Le manga-burger, vous connaissez ? Une chronique culinaire et sociétale de François Guilbert
Diffusé en version française depuis 2023, Today’s Burger a vu quatre de ses volumes publiés l’année dernière. Rien de révolutionnaire dans ce récit mais des ensembles agréablement concoctés, mêlant scènes de vie ou de bistrots à une distillation tous azimuts nombre d’informations culinaires (confection, géographie, histoire).
Dans cette aventure de près d’une décennie, les auteurs nippons des dix-huit volumes se sont fixés pour rôle de familiariser leurs publics japonais et étrangers à un produit allant bien au-delà des sandwichs standardisés par les grandes chaînes de fast-food. Une tâche louable dans un archipel où la diffusion à grande échelle des burgers a commencé au début des années 70 depuis la préfecture de Nagasaki, là où étaient stationnés de nombreux GI’s de l’armée américaine. Pour mener à bien leur mission pédagogique, les deux mangakas ont décidé de conter les histoires amicales et professionnelles d’un bien sympathique jeune homme ayant abandonné un premier métier d’agent commercial d’une grande société agroalimentaire pour lancer un bistrot proposant des burgers inventés aux quatre coins du monde.
Puisque les burgers ne sont pas ce que l’on croit trop souvent, de courts récits offrent la possibilité de dépeindre des versions déconcertantes, leurs ingrédients essentiels et leurs singularités gustatives. Il est vrai que l’univers du burger ne se limite pas à une viande de bœuf hachée engoncée entre deux tranches de pain. L’origine et la diversité des morceaux, leur saveur, leur texture et leur découpe peuvent ravir jusqu’aux plus fin des gourmets. Sans conteste, il est possible d’offrir des assiettes audacieuses et cela peu importe leur lieu de réalisation : la cuisine familiale, un food truck voire un restaurant gastronomique ; encore faut-il s’en donner la peine.
Ici, on peut ainsi passer d’une version revisitée du sandwich BLT (bacon, laitue, tomate) au coûteux et goûteux burger Rossini (tournedos de bœuf accompagné de foie gras poêlé et lamelles de truffes). C’est un voyage initiatique au long cours auquel les auteurs nous convient. Dans cette édition, ils évoquent en passant un Korokke Burger nippon aux croquettes de crabe, un Yakiniku Burger au bœuf japonais mariné, un Burger with the lot australien associant un sucré-salé betteraves – ananas, un Ostrich Burger à la viande d’autruche ou encore une déclinaison venue de la culture chinoise du Shaanxi (Rou Jia Mo de Xian). Un parcours varié mais toujours mis en scène avec à-propos.
Ce tourbillon est fait de traditions et de créativités. Cependant dans ce manga, si le burger est roi, les garnitures et les boissons d’accompagnement ont été mis de côté. De même si le cuisinier familial et du dimanche cherche quelques idées pour une tablée, il trouvera matière à déconcerter ses hôtes mais il lui faudra par lui-même élaborer les bonnes quantités des ingrédients dont il aura besoin. Ces informations ne sont pas accessibles dans l’ouvrage. Néanmoins, les dessins sages du quinquagénaire d’Umetaro Saitani s’énergisent à mesure que les burgers concoctés par son héro Satoshi Jinguji prennent forme sur sa table de cuisson. Ils donnent de la saveur aux scénarios de son compère scénariste qui n’a de cesse, depuis deux décennies, de proposer dans ses ouvrages des personnages impliqués dans des affaires de cuisine (cf. barista, cafetier, fromager, itamae).
Umetaro Saitani & Rei Hanagata : Today’s Burger (tome 7), Soleil – Manga, 2024, 183 p, 8,50 €
François Guilbert
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