Une chronique siamoise et sociétale de Patrick Chesneau
Rideau sur le Festival des éléphants à Surin, “capitale” d’une province de l’Issan, limitrophe du Cambodge. Pendant deux jours, s’est déroulé le plus imposant rassemblement annuel de pachydermes en Thaïlande. Plusieurs centaines de colosses, peut-être deux à trois mille en cumulé de fréquentation, ont été au centre d’un grande fresque historique et culturelle.
Tradition et patrimoine.
Un événement haut en couleurs qui indique la symbiose entre les Thaïlandais et l’animal fétiche du Royaume de Siam. Magnificence des chorégraphies mettant en scène les géants du bestiaire mythologique thaïlandais. Dans le Si Narong Stadium de la ville de Surin plein à craquer, l’apothéose est invariablement la reconstitution des époques épiques ayant jalonné la constitution de l’état thaïlandais.
Épopée jonchée de batailles contre les envahisseurs venus de Birmanie, du Laos et de l’empire Khmer. Passé bouillonnant mêlant sang, gloire et fureur. Échelonné sur une dizaine de siècles. Les éléphants ont alors été les pierres angulaires de la résistance aux attaquants. Dans une succession de tableaux très maîtrisés, les personnages principaux sont, comme il se doit, les éléphants guerriers. A la fois premiers rôles et figurants d’une saga barrissante. Harnachés, caparaçonnés, parfois grimés, accoutrés, les mastodontes resplendissent dans leurs plus beaux atours. Mosaïque de couleurs chatoyantes.
Sans omettre les performances artistiques et sportives des gros gabarits. Les voir courir derrière un ballon en se servant de leurs oreilles comme de battoirs thermorégulateurs déclenche à tous les coups des salves d’applaudissements dans les gradins. Point n’est besoin d’être supporter de Messi ou Mbappé pour s’extasier devant ces matches de football orchestrés par de si volumineux avants-centres. Ils excellent à désarçonner l’ennemi grâce à un art consommé du dribble.
Hormis les spectacles bigarrés auxquels ils participent avec leurs mahouts, les éléphants ont droit à un grand banquet végétarien en guise de récompense.
La trompe relevée en signe de contentement, ils jettent leur dévolu sur des monticules de fruits de saison. Bananes, ananas, pastèques à profusion. Ces fins gourmets en raffolent. Les mastodontes sont un emblème et un symbole. Indétrônables dans le cœur des Thaïs.
Patrick Chesneau
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