Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Le régime militaire birman renforce ses liens avec la Russie, accueillant une délégation à Naypyidaw pour discuter d’investissements, de tourisme et de coopération culturelle. Cette visite, succédant à celle de Min Aung Hlaing en Chine, illustre l’importance des relations avec ces deux puissances. Fournisseur d’armes depuis le coup d’État de 2021, la Russie, tout comme la Chine, désormais soutien ouvert du régime, joue un rôle clé pour un gouvernement isolé internationalement mais déterminé à consolider son pouvoir.
Le ministre de l’énergie, Ko Ko Lwin, a rencontré le président de la China National Petroleum Corporation (CNPC) à Pékin pour discuter de la coopération énergétique entre les deux pays. La Birmanie prévoit de partager du gaz naturel liquéfié (GNL) avec la Chine et d’augmenter la capacité des pipelines de pétrole et de gaz. Malgré les problèmes d’électricité et les coupures de courant fréquentes en Birmanie, le régime militaire continue de chercher à attirer des investissements étrangers dans le secteur énergétique, notamment en matière de projets d’énergie solaire.
Min Aung Hlaing, a effectué une visite officielle en Chine du 5 au 10 novembre, marquant un renforcement des liens entre les deux pays. Cette visite, la première depuis le coup d’État de 2021, a été présentée comme un succès diplomatique par le régime. La Chine a exprimé son soutien au régime militaire, notamment en proposant d’aider à organiser les élections prévue l’année prochaine et en encourageant les investissements chinois en Birmanie. Cependant la situation sécuritaire dans le pays reste instable, avec des combats en cours dans plusieurs régions. La capacité du régime à mettre en œuvre ces projets ambitieux, tels que le chemin de fer reliant Kyaukphyu à Kunming, reste incertaine en raison des défis politiques et sécuritaires auxquels elle est confrontée.
Économie
Selon le ministère de l’Électricité, moins de 50 % de la demande en électricité est couverte en Birmanie aujourd’hui, avec une production de 2 500 MW pour un pic de demande de 5 443 MW (+9 % sur un an). Ce déficit est lié à la destruction de lignes électriques, à la baisse de production des centrales au gaz naturel et aux maintenances des centrales hydroélectriques, affectées par les récentes inondations (9 sur 30 sont à l’arrêt). Pour y remédier, le ministère a lancé plusieurs projets : 7 hydroélectriques, 4 au gaz naturel, 10 solaires et 28 éoliens (dont 2 offshore).
Depuis le 31 octobre dernier, dans le cadre de sa nouvelle loi sur les brevets, le Département de Propriété Intellectuelle (IPD) a commencé à accepter le dépôt de nouvelles demandes de brevet et de modèles d’utilités (mini-brevets). Cette loi sur les brevets date de 2019 et avait pris officiellement effet le 31 mai 2024. Les critères de protection en matière de brevets et de modèles d’utilité sont similaires à ceux des autres pays. Point d’attention toutefois : la Birmanie n’a toujours pas ratifié la convention de Paris et le traité international PCT (Patent Cooperation Treaty) ; il n’est donc pas possible de passer par la voie internationale pour se protéger dans ce pays ; un dépôt via la voie nationale est obligatoire.
Le régime militaire birman a imposé de nouvelles restrictions aux agences de recrutement, leur demandant de rapatrier les travailleurs migrants appelés au service militaire obligatoire. Cette mesure, ajoutée en mai dernier aux contrats standard, vise à compenser le manque de main-d’œuvre du régime, qui cherche à renforcer ses forces armées. Cependant, cette décision a des conséquences négatives sur l’industrie du recrutement, qui voit déjà une diminution du nombre de travailleurs disponibles en raison des restrictions d’âge et des conditions difficiles imposées par le régime.
Société/Répression/Conflit
Le régime militaire birman, en difficulté face à la résistance armée, se tourne vers la Chine pour renforcer ses capacités militaires. Lors de sa récente visite en Chine, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a visité des entreprises chinoises spécialisées dans la production de drones, témoignant de l’intérêt croissant du régime pour ces technologies. Les drones sont désormais largement utilisés par la junte et ses milices alliées pour mener des opérations de surveillance, de reconnaissance et d’attaque. Cette dépendance accrue à l’égard des drones chinois souligne l’importance de la coopération militaire entre les deux pays et les implications potentielles pour la sécurité régionale.
Une organisation de défense des droits de l’homme a accusé l’armée thaïlandaise d’avoir torturé et tué un ressortissant birman près de la frontière entre les deux pays cette année. Aung Ko Ko, 37 ans, a été arrêté par des soldats thaïlandais en janvier 2024 et a succombé à ses blessures après avoir été brutalement battu. Fortify Rights a dénoncé cette affaire comme un exemple de l’impunité dont bénéficient les forces de sécurité thaïlandaises dans les cas de violence contre les migrants et les réfugiés. L’armée thaïlandaise a annoncé qu’elle enquêtait sur ces allégations, mais les organisations de défense des droits de l’homme restent préoccupées par le traitement des migrants et réfugiés à la frontière.
Les combats se sont intensifiés dans les villes de Falam et Mindat, dans l’État de Chin, alors que le régime militaire birman déploie des avions de combat, des drones et de l’artillerie pour repousser les offensives de l’Alliance de la Fraternité Chin (CBA). L’alliance a lancé l’opération Fraternité Chin le 9 novembre avec des attaques simultanées sur des positions de la junte dans les deux villes de montagne reculées. Les combats se sont intensifiés depuis, avec des raids aériens quotidiens menés par le régime. La CBA a réussi à capturer plusieurs positions stratégiques, notamment le poste de police de Falam. Cependant, les affrontements continuent de faire rage, et les conséquences humanitaires de la guerre s’aggravent avec les destructions et les déplacements de populations.
Le régime militaire birman a intensifié ses attaques aériennes contre les positions de l’Armée nationale de libération Ta’ang (TNLA) dans le nord de l’État de Shan et dans la région de Mandalay. Des raids aériens ont visé des zones civiles, causant de nombreuses victimes parmi la population. Ces attaques font suite à la récente visite du chef de la junte en Chine, où il a reçu le soutien de Pékin pour réprimer la résistance armée. La TNLA, membre de l’Alliance de la Fraternité, a lancé une offensive majeure dans le nord de l’État de Shan, mais le régime militaire tente de reprendre le contrôle des territoires perdus.
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