Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Le régime militaire birman a récemment finalisé l’acquisition de six avions de chasse Su-30SM auprès de la Russie, un renforcement stratégique visant à consolider sa supériorité aérienne. Cet achat, fortement critiqué, suscite de nombreuses interrogations sur son usage futur, dans un contexte marqué par des abus persistants. L’historique de l’armée birmane en matière d’utilisation de l’aviation militaire, notamment pour des bombardements ciblant des zones civiles, nourrit des inquiétudes légitimes quant à une possible intensification des violences à l’encontre de la population. Ces attaques, régulièrement condamnées par la communauté internationale, rappellent l’impunité dont semble bénéficier le régime malgré les appels répétés à la cessation des hostilités et au respect des droits humains.
Depuis le coup d’État de 2021, 53 partis ont été réenregistrés auprès de Commission électorale de l’Union (UEC). Le régime militaire a récemment publié un recensement préliminaire de la population, s’élevant à 51 316 756 habitants au 31 décembre. Lors d’une rencontre à Naypyidaw, les partis ont exprimé leurs préoccupations aux dirigeants du régime et à l’UEC, mais n’ont reçu aucune réponse. Les élections, provisoirement programmées pour novembre, devraient se tenir dans 161 des 330 circonscriptions du pays.
Le régime a suscité une vive inquiétude en ordonnant aux établissements scolaires, publics et privés, de soumettre des listes détaillées de leurs élèves. Officiellement, cette mesure vise à vérifier l’éligibilité des jeunes hommes au service militaire. Toutefois, elle est largement perçue comme une tentative de renforcer le contrôle de l’armée sur la population et de museler toute opposition. Les autorités militaires exigent des informations précises, notamment sur l’état de santé et les éventuels handicaps des élèves. Cette directive alimente la crainte des parents, qui redoutent que leurs enfants soient enrôlés de force et envoyés sur les lignes de front. Bien que la loi sur la conscription impose un service militaire obligatoire pour les hommes âgés de 18 à 35 ans, avec la possibilité de reports pour les étudiants, de nombreux jeunes ont été enlevés de force par les militaires et contraints de rejoindre leurs rangs.
Le général Min Aung Hlaing a pointé du doigt les organisations armées ethniques (OAE), les accusant d’être responsables des souffrances endurées par le peuple birman. À l’occasion de la célébration de l’anniversaire de l’État Kachin, il a exhorté ces groupes à déposer les armes et à s’engager dans le processus de paix. Cette déclaration survient dans un contexte où le régime intensifie ses offensives militaires dans les régions ethniques, notamment dans l’État Kachin. Les forces armées birmanes ont recours de manière croissante à l’aviation pour bombarder non seulement les positions des OAE, mais aussi des zones civiles, exacerbant ainsi la violence et la détresse des populations locales.
Le général Min Aung Hlaing a accueilli cette semaine des délégations officielles de l’Iran et de la Biélorussie, deux partenaires stratégiques de son régime. L’Iran, qui maintient des relations étroites avec le régime birman, a renforcé sa coopération militaire, consolidant ainsi un partenariat déjà bien établi. La Biélorussie, quant à elle, se distingue comme un fournisseur clé d’armes au régime et a intensifié ses collaborations dans des secteurs variés, notamment le commerce, l’investissement, l’éducation et le tourisme. Au cours de ces rencontres, le général Min Aung Hlaing a exprimé son souhait de développer davantage la coopération militaire avec ces deux pays, tout en sollicitant leur soutien pour les élections qu’il s’est engagé à organiser plus tard cette année. Ces démarches illustrent les efforts du régime pour consolider son réseau d’alliances internationales face à la pression croissante de la communauté internationale.
Économie
Lors de sa première réunion de 2025, le Comité du développement de l’électricité et de l’énergie (EEDC) a présenté plusieurs projets pour augmenter la production d’électricité à court terme, notamment avec des centrales au gaz naturel et des installations de gaz naturel liquéfié (GNL). Il prévoit aussi la construction de 16 petits barrages sur l’Ayeyarwaddy, avec un site actuellement évalué. Des révisions législatives viseront à attirer les investissements dans les énergies renouvelables, y compris l’énergie solaire. Face à une production d’électricité de seulement 2 200 MW, bien inférieure à la demande, les autorités ont renforcé les coupures de courant. Actuellement, la capacité installée est de 5 443 MW, répartie entre hydroélectricité, gaz naturel, charbon et solaire.
