La déforestation en Indonésie a connu une nouvelle hausse en 2024, notamment en raison de l’expansion des industries minières et de l’huile de palme, selon un rapport publié vendredi par l’ONG indonésienne Auriga Nusantara. En s’appuyant sur l’analyse d’images satellites et des enquêtes de terrain, l’organisation a constaté que 261 575 hectares de forêts primaires et secondaires ont été détruits cette année, soit 4 000 hectares de plus qu’en 2023.
Les forêts indonésiennes, parmi les plus riches en biodiversité au monde, abritent de nombreuses espèces menacées et jouent un rôle essentiel en tant que puits de carbone. Pourtant, la déforestation continue d’augmenter pour la troisième année consécutive selon l’ONG, touchant principalement des zones mises à disposition par le gouvernement pour l’exploitation industrielle.
Une déforestation « légale » préoccupante
« C’est inquiétant, car cela démontre une progression de la déforestation légale », alerte Timer Manurung, président d’Auriga Nusantara. Il appelle à une protection « urgente » des forêts de Kalimantan, sur l’île de Bornéo, où les pertes les plus importantes ont été enregistrées. Il exhorte également le président Prabowo Subianto à prendre des mesures pour préserver ces écosystèmes menacés.
Ce rapport intervient alors que le gouvernement indonésien a annoncé en janvier son intention de convertir des millions d’hectares de forêts en réserves stratégiques pour l’alimentation, l’énergie et l’eau. Le président Prabowo Subianto, qui a pris ses fonctions en octobre après Joko Widodo, s’est engagé à renforcer l’autosuffisance alimentaire et énergétique du pays, notamment en augmentant la production de biocarburants pour réduire les importations de carburant.
L’impact de la nouvelle capitale et de la biomasse
Selon Auriga, la déforestation touche toutes les provinces du pays, à l’exception de la région de Jakarta. À Kalimantan, l’un des facteurs clés de la déforestation est l’aménagement de la future capitale Nusantara. Cependant, le rapport précise que « la nouvelle capitale ne se situe pas dans une zone forestière, mais sur des terres déjà reclassées et destinées au développement », réfutant ainsi l’idée d’une déforestation directe liée au projet.
L’ONG met également en garde contre l’essor de la production de biomasse, qui pousse à raser des forêts pour planter des espèces à croissance rapide destinées à la production d’énergie. L’Indonésie cherche en effet à développer l’utilisation locale de la biomasse et à accroître ses exportations vers des pays comme le Japon et la Corée du Sud.
Enfin, Auriga souligne qu’environ 42 millions d’hectares de forêts naturelles restent dépourvus de protection juridique, y compris plusieurs millions déjà inclus dans des concessions industrielles. Sans réglementation stricte, ces forêts risquent de disparaître à un rythme encore plus alarmant.
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