Les lecteurs de Gavroche aiment réagir à nos articles. Et c’est tant mieux ! Nous reproduisons ici le courrier d’un lecteur qui réagit au dernier article de notre chroniqueur Ioan Voicu sur les migrants.
Nos lecteurs réagissent…
La problématique des migrations internationales révèle la question de la « déconstitution » du politique et l’évolution des États nations souverains dans le cadre de la mondialisation. Dans ce cadre l’économie moteur de la dynamique conduit à une nouvelle conception du droit et des droits dont les individus mondialisés. En vertu du postulat que le droit et sa priorisation absolue au titre des droits humains déclarés universels et inconditionnels, chaque être humain en serait le titulaire et l’acteur. La problématique marchande et « libre-échangiste » inhérente à la mondialisation conduit nécessairement à l’affaiblissement des frontières nationales obstacles au marché global. La mondialisation, par un saut qualitatif évoluerait en un « mondialisme ».
L’individu migrant, l’ « homo migrants » en tant qu’ « individu de droit » dispose d’un droit illimité de circulation et d’installation à la surface du globe sans qu’une communauté politique puisse y faire obstacle. L’impératif juridique constitue alors un levier d’une recomposition du monde vers un brassage général des populations. L’emplacement et la localisation des populations migrantes sont alors soumis à des impératifs de gestion si possible équilibrés du point de vue démographique notamment.
Dans le cadre de ce nouveau paradigme, Le monde devient une « société des étrangers » purgée de toute préoccupation relative à une identité partagée. La société ainsi formée cesse d’être politique en ce qu’elle n’a plus pour objectif que le respect de règles destinées à préserver leurs droits et leurs intérêts. Une société sans appartenance, « liquide, ouverte ou la culture et les mœurs relèvent du seul choix des personnes. La distinction entre catégories d’étrangers, légaux et illégaux, réfugiés ou non, perd ainsi de sa pertinence, l’ensemble pouvant prétendre au même droit opposable de circuler. De ce fait la distinction entre l’étranger le national finit par perdre également de sa pertinence. Chaque individu circulant ou ayant vocation à le devenir devient titulaire d’un droit universel opposable.
La démocratie, dans cette dynamique, a vocation à être expurgée des ses caractéristiques originelles, de son fondement, le « peuple ». Dans cette démocratie le peuple est dénié ou du moins réduit à l’inconsistance. C’est l’avènement d’une « démocratie sans peuple ».
L’évolution planétaire est actuellement anticipée par la configuration européenne qui récuse l’enfermement dans les frontières assignées et particularisantes des États constitués au profit d’une identification à de « nouvelles frontières » dont les délimitations ne sont d’ailleurs pas encore achevée si tant est qu’elles peuvent l’être, l’espace européen étant une espace mondial en formation ou du moins sa préfiguration.
C’est cette évolution qui est une source d’insécurité voire de panique démocratique chez les « citoyens classiques » devenus des « paleo-citoyens » aussi bien au regard de leur identité politique et la communauté qu’ils forment (formaient) que de l’espace géographique illimité qui se déploie sous leurs pieds.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.