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Je ne résiste pas à partager cette anecdote sur le nouveau Premier ministre souvent entendue à Paris. « Vous savez quel est le premier parti de France ? Celui des déçus de François Bayrou ! » Autant dire que la pente est glissante pour le nouveau skieur de l’Hôtel Matignon, désormais à la tête d’un gouvernement de revenants avec Élisabeth Borne, Manuel Valls et Gérald Darmanin aux avants postes.
Avant lui, le Savoyard Michel Barnier, qui croyait pourtant avoir triomphé de toutes les pistes noires en politique, a fait un dérapage fatal. Qu’en sera-t-il du Béarnais Bayrou, plus à l’aise à cheval dans sa ferme de Bordères au pied des Pyrénées, que sur des lattes et les pistes enneigées ? Le traineau de ce père Noël démocrate-chrétien, qui a par trois fois (2002, 2007 et 2012) échoué dans ses escalades présidentielles, est en tout cas vide de cadeaux. Pas besoin de hotte : l’État Français dont il reprend la charge a d’abord besoin d’argent pour rembourser sa dette qui flirte désormais avec les 3300 milliards d’euros. Soit 48 000 euros par citoyen.
Reste donc une seule stratégie possible : le slalom. Slalomer entre les partis, pour qu’un nombre suffisant de députés renoncent à voter, dès sa déclaration de politique générale prévue le 14 janvier devant le Parlement, une motion de censure qui le renverserait. Slalomer avec ce président qu’il rêve bien sûr déjà de remplacer en 2027. Et slalomer avec les Français, un tantinet inquiets de voir un Premier ministre nommé un vendredi 13 officialiser un gouvernement bien peu novateur à l’issue d’une journée de deuil national. Les Gaulois, pour rappel, étaient de grands superstitieux.
Joyeux Noël, bonne lecture, et vive la destinée !
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)
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Un cortège funèbre pour une fin de règne dont le béarnais s’érigera en maitre des funérailles. Les funérailles de la grande Mémé selon le célèbre roman. Le journal « le Monde » (éditions du 20, 21, 22,/23, 24 décembre 2024) et l’une de ses prêtresses, A. Chemin, (avec R. Bacqué et I Trippenbach) dressé, avec gourmandise, les contours d’une fin de règne avec toutes les effluves nauséabondes qui se dégagent de corps en coma dépassé.
Une enquête et des interviews, 92, pendant plus de 3 mois égrènent les moments forts d’un spectacle de rats quittant le navire face à l’iceberg en vue. Les derniers habitants de cette galère élyséenne ne trouvent de répit que devant un whisky japonais ou écossais qu’il partagent avec quelques irréductibles courtisans qui voudraient bien fuir. L’obsession élyséenne aiguillonnée par les breuvages et les surenchères verbales se concentre, aux dires du journal, sur Matignon, surnommé, du temps de G. Attal de « cage aux folles ». Une réponse du berger à la bergère ? Ce noble aréopage montre au moins qu’il a une culture cinématographique.
Le « journal de référence » exprime un symptôme que certains politiques avaient commencé à entonner : Copé, Lisnard parmi les plus officiels. Sur 4 numéros, il fait basculer l’Élysée et son maitre dans l’enfer de la fin de règne, une fin que l’imminente motion de censure déclencherait, donnerait le signal, entonnerait le glas. Ces 4 articles sont incontestablement l’acte délibéré par ce journal par lequel l’effet attendu est d’accélérer la fin proche et la catastrophe. Un soutien inconditionnel comme celui, naguère, d’A. Minc, s’est mué en appel à la démission conseillée. Constatant que les sondages font apparaitre une proportion des deux tiers interrogés opposés au chef de l’état, il crie avec les loups et anticipe une présidence relai que le maître du Sénat couronnerait. C’est à dire un appel à la démission provoquant constitutionnellement un intérim et pourquoi pas une candidature de l’intérimaire. Les 4 articles du monde frappent très fort sur les tambours médiatiques que lisent et écoutent surtout les « élites dirigeantes » les incitant, mezzo-voce, à fortifier l’appel à l’hallali.
