Ceux qui accusaient le premier ministre sortant Srettha Thavisin d’être un paravent pour le clan du milliardaire (et ancien chef du gouvernement) Thaksin Shinawatra vont se retrouver privés d’arguments.

C’est en effet à visage découvert que la famille politique la plus influente du royaume tente, ce vendredi 16 août, de refaire une OPA sur le pouvoir. Finalement nominée par le parti Pheu Thai, dont les instances sont totalement contrôlées par son père, Paetongtarn Shinawatra revendique désormais le poste de premier ministre. Rien de neuf sous ce soleil-là, puisque la sœur de l’ex magnat des Télécoms, Yinluck, avait déjà exercé ce mandat avant d’être renversée par un coup d’État militaire le 22 mai 2014.

La question posée, dix ans plus tard, est à la fois double et plus complexe.

Question double, car derrière la candidature de Paetongtarn Shinawatra se profile la question de sa légitimité démocratique. Or celle-ci est réelle. La cheffe du parti Pheu Thai dirige le plus grand parti de la coalition majoritaire. Son éventuel échec à réunir sur son nom une majorité de députés ce vendredi 16 août poserait donc la question de la stabilité du nouveau gouvernement, après la destitution de Srettha Thavisin par la cour constitutionnelle.

Question complexe, car le retour en force de Thaksin Shinawatra, récemment revenu de son exil à Dubaï, interroge sur les intentions de l’élite militaro-royaliste, au sein de laquelle il compte de nombreux ennemis. Celle-ci l’a-t-elle laissé revenir en connaissance de cause, au risque de le laisser exercer le pouvoir par procuration ? Ou lui a-t-elle tendu un piège dans lequel sa famille, tellement avide de pouvoir, est en train de tomber ? Avant que la justice, qui doit se prononcer le 19 août sur une accusation de lèse majesté le concernant, fasse à nouveau tomber son couperet. Ou avant que, demain, un nouveau putsch militaire  mette un terme à cette reconquête…

Le plus frappant, au delà du retour au pouvoir par procuration via sa fille, est en effet l’appétit de Thaksin Shinawatra pour les responsabilités gouvernementales. Les médias thaïlandais annoncent déjà son opposition au programme de relance de l’économie par l’octroi de 10 000 bahts par personne aux citoyens âgés de plus de 16 ans. Ainsi donc, le patriarche veut faire la pluie et le beau temps. Ce qui, en Thaïlande, pourrait bien être annonciateur de violents orages…

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