Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Le régime militaire birman enverra Aung Kyaw Moe, le secrétaire permanent de son ministère des Affaires étrangères, au sommet de l’ASEAN au Laos le 9 octobre, selon Nikkei Asia. Ce sera la première fois depuis 2022 que Naypyidaw envoie un diplomate de haut rang, après l’exclusion des responsables du régime pour leur refus de respecter le consensus en cinq points de l’ASEAN, qui appelait à mettre fin à la violence en Birmanie et à engager un dialogue avec la résistance. Au cours de ce sommet, l’ASEAN rencontrera également des diplomates du Japon, de la Chine, de la Corée du Sud et des États-Unis. Le Laos, qui assure actuellement la présidence de l’ASEAN, avait prévu d’organiser une conférence internationale sur la crise politique en Birmanie, mais cette réunion n’a pas encore eu lieu. La Malaisie prendra la présidence de l’ASEAN l’année prochaine.
L’ambassadrice itinérante des États-Unis pour la justice pénale mondiale, Beth Van Schaack, a récemment visité Bangkok pour discuter des violations des droits de l’homme en Birmanie. Au cours de sa rencontre avec des responsables thaïlandais, elle a souligné l’engagement des États-Unis à rechercher la responsabilité des atrocités commises en Birmanie et à soutenir les survivants et les victimes. Van Schaack a également échangé avec des représentants de la société civile et des experts en Thaïlande. Dans un communiqué, le département d’État américain a appelé la Birmanie à créer des conditions favorables au rapatriement sécurisé des réfugiés rohingyas, plus de 700 000 d’entre eux ayant été contraints de fuir vers le Bangladesh après une opération militaire en 2017, qualifiée de génocide par les États-Unis en 2022.
Le gouvernement militaire birman a lancé un recensement national le mercredi 2 octobre, en dépit des appels au boycott émanant de groupes anti-junta. Des équipes de fonctionnaires, accompagnées de soldats et de policiers armés, se sont rendues de porte à porte à Rangoun pour administrer un questionnaire de 68 questions. La junte soutient que ce recensement est essentiel pour actualiser les listes électorales en préparation des élections promises pour 2025. Toutefois, les détracteurs affirment qu’il s’agit d’une stratégie de la junte pour identifier les individus ayant rejoint des groupes armés ou ayant fui le pays afin d’échapper à la conscription.
Économie
Selon la Fédération du riz birmane (MRF), les exportations de riz et de brisure de riz ont atteint 718 000 tonnes au cours des cinq premiers mois de l’exercice en cours 2024-2025 (avril-août) pour une valeur estimée à 353 M USD. La fédération a fixé pour l’ensemble de l’exercice (avril 2024 à mars 2025) un objectif de 2,5 Mt exportées, qui ne pourra être atteint sans une accélération importante du rythme des exportations sur le reste de l’exercice. La Belgique se classe au premier rang des pays importateurs avec plus de 162 900 tonnes, suivi de la Chine (157 200 tonnes) et de l’Indonésie (plus de 145 000 tonnes). L’objectif d’exportation du dernier exercice (avril 2023-mars 2024), également de 2,5 Mt pour 1 Md USD de revenu attendu, n’avait pas été atteint et seulement 1,6 M tonnes pour une valeur de 845 M USD avaient été enregistrées.
En septembre 2024, l’indice PMI de S&P Global atteint 45,5 après avoir enregistré son plus bas niveau de huit mois à 43,4 le mois dernier. Malgré cette hausse, il s’agit du troisième mois consécutif de contraction de l’activité manufacturière, la production continuant d’être fortement réduite, sous l’effet de la baisse des nouvelles commandes. Bien que la contraction de la production se soit atténuée, elle est restée importante par rapport aux normes historiques en raison des contraintes de production persistantes causées par les pénuries de matières premières et de personnel. L’emploi continue de baisser, les arriérés de travail s’accumulant rapidement. Dans le même temps, l’activité d’achat a chuté, les entreprises essayant de minimiser les stocks d’intrants dans un contexte de faiblesse de la monnaie locale, et les délais de livraison des fournisseurs se sont allongés. Sur le front des prix, l’inflation des coûts des intrants a diminué par rapport au pic d’août, et l’inflation des prix de vente a également ralenti. Enfin, le climat des affaires s’est amélioré pour la première fois en cinq mois, mais est resté modéré en raison de la faiblesse de la demande et des pénuries persistantes de matières premières.
Le kyat birman a connu une forte appréciation, atteignant environ 4 600 kyats pour un dollar mercredi, après que la Banque centrale du Myanmar (CBM) a vendu plus de 13 millions de dollars américains lundi. Cette hausse, amorcée depuis la mi-août, survient alors que les prix des produits de base demeurent élevés, un habitant de Rangoun déclarant que « la plupart des biens ne baissent toujours pas ». Entre mi-août et fin septembre, la CBM a vendu environ 300 millions de dollars américains, ainsi que des yuans chinois et des bahts thaïlandais, dans un effort pour stabiliser l’économie. Cependant, la valeur du kyat reste bien inférieure à celle d’avant le coup d’État de 2021, où le taux de change était d’environ 1 300 kyats pour un dollar.
