Ce qui est cocasse dans cette comédie de chaises musicales grinçantes c’est que madame Genetet est remplacée par une femme tout aussi inexperte dans les domaines d’attributions qui lui sont confiées. Mais, elle, elle le dit, s’en enorgueillit publiquement lors de la passation de pouvoirs.
L’expertise n’est certes pas une condition de la nomination à un poste ministériel, les considérations de dosages politiques et partisans priment. On cite souvent la nomination, par De Gaulle, à un poste de ministre des transports d’une personne “inexperte” dans le domaine. Convoqué à l’Élysée, l’impétrant, pris de panique, absorbe la nuit qui précède toutes informations possibles relatives à sa future mission. Lors de l’entretien le général ne parlera que de Corneille. Un peu surpris et décontenancé, mais encore tout tremblant, le ministre fraichement nommé avoue son inexpertise pour le poste. La réponse fût courte : “c’est pour cette raison que je vous ai nommé” dit le Général.
Ainsi René Monory, concessionnaire automobile et agricole fut ministre de l’Éducation nationale du 20 mars 1986 au 10 mai 1988. Son inexpertise fut bien reçue si ce n’est louée par les protagonistes de l’enseignement, il ne fit rien. Le sort réservé à Monsieur Devaquet fût autre, les manifestations étudiantes étant, en général, fatales. La mission de ce ministre consiste essentiellement à éviter les gréves massives des personnels et les cortèges de jeunes dans les rues. Madame Borne, cumulant la responsabilité des 3 niveaux de l’enseignement ainsi que celui de la recherche (un cumul rarissime voire inédit dans l’histoire de la Vème République, mais y sommes encore ?) aura peut-être le génie de les rassembler dans les rues. En aura t-elle le temps, c’est la question.