Une chronique siamoise et sociétale de Patrick Chesneau
Dans l’empire des sens, elles incarnent le charme, la grâce, la sensualité. Tableau composite où trop de sensations extrêmes sont imbriquées. Autant l’avouer, les femmes de Thaïlande sont l’éblouissement de mes jours et la scansion de mes nuits.
La litanie de la séduction s’énonce toujours lentement. A mots retenus pour en goûter le suc. Portraits exaltés, portés par un engouement impérieux. Des pûûyin thai (prononcer pouyine thaye, les femmes thaïes) je retiens d’abord le minois étonnamment mutin, la moue songeuse capable de virer à l’espiègle dans l’ellipse d’une seconde. Surtout, le sourire diaphane dessiné telle une orchidée offerte à la rosée du matin.
Les yeux du Siam libèrent l’amour et crachent aussi le feu. Étrange climatologie amoureuse, versatile et exigeante. Cette latitude est une épreuve de vérité. Le regard d’une thaïe absorbe l’homme comme un papier buvard serti de fil d’or. Immanquablement, l’imagination caracole sur la peau, carré de soie crissant sous les doigts. Sublime texture ambrée des épidermes. Pour habiller une silhouette gracile, lui donner du relief, les cheveux noirs de jais produisent une esthétique du ravissement. Ils reflètent d’inextinguibles envies. Parfois d’insatiables facéties prennent le relais. Stupéfiante ductilité des corps, souples comme un bouquet de lianes. Que dire des mains, fines, délicates, profilées pour les chorégraphies les plus mystérieuses ? Dans leur ondulation, les hanches évoquent le gréement d’une jonque remontant la mythique rivière des perles. Croisière de légende. Il faut humer l’air vivifiant venu des frondaisons au long de rives intimant le respect.
Dans cet enchantement des formes gracieuses et alanguies, arrive toujours l’instant où le cœur palpite en harmonie avec les intermittences de l’âme. Panégyrique insatiable. Soudain, un tressautement à peine perceptible. On devine toutefois la force d’un rythme parfaitement synchrone avec l’amplitude de la respiration. Les seins épousent les courbes de mangues charnues.
Autre jubilation anatomique. Les jambes, toujours fuselées. Elles semblent dessinées tout exprès pour enserrer l’amant pantelant. Imitation parfaite d’une paire de baguettes se saisissant, un jour de fête au village, d’un rouleau de printemps. La femme thaïe exhale tant de rêves oniriques.
Ultime émotion: les pieds furtifs, en glissement sur le sol comme des escarpins de satin. Propices aux promenades à petits pas feutrés en lisière de la jungle peuplée de sortilèges, là où feulent les tigres au pelage mordoré et barrissent les éléphants à la trompe facétieuse.
Moment d’intense pâmoison. Insatiable désir d’Orient. Peut-il naître une émotion plus époustouflante qu’en contemplant une thaïlandaise dans sa mystique beauté ?
Patrick Chesneau
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