Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Pendant que Min Aung Hlaing était en visite en Russie, où il a signé plusieurs accords de coopération dans divers secteurs, l’ambassadeur indien en Birmanie, Abhay Thakur, menait des discussions séparées à Naypyitaw avec de hauts responsables du régime. Ensemble, ils ont abordé les projets financés par l’Inde en Birmanie, mettant l’accent sur l’électricité, l’énergie, le commerce et les transports, tout en explorant les moyens de renforcer leur coopération dans des domaines d’intérêt commun. Cette rencontre a coïncidé avec un forum organisé à Rangoun pour attirer des investissements dans le secteur agricole birman. En janvier, Abhay Thakur avait déjà inspecté le port de Sittwe, un élément clé du corridor de transport multimodal Kaladan, soutenu par l’Inde.
La Birmanie et la Biélorussie ont signé 14 protocoles d’accord lors d’un forum d’affaires à Minsk, sous la supervision de Min Aung Hlaing. Huit de ces accords portent sur la coopération économique, couvrant des secteurs clés tels que la fabrication automobile, les tracteurs, les produits laitiers et la production d’engrais. Les six autres concernent des partenariats académiques. Cette collaboration s’inscrit dans la continuité de la visite de Min Aung Hlaing à Moscou, où il a discuté avec Vladimir Poutine de coopération dans divers domaines, notamment le commerce, l’investissement et l’énergie. Après Moscou, le chef de la junte s’est rendu à Minsk pour rencontrer le président biélorusse Alexander Lukashenko, à qui il a remis l’Agga Maha Thray Sithu, une haute distinction birmane, en signe d’amitié. Cette relation dépasse le cadre diplomatique : la Biélorussie fournit au régime des missiles et d’autres armements utilisés contre les civils.
Min Aung Hlaing a rencontré le président russe Vladimir Poutine au palais du Grand Kremlin le 4 mars, marquant ainsi sa quatrième visite en Russie depuis son arrivée au pouvoir en 2021. À cette occasion, les deux dirigeants ont supervisé la signature de dix protocoles d’accord couvrant divers domaines, dont l’énergie nucléaire, l’éducation, le sport, le commerce et l’investissement, a précisé le Kremlin.
Min Aung Hlaing a pris part à un forum d’affaires Birmanie-Russie et a rencontré le ministre russe de la Défense, Andrey Belousov, lors de sa visite en Russie. Au cours de ses entretiens, il a mis en avant la nécessité de renforcer la coopération bilatérale dans divers domaines, tels que le commerce, l’investissement, l’énergie et la finance, tout en appelant à un accroissement des investissements russes en Birmanie. Il a particulièrement insisté sur le développement de la zone économique spéciale de Dawei, invitant les investisseurs à se concentrer sur les infrastructures de transport et les énergies renouvelables. Par ailleurs, Min Aung Hlaing a minimisé les enjeux liés à la guerre civile et à la cybercriminalité en Birmanie, les qualifiant de phénomènes temporaires.
Économie
Lors de sa visite officielle en Russie, à l’invitation du Président russe, du 4 au 9 mars, Min Aung Hlaing a signé plusieurs accords, dont un protocole d’entente concernant la construction d’une centrale nucléaire de petite capacité (SMR). Ces accords couvrent divers domaines de coopération bilatérale, notamment la reconnaissance mutuelle des qualifications éducatives et des diplômes, la fiscalité, les questions de santé, ainsi que les secteurs de la culture et des sports. Ils incluent également des engagements relatifs à la sécurité nucléaire et radiologique pour l’utilisation pacifique de l’énergie atomique, la coopération dans les technologies liées à l’exploration géologique, ainsi que dans l’exploration et l’utilisation de l’espace à des fins pacifiques. Enfin, une déclaration conjointe a été signée concernant la coordination réussie du projet d’accord sur la promotion et la protection des investissements entre les deux pays.
En février, l’indice PMI de S&P pour la Birmanie s’établit à 48,5, après 47,7 en janvier, restant ainsi sous le seuil des 50 points, synonyme de contraction de l’activité manufacturière. La production et les nouvelles commandes ont diminué, bien que de manière moins marquée que le mois précédent. Les réductions d’effectifs se sont poursuivies, les entreprises devant faire face à des départs volontaires de salariés. Par ailleurs, les pénuries de matériaux, d’électricité et de main-d’œuvre ont continué de contraindre les capacités de production. L’activité d’achat a également diminué, tandis que les niveaux de stocks ont été significativement réduits.
Société/Répression/Conflit
Les forces du régime ont mené une opération militaire dans le canton de Yesagyo, situé dans la région de Magwe, cette semaine, entraînant la mort de cinq civils âgés et la quasi-destruction de trois villages par incendie. Le 2 mars, environ 200 soldats ont attaqué le village de Myay Zon Taw, qui se trouve dans la zone insulaire de Yay Lel Kyun, entre les rivières Chindwin et Irrawaddy. Pendant trois jours, les troupes ont incendié des habitations, occupant le village du 2 au 4 mars. Parmi les victimes, cinq personnes âgées, dont deux femmes âgées de 60 à 86 ans, ont perdu la vie.
Le régime militaire birman a renforcé sa répression contre les marchandises de contrebande, ralentissant encore le commerce frontalier avec la Thaïlande, selon les commerçants de la région. Les autorités limitent désormais le passage à seulement deux camions par jour sur la principale route commerciale de Myawaddy, qui est le principal point de transit frontalier de l’État Karen, à Rangoun. Cette mesure fait suite aux dénonciations de Soe Win concernant la persistance des importations et exportations illégales, malgré l’arrestation de fonctionnaires corrompus. Ces nouvelles restrictions commerciales risquent d’aggraver les pénuries déjà exacerbées par la décision de la Thaïlande de suspendre l’approvisionnement en électricité et en carburant à cinq points frontaliers de l’État Karen, dans le cadre de sa lutte contre les escroqueries.
Le 5 mars, au moins six villageois ont été tués et six autres blessés lorsque l’Armée de l’Alliance nationale démocratique du Myanmar (MNDAA) a ouvert le feu sur des manifestants protestant contre son opération d’extraction d’or dans le canton de Kutkai, au nord de l’État Shan. Le groupe armé prévoyait d’exploiter une mine située sur la rivière Namt Lane, près du village de Pyein Kham, au nord de la ville de Monesee. Les habitants s’opposent à ce projet, affirmant que l’extraction minière pourrait détruire l’environnement et mettre en péril leurs moyens de subsistance, car ils dépendent de cette rivière pour l’eau potable et l’irrigation. Le 5 mars, après une confrontation tendue, les troupes de la MNDAA ont ouvert le feu sur environ 40 villageois en manifestation. Les corps des victimes ont été transportés jusqu’au bureau de la MNDAA à Monesee, où les habitants ont exigé des réponses. Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montre des manifestants criant contre les troupes. Les villageois blessés auraient été pris en charge à Kutkai.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a annoncé une réduction de moitié des rations alimentaires pour environ 1 million de réfugiés rohingyas au Bangladesh, à compter du mois prochain, en raison d’un manque de financement. Ces réfugiés, qui résident dans des camps de secours surpeuplés, dépendent de l’aide humanitaire et sont confrontés à une grave malnutrition. Les coupes budgétaires successives ont déjà exacerbé les difficultés de cette population. Le PAM a précisé que les « graves déficits de financement » ont contraint à réduire les bons alimentaires mensuels, passant de 12,50 à 6 dollars par personne. Les fonds collectés ne couvrent en effet que la moitié des 852 millions de dollars nécessaires selon les agences d’aide internationales.
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