La menace du président Donald Trump d’utiliser la force militaire pour prendre le contrôle du Groenland et du Panama a effrayé Taïwan selon le média américain Politico.
A plusieurs reprises, Donald Trump a réaffirmé sa conviction que les États-Unis devaient prendre le contrôle du Groenland au Danemark « pour des raisons de sécurité internationale ». Ces commentaires ont suscité un certain degré d’incertitude quant à la manière dont il pourrait aborder les relations entre les États-Unis et Taïwan.
Une délégation du Comité national sur les relations sino-américaines qui s’est rendue sur l’île au début du mois a été informée par des fonctionnaires, des journalistes et des militants de la société civile taïwanais des commentaires de Donald Trump sur le Groenland et le canal de Panama.
Nombre d’entre eux « ont exprimé leur désarroi face à cette nouvelle politique de grande puissance à la mode du XIXe siècle […] qui a suscité une réelle inquiétude chez nos interlocuteurs », a déclaré Leland Lazarus, membre de la délégation, ancien assistant spécial du chef du commandement sud des États-Unis et aujourd’hui expert des relations sino-américaines à l’université internationale de Floride.
La volonté de M. Trump de rompre les liens avec ses alliés du Groenland et du Panama pourrait être un signe d’avertissement, après tout, quant à la manière dont il pourrait traiter les garanties américaines de longue date pour la sécurité des îles autonomes face aux menaces croissantes de Pékin.
Cette rhétorique « nous rappelle l’incertitude qui accompagne Trump 2.0. – Il ne le pense peut-être pas littéralement, mais nous devrions le prendre au sérieux », a déclaré l’ancien porte-parole de la présidence de Taïwan, Kolas Yotaka, dans un billet X publié au début du mois.
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Taïwan a raison d’avoir des craintes comme l’Ukraine pour qui le « deal » semble être envisagé : une consécration de l’annexion poutinienne ? Un feu vert donné à la Chine ?
Pour ce qui est du Groenland (Kalaallit Nunaat en danois groenland) l’appétit trumpien pour ce territoire n’est pas nouveau, il l’avait exprimé en 2019. Cela fût considéré comme une boutade, mais cela devient une obsession au fur et à mesure que les glaces de l’arctique fondent et permettent la circulation des marines russes et chinoises dans cette zone (passage du nord-ouest) et que des perspectives d’exploitation du sous-sol et de la zone d’exploitation exclusive se révèlent juteuses. L’aspect géo-stratégique lié à la sécurité des USA est le premier motif invoqué par Trump.
Le Groenland, appelé Kalaallit Nunaat en danois groenlandais, est un territoire presque 4 fois grand comme la France dont la presque totalité est située au nord du cercle arctique, face à la Russie, plus proche du Canada que des USA. Il compte une population de 56 000 à 60 000 habitants, les inuits, ayant leur langue propre. Rattaché à la Norvège il l’est, depuis le 18ème siècle, au Royaume du Danemark. Faisant, en 1962, partie de la communauté européenne, il a cessé de l’être depuis le référendum de 1985. Le Groenland, doté d’un statut de forte autonomie, n’est pas un territoire de l’UE même s’il est rattaché au Danemark.
Mais à quels procédés Trump rêve t-il ?
1) Une annexion pure et simple après une intervention militaire, un scénario inspiré par l’opération militaire spéciale poutinienne ? Avec un narratif dérivé : Le Groenland est un territoire » américain » par contiguïté comme le Canada inclus, au nord, dans la zone d’influence américaine. Un scénario cocasse quand on observe que le Groenland fait partie de la zone de protection de l’OTAN. En cas d’intervention militaire directe, absurde déclenchement de l’article de l’OTAN avec quelles forces ? Des forces dont le chef est américain ? Des forces américaines importantes sont d’ailleurs basées depuis 1943 à Thulé (Pituffik Space Base).
2 – L’hypothèse ressuscitée de l’achat de territoire. Les précédents existent mais renvoient à une époque révolue dont Trump, en bon commercial, rêverait. Les USA ont acheté l’Alaska à la Russie (et que celle-ci revendique), La Louisiane (alors 1/4 du territoire actuel américain) fût vendue par la France par Napoléon en 1802 pour 20 millions de francs-or, ou encore Porto-Rico acheté à l’Espagne, de l’achat de la Californie et de l’Arizona, sans parler du récent décret trumpien qualifiant le golfe du Mexique de Golfe d’Amérique. Le « deal », un ADN américain dont Trump n’est que le digne héritier. Il faudrait encore que, s’agissant du Groenland, le Danemark soit d’accord.
3- Mais le Groenland est un territoire doté d’une autonomie poussée et bien que relevant de la souveraineté danoise devrait lui-même, ou du moins sa population (estimée à 56 000 personnes) consentir à un rattachement américain par référendum d’auto-détermination, ce qui n’est pas garanti. Trump n’évoque pas d’ailleurs cette démarche pourtant la seule conforme au droit international. Les votes (une élection doit avoir lieu d’ici peu), certes, peuvent toutefois faire l’objet de manipulations ou d’achats d’autant que les populations locales aspireraient à devenir indépendantes sans pour autant devenir américaines (poids des écologistes hostiles aux forages tous azimuts).
Madame N. Loiseau, n’hésitant pas à évoquer le déploiement d’une force militaire française au Groenland en contradiction avec les traités européens (elle est députée européenne !), semble ignorer que la politique étrangère de défense et de sécurité de l’UE ne concerne pas le Groenland celui-ci ne faisant pas partie de l’UE depuis 1985. Si le Groenland est rattaché à l’UE, il n’en fait pas partie comme Wallis-et-Futuna, la Nouvelle Calédonie, la Polynésie Française, les îles Éparses, l’ilot de Clipperton, les Terres Australes et Antarctiques françaises (Pays Et Territoires d’Outre Mer) contrairement aux Régions Ultra Périphériques qui en font partie. Le ministre français des Affaires étrangères, plus gravement, renchérit sur le scénario « Loiseau ». Malgré un flou « artistique » des textes, la défense du Groenland relève de l’OTAN ce que la ministre des affaires étrangères finlandaise a confirmé, le Danemark en étant membre.
Imaginons que si D. Trump décide d’envoyer des forces militaires rejoindre les 600 militaires déjà postés à Pituffik, on fait quoi ? Si 10 000 soldats, davantage encore, débarquent sur les pistes de l’aéréoport de Nuuk, on fait quoi ? Rien ! Les forces militaires françaises sont démunies, 48 heures de résistance tout au plus selon les meilleurs experts militaires ! Trump peut distribuer 100 000 dollars à chaque habitant soit pour les USA 5 milliards de dollars, une paille !). Ce scénario serait, il faut en convenir, plus humain que l’a presque extermination des Cherokee ou des Sioux et des autres…
Que feront Madame Loiseau et Monsieur Barrot ? Rien ! Un précédent : la Turquie membre de l’OTAN annexe Chypre Nord ; en 1974. Une réaction de l’OTAN ? Aucune ! Et si dans le cadre d’un « accord » un « deal », auquel il aurait associé Poutine, Trump reconnait l’annexion du Dombass légitimant la sienne au Groenland ? Xi se sentirait alors pousser des ailes… Taïwan mon amour !