L’ancien président Rodrigo Duterte, autrefois au sommet de la scène politique philippine, a officiellement déposé sa candidature pour retrouver son poste de maire de Davao, dans le sud du pays. Cette démarche est perçue comme une tentative désespérée de revitaliser la dynastie politique de sa famille, dont l’influence vacille. Duterte, mondialement connu pour sa « guerre contre la drogue » qui a entraîné des milliers d’exécutions extrajudiciaires, a vu son pouvoir s’éroder depuis que l’alliance de sa famille avec le président Ferdinand Marcos Jr a commencé à se fissurer.

Les Duterte avaient soutenu la candidature de Marcos Jr lors de l’élection présidentielle de 2022, consolidant ainsi leur emprise sur le pouvoir. Cependant, les tensions entre les deux clans se sont intensifiées ces derniers mois. La vice-présidente Sara Duterte, autrefois pressentie comme l’héritière politique de son père, a démissionné de son poste de secrétaire à l’éducation en juin, perdant ainsi son poids au sein de l’administration Marcos.

Le retour en politique de l’ancien président, à l’âge de 79 ans, coïncide avec l’enquête en cours de la Cour pénale internationale (CPI) sur les exécutions extrajudiciaires durant sa présidence. L’avocate Kristina Conti a suggéré récemment que la CPI pourrait émettre un mandat d’arrêt contre Duterte d’ici la fin de l’année.

Les difficultés juridiques ne s’arrêtent pas là pour le clan Duterte. Le mois dernier, Apollo Quiboloy, un influent chef religieux et allié proche de Duterte, a été arrêté pour des accusations de trafic sexuel d’enfants, tant aux Philippines qu’aux États-Unis. Caché dans un complexe à Davao, son arrestation a été interprétée comme un coup direct porté par Marcos Jr aux Dutertes.

Quiboloy, qui s’est autoproclamé « fils désigné de Dieu », a annoncé qu’il se porterait candidat aux élections sénatoriales de l’année prochaine. Selon Tyrone Velez, chroniqueur pour MindaNews, cette arrestation pourrait ouvrir la voie à une intervention plus directe contre Rodrigo Duterte, par le biais d’Interpol et des autorités locales, qui échappent désormais à l’influence des Dutertes.

Un héritage controversé : la guerre contre la drogue

En mars dernier, Sebastian Duterte, fils de l’ancien président, avait pourtant déclaré vouloir poursuivre la guerre contre la drogue, un programme initié par son père durant ses mandats à Davao. Ce dernier, surnommé le « Punisher », avait gouverné la ville pendant plus de vingt ans avant de s’imposer sur la scène nationale.

L’ombre de ce passé violent continue de hanter les Duterte alors qu’ils tentent de reprendre le contrôle de leur fief politique, dans un contexte où leur pouvoir semble plus vulnérable que jamais.

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