L’indice PMI de S&P Global a atteint 50,4 en décembre, en hausse par rapport à 49,8 en novembre, signalant une légère reprise du secteur manufacturier, la première depuis juin 2024. Les nouvelles commandes ont progressé pour le deuxième mois consécutif, indiquant une amélioration de la demande. Cependant, l’activité d’achat a chuté pour le 18e mois et les suppressions d’emplois se sont poursuivies pour le 19e mois, en grande partie à cause des démissions. Les pressions sur les coûts ont été limitées par la reprise relative du taux de change. Enfin, le sentiment des entreprises s’est amélioré, soutenu par des perspectives de croissance continue et d’expansion vers de nouveaux marchés.
Face à des pénuries d’électricité, le régime militaire birman a pris la décision de promouvoir le développement de l’énergie solaire. L’objectif est de réduire la dépendance du pays aux énergies fossiles et d’améliorer la sécurité énergétique. Lors d’une récente réunion, le gouvernement militaire a présenté des mesures incitatives destinées à encourager l’installation de panneaux solaires sur les nouveaux bâtiments. Les autorités espèrent ainsi accroître la production d’électricité renouvelable et alléger la pression sur le réseau électrique national. Cependant, plusieurs défis majeurs freinent la mise en œuvre de cette politique énergétique. Les infrastructures électriques, obsolètes et sous-financées, limitent la capacité du réseau à intégrer l’énergie produite par les panneaux solaires. Par ailleurs, l’instabilité sécuritaire du pays complique les projets d’investissement dans le secteur de l’énergie.
Société
La production de tomates dans les régions montagneuses du canton de Nyaungshwe, dans le sud de l’État Shan, est en pleine expansion, offrant aux consommateurs des prix abordables, selon les centres de commerce de gros locaux. Le marché des tomates se porte bien, avec des prix attractifs, notamment pour les tomates locales et les variétés de Taipei chinois. Ces dernières sont principalement expédiées vers Rangoun, Bago, Pyu, Mawlamyine, Bilin et Thaton. Le commerce des tomates locales acides a également augmenté grâce à la baisse des prix. « Les prix des tomates locales ont légèrement augmenté, mais restent accessibles, et les tomates de Taipei chinois se vendent bien, notamment dans les grandes villes », a commenté Ma Shu Shu, distributeur de tomates à Monywa.
La police a arrêté quatre individus pour leur implication dans un cambriolage survenu à l’Alliance pour la microfinance à PyinOoLwin, après que le directeur, U Zaw Zaw Aung, a déposé une plainte le 9 janvier. Le 8 janvier, deux hommes se sont introduits dans les locaux sous prétexte de vérifier la liste des clients, avant de dérober un coffre-fort contenant 100 302 400 K et de couper la vidéosurveillance. L’agent de nuit, complice dans le vol, a avoué avoir collaboré avec deux de ses collègues qui lui avaient promis 15 millions de K en échange de son aide. Sur la base de ses aveux, la police a interpellé quatre suspects et saisi le butin, ainsi que des équipements de vidéosurveillance et un véhicule, le 9 janvier à PyinOoLwin. La police a placé les quatre hommes en détention.
Répression/Conflit
Le conseil d’administration de l’État-SAC a adopté une nouvelle loi sur la cybersécurité, octroyant aux autorités des pouvoirs étendus pour contrôler l’accès à l’information. Entrée en vigueur le 1er janvier 2025, cette législation, composée de 16 chapitres et 88 articles, prévoit des sanctions pour les individus reconnus coupables de diffuser des contenus jugés « inappropriés à la visualisation publique », avec des peines pouvant aller jusqu’à six mois de prison. La loi instaure également des réglementations strictes sur l’utilisation des réseaux privés virtuels (VPN), outils souvent utilisés pour contourner les blocages de sites web. Proposée à plusieurs reprises depuis la prise de pouvoir de l’armée en février 2021, cette loi avait jusqu’ici échoué à être adoptée en raison de la forte opposition des entreprises de télécommunications et de la communauté internationale.
