux grammes près et avec son mode propre mode de réalisation. Idem pour les plats en osmoses culturelles franco-thaïes tel le bœuf à la cannelle et à la crème de cassis que j’aimerai bien déguster à l’occasion.

 

Jackie Gill : Mes nuits à Bangkok et ma cuisine, Soukha Éditions, 327 p, 21,9 €

 

François Guilbert

 

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