Société
Des gangs chinois ont établi des centres de cyberescroquerie à Laihka, une commune située à environ 145 km au nord-ouest de Taunggyi, en réaction à la répression de leurs opérations dans le nord de l’État Shan en février. Selon un habitant, ces groupes échangent des yuans chinois contre la monnaie birmane et dépensent des sommes importantes, provoquant une inflation des prix des produits de première nécessité. Les résidents se précipitent pour faire leurs courses, de peur que tout soit acheté avant leur arrivée.
Le secrétaire général adjoint du Bureau du Conseil de contrôle des stupéfiants de Thaïlande (ONCB), Apikit Ch.rojprasert, a annoncé une augmentation du trafic de stupéfiants en provenance de Birmanie. Selon Apikit, des laboratoires de drogue ont été établis dans des zones contrôlées par des groupes armés dans les États Shan et Kachin, le trafic de drogue étant utilisé pour financer des achats d’armes. Les saisies de comprimés de méthamphétamine dans les provinces de Chiang Mai, Chiang Rai et Mae Hong Son, le long de la frontière birmane, ont augmenté de 172 % cette année par rapport à 2023. L’ONCB appelle à une vigilance accrue et à une coopération avec les pays voisins pour lutter contre ce fléau.
Répression/Conflit
En août, six nouveaux avions de combat FTC-2000G achetés à la Chine sont arrivés en Birmanie, alors que la junte intensifie ses bombardements sur les zones contrôlées par les armées ethniques, rapporte The Irrawaddy. Ces avions font partie d’une commande passée en 2020, mais dont la livraison a été retardée par la pandémie de COVID-19. Un premier lot de six avions avait été livré en novembre 2022. Les nouveaux appareils sont actuellement déployés sur la base aérienne de Namhsan, dans l’État Shan, où les pilotes suivent une formation.
Le Dr Zaw Myint Maung, dirigeant de longue date du mouvement démocratique de la Birmanie et proche allié de la dirigeante emprisonnée Daw Aung San Suu Kyi, est décédé lundi dans les geôles de la junte, à l’âge de 73 ans. Cet homme politique de premier plan et législateur élu à quatre reprises a été ministre en chef de la région de Mandalay et vice-président de la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Il avait été arrêté après le coup d’État militaire de février 2021, en même temps que Daw Aung San Suu Kyi et d’autres personnalités de la LND.
Les groupes armés Karen, dont la KNU, sont divisés sur la question de rouvrir l’autoroute asiatique vers la Thaïlande. La junte birmane et ses alliés souhaitent rouvrir cette route pour des raisons stratégiques, tandis que la KNU craint que cela ne facilite les avancées militaires. Les civils, quant à eux, souhaitent une réouverture pour des raisons économiques. Les combats se poursuivent dans la région, compliquant encore la situation.
Lundi dernier, onze personnes, dont plusieurs administrateurs, ont été blessées lors d’explosions simultanées d’explosifs dissimulés dans des sacs de matériel de secours contre les inondations, dans deux bureaux administratifs du canton de Kyimyindaing. Selon des sources locales, l’une des bombes a explosé alors que des personnes se réunissaient pour demander une carte biométrique. Cinq ambulances ont transporté les blessés vers les hôpitaux. L’armée a établi des barrages routiers dans la région suite à ces incidents.
L’Armée d’Arakan (AA) a remis des armes à la brigade Matupi 1 des forces de défense du Chinland (CDF) lors d’une cérémonie secrète le 27 septembre. En tant que membre de la confrérie Chin, une coalition de groupes de résistance alliés à l’AA, la brigade Matupi 1 a salué cette aide comme un renforcement significatif de leur alliance. Un analyste militaire a déclaré à DVB que ce soutien constitue un atout majeur pour la révolution en cours. La brigade a également exprimé sa gratitude envers l’AA pour sa “coopération de bon voisinage” dans leur lutte contre l’armée au Chinland.
Lundi, sept civils ont été tués et quatre autres ont été gravement blessés lors de frappes aériennes menées par l’Armée de l’air birmane sur le village d’Oakkan, situé dans le district de Kawlin, à environ 245 km au nord de Monywa, la capitale de la région de Sagaing. Selon un habitant du village, deux chasseurs ont largué des bombes en plein centre du village, malgré l’absence de combats en cours. À la suite de ces attaques, les villageois ont fui leurs maisons par crainte de nouvelles frappes. Les Forces de défense du peuple (PDF) et d’autres groupes de résistance avaient pris le contrôle de Kawlin, mais l’armée a repris la ville en février après une contre-offensive. Duwa Lashi La, président par intérim du gouvernement d’unité nationale de Birmanie, a accusé l’armée de cibler délibérément des civils lors d’un discours récent.
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