De « graves crimes » ont été perpétrés en Birmanie depuis le coup d’État militaire de février 2021, ont alerté, jeudi 30 janvier, des enquêteurs des Nations unies. Ils craignent une détérioration accrue de la situation si les responsables ne sont pas traduits en justice.
Depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021, qui a renversé le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi et mis un terme à une décennie de transition démocratique, « de graves crimes internationaux ont été commis à travers tout le pays », a alerté jeudi Nicholas Koumjian, chef du Mécanisme onusien d’enquête indépendant pour la Birmanie, dans un communiqué.
« Les manifestations contre le régime militaire ont été réprimées avec une violence souvent meurtrière. Des milliers d’opposants présumés ont été emprisonnés illégalement et beaucoup ont subi des tortures, des violences sexuelles et d’autres abus », a ajouté M. Koumjian.
En décembre, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’était déjà montré « très inquiet » de « l’escalade des violences » en Birmanie.
« Des frappes aériennes, des tirs d’artillerie et des attaques de drones de plus en plus fréquents et aveugles ont tué des civils, chassé des survivants de leurs maisons et détruit des hôpitaux, des écoles et des lieux de culte », a-t-il poursuivi.
Les enquêteurs du Mécanisme onusien dispose de « preuves substantielles », dont la plupart concernent jusqu’à présent des crimes commis par l’armée, a assuré M. Koumjian.
Mais des informations « inquiétantes » font également état d’atrocités – viols, meurtres, actes de torture – commises par d’autres groupes rebelles ethniques qui affrontent l’armée, a-t-il ajouté.
La guerre civile a provoqué le déplacement de plus de 3,5 millions de personnes dans le pays, selon les Nations unies.
Pour autant, aucune procédure judiciaire n’est actuellement en cours, a regretté M. Koumjian, selon lequel « l’impunité pour les crimes » risque d’encourager « leurs auteurs à commettre davantage de violence ».
En novembre, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a requis un mandat d’arrêt contre Min Aung Hlaing pour des crimes présumés commis contre la minorité rohingya lors des opérations militaires de 2016 et 2017.
Le Mécanisme d’enquête pour la Birmanie s’est déclaré « prêt à assister les autorités disposées et en capacité d’enquêter sur ces affaires » afin de faciliter d’éventuelles poursuites, a affirmé M. Koumjian.
Selon les Nations unies, 19,9 millions de personnes en Birmanie, soit plus d’un tiers de la population, auront besoin d’une aide humanitaire en 2025.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.