Madame Chemin est orfèvre dans ce genre d’exercice. Peu préoccupée par les soucis déontologiques, elle mêle hardiment les faits réels et constatés et des propos ou informations recueillies après d’interlocuteurs qui ne sont jamais cités et dont rien ne peut être vérifié. Interroger 92 personnes dans ces conditions ne change rien au contenu très discutable de cette saga. 194, 388 interviews n’auraient pas changé l’affaire. les propos tenus en public par le président incriminé auraient suffi, ceux qui lui sont prêtés et démentis comme celui selon lequel « les urgences seraient remplis de Mamadou » sont des mauvaises manières journalistiques que les talents de certains journalistes du Monde savent artistiquement mêler aux infos vérifiées afin de produire leurs effets de grenades dégoupillées.
La machine à démissionner secrètement armée par les deux camps extrêmes de l’hémicycle pourront-ils résister à ces forces centrifuges ? la question est pour combien de temps ? le compte à rebours est enclenché et risque d’agir, avec la puissance d’un aphrodisiaque progressivement partagé par tous, comme une prophétie auto-réalisatrice.
Le Béarnais éspère produire des miracles en combinant les impossibles et sans doute en lorgnant le siège suprême, avant de rejoindre son celui placé le regard amusé d’henri IV. Avant de le rejoindre je lui conseille, de regarder le fameux sketch » le voyage à Pau » , il pourrait se retrouver à Irun.
Le président n’a rien a craindre : il est inamovible ; le 1er ministre n’a rien a craindre : il a le soutien du RN, donc de la « représentation nationale.
Vous le disiez à propos du précédent gouvernement. Sans doute ne savez vous pas qu’il à été « renversé »… Sauf à considérer que Bayrou c’est Barnier -bis ce qui n’est pas faux. …Paris pris ! Faites vos jeux ! Un budget dont le vote est soumis à toutes sortes de positions, de revirements et de conjonction des « extrêmes ». Certes un RN qui ne peut user surabondamment de la motion de censure. et donc soutien du RN au gouvernement peut être plus ferme sauf à considérer une issue malencontreuse pour sa présidente dans deux mois…et une condamnation à inéligibilité avec application immédiate. Cette perspective peut-elle modifier les stratégies et permettre de « monnayer » des « appuis » (en principe impossibles à s’en tenir aux théories de la séparation des pouvoirs) de l’actuel 1er ministre lui-même embarrassé par des questions semblables… et, sans doute, candidat lui-même au poste tant convoité dans un scénario ou lui-même et Marine Le Pen espéreraient jouer un tango présidentiel.
Un gouvernement de revenants ou plutôt de mort-vivants exhumés de leurs sépulcres blanchis dès que la lumière du jour s’éteint, que conduit dans une funèbre procession, un diacre défroqué trônant sur le tracteur paternel. Des cinéphiles plus avertis verront dans ce cadeau de Noël, offert aux Français, « un tantinet inquiets », une provocation ultime que les deux tiers des sondés ressentent et expriment, un remake des meilleures scènes du « bal des vampires » dans les Carpates enneigées, émoustillés par les gousses d’ail que n’arrive pas à dissiper l’odeur de naphtaline… Ou encore une réédition des derniers instants de la « grande Russie » et de sa galerie de portraits saisissants façon Tchernienko, certains y reconnaitront plutôt un sosie mental de J. Biden, ou encore selon une dramaturgie toute félinienne, les fiançailles d’E. Borne et de M. Valls juchés sur des patins à roulettes à moins que, façon cirque Pinder, ce ne soit sur des patins à glace… ou une cérémonie baroque et inversée orchestrée à la suite immédiate un deuil national vite expédié et éclipsé préfigurant un futur épisode dont les séquences se dérouleront dans le bon ordre, le deuil national couronnant cette épopée fantastique mort-née. Le Grand Prêtre, Mélenchon, auto-désigné en maitre des funérailles, Sibylle et Pythie réunies, en a fixé la date : le 16 janvier… Aura t-il la patience, en bon sans-culotte, d’attendre le 21 janvier date anniversaire de la mort de Louis XVI ?
Et mon bon salut à R. Werly qui nous a privé d’une chronique sur notre Dame / Drame mais qui nous est revenu…