Le 8 janvier, l’armée birmane a lancé des frappes aériennes sur le village de Kyauk Ni Maw, contrôlé par l’armée de l’Arakan (AA), causant au moins 42 morts et 43 blessés, selon des témoignages locaux. L’attaque a également déclenché un incendie dévastateur qui a détruit environ 500 habitations. Kyauk Ni Maw, situé sur l’île de Ramree, à 447 km au sud de Sittwe, capitale de l’État d’Arakan, est sous le contrôle de l’armée de l’Arakan depuis le 11 mars 2024. Cette date marque la fin d’une offensive majeure lancée par l’AA le 13 novembre 2023, qui lui a permis de prendre le contrôle de 15 cantons. Parmi ces territoires conquis figurent 14 cantons de l’État d’Arakan et un dans le sud du Chinland. Cette attaque s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre l’armée birmane et l’AA, aggravant la situation humanitaire déjà critique dans la région
La coentreprise entre l’entreprise d’État vietnamienne Viettel et Myanmar National Telecom Holdings, Mytel, a joué un rôle central dans les violences menées par le régime depuis le coup d’État de 2021 selon les États-unis. L’opérateur a notamment fourni des informations aux militaires, leur permettant de surveiller les mouvements des civils et de réprimer toute forme de dissidence. Les sanctions américaines à l’encontre de Mytel s’inscrivent dans une initiative internationale visant à isoler le régime birman et à mettre fin aux graves violations des droits de l’homme dans le pays. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont salué cette décision, incitant d’autres nations à suivre l’exemple des États-Unis en imposant des sanctions similaires pour exercer une pression sur le régime.
Le 8 janvier, Takeshi Ebisawa, membre de la yakuza, la mafia japonaise, a plaidé coupable devant un tribunal américain pour son rôle dans un trafic de matériel nucléaire en provenance de Birmanie. Il a reconnu avoir tenté de vendre du plutonium de qualité militaire, ainsi que d’autres substances radioactives et des stupéfiants, en échange d’armes destinées à un groupe insurgé birman. L’enquête a révélé qu’Ebisawa maintenait des contacts avec des individus en Birmanie et avait réussi à obtenir des échantillons de plutonium de qualité militaire. Il avait ensuite tenté de vendre ces matériaux à des acheteurs potentiels, y compris des groupes armés. Face à cette menace, les autorités américaines ont lancé une opération d’infiltration pour démanteler ce réseau criminel et mettre un terme à ces activités illicites.
Malgré les turbulences politiques qui secouent la Birmanie, les ressortissants birmans continuent d’investir massivement dans l’immobilier en Thaïlande. En effet, pour les neuf premiers mois de 2024, ils se sont classés au deuxième rang des acheteurs d’appartements en copropriété en Thaïlande, juste derrière les Chinois. Cette forte demande est en grande partie due à l’instabilité politique en Birmanie, qui pousse les investisseurs à rechercher un havre de paix et une valeur refuge dans les pays voisins. La Thaïlande, avec sa stabilité politique et son économie dynamique, est devenue une destination privilégiée pour les investisseurs birmans. Les promoteurs immobiliers thaïlandais ont su tirer parti de cette tendance en ajustant leurs offres pour répondre aux attentes spécifiques de cette clientèle. Plusieurs projets immobiliers ont ainsi vu le jour dans des villes stratégiques comme Bangkok et Pattaya, afin d’attirer les acheteurs birmans en quête de sécurité et de rentabilité.
Tourisme
Le régime militaire birman tente de relancer le secteur du tourisme, malgré un contexte sécuritaire de plus en plus dégradé. De nombreux sites touristiques, autrefois prisés par les voyageurs, sont désormais souvent inaccessibles en raison des combats en cours. Pourtant, le régime persiste à promouvoir le tourisme comme un levier économique, espérant stimuler la croissance malgré les défis. Cependant, les touristes se font de plus en plus rares, découragés par les risques sécuritaires et les mises en garde émises par les gouvernements étrangers. Les statistiques du secteur révèlent une chute drastique du nombre de visiteurs, tandis que les pays voisins, comme la Thaïlande, enregistrent un regain d’activité touristique.
Le festival annuel Buddha Pujaniya du temple Ananda, qui se déroule chaque année à la pleine lune de Pyatho, attire des pèlerins de tout le pays. Cette 934e édition se tient sur trois jours : la veille de la pleine lune, le jour même et le premier jour de la lune décroissante. Le jour de la pleine lune, des donateurs venus de toute la Birmanie assistent à la récitation du traité Maha Pathana et à l’offrande de riz à 250 membres de la Sangha. Ce festival fait partie d’une série d’événements annuels organisés dans les 18 pagodes célèbres de Bagan, le festival du temple Ananda étant le plus grand. L’an dernier, plus de 40 000 pèlerins ont visité cet événement.
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