Les autorités thaïlandaises doivent immédiatement abandonner toutes les accusations et libérer sans condition l’éminent militant Parit “Penguin” Chiwarak, étudiant à l’université de Thammasat, a déclaré Human Rights Watch samedi 15 août. L’intéressé a été interpellé vendredi. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, la police thaïlandaise aurait l’intention d’arrêter au moins 31 autres personnes, dont de nombreux dirigeants de mouvements étudiants.
Nous diffusons ici un communiqué de Human Rights Watch
“Chaque nouvelle arrestation d’un militant pacifique pro-démocratie montre les tendances autoritaires du gouvernement thaïlandais et son manque de respect pour les droits de l’homme” estime Brad Adams, directeur pour l’Asie. “Les protestations pacifiques et l’expression de critiques exigeant des réformes politiques ne devraient pas être criminalisées”.
Le 14 août 2020, la police thaïlandaise a arrêté Parit pour sa participation au rassemblement “Free Youth” du 18 juillet à Bangkok. Il est accusé de sédition, passible d’une peine maximale de sept ans de prison, de rassemblement avec l’intention de provoquer des violences, de violation de l’interdiction de rassemblement public et d’autres délits. Le 7 août, la police a arrêté deux autres membres du mouvement “Free Youth”, Arnon Nampha et Panupong Jadnok, à Bangkok, pour les mêmes motifs.
Interdiction de se réunir en public
Parit est également accusé d’avoir violé l’interdiction de se réunir en public dans le cadre des mesures d’urgence pour contrôler la pandémie de Covid-19, ainsi que d’autres infractions liées à la circulation et à la propreté publique. Il est détenu au poste de police de Samranrat à Bangkok.
Ces arrestations sont contraires aux engagements du gouvernement de respecter les libertés fondamentales, a déclaré Human Rights Watch.
Le Premier ministre Prayut Chan-o-cha a nié une répression imminente et s’est engagé à écouter les voix dissidentes soulevées lors des rassemblements de jeunes. “Le gouvernement a toujours été très prudent, même si de nombreuses personnes ne sont pas satisfaites [des rassemblements de jeunes]”, a déclaré le général Prayut lors de la réunion du cabinet du 13 août. “Les étudiants organisent des manifestations, en utilisant leurs libertés fondamentales, et nous les écouterons et chercherons à résoudre les différends avec eux.
Rassemblement pacifique devant le Monument de la démocratie
Le mouvement Free Youth a organisé le rassemblement pacifique devant le Monument de la démocratie à Bangkok le 18 juillet. Il s’agissait de la plus grande manifestation politique en Thaïlande depuis le coup d’État militaire de 2014, avec plus de 1 000 participants réclamant la dissolution du Parlement, une nouvelle constitution et la fin du harcèlement des autorités à l’égard des personnes qui exercent leur liberté d’expression. Les rassemblements se sont depuis étendus à au moins 55 provinces du pays et ont élargi leurs revendications pour inclure des réformes de l’institution monarchique.
Le droit international relatif aux droits de l’homme, tel qu’il est reflété dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) que la Thaïlande a ratifié en 1996, protège les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Mais les autorités thaïlandaises ont régulièrement imposé la censure et bâillonné les débats publics sur les droits de l’homme, les réformes politiques et le rôle de la monarchie dans la société. Au cours de la dernière décennie, des centaines d’activistes et de dissidents ont été poursuivis pour de graves infractions pénales telles que la sédition, les crimes informatiques et l’insulte à la monarchie (lèse majesté) pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions.
Intolérance du gouvernement thaïlandais
Les actions répressives se sont poursuivies après les élections générales de mars 2019, qui ont ramené le leader du coup d’État, le général Prayut, au poste de premier ministre pour un second mandat. La tendance anti-droits de la Thaïlande s’est intensifiée au cours des cinq derniers mois, les autorités thaïlandaises ayant utilisé les mesures d’urgence mises en place pour aider à contrôler la pandémie de Covid-19 comme prétexte pour interdire les rassemblements anti-gouvernementaux et harceler les militants pro-démocratie.
“L’intolérance du gouvernement thaïlandais à l’égard des critiques politiques et des opinions dissidentes indique une adhésion à un régime autoritaire, et non une transition vers l’État de droit et la démocratie” estime Human Rights Watch
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