Rodrigo Duterte, l’ancien président des Philippines, a été arrêté le 11 mars à Manille, après qu’un mandat d’arrêt ait été émis par la Cour pénale internationale, l’accusant de crimes contre l’humanité dans le cadre de sa guerre contre la drogue. Selon les groupes de défense des droits de l’homme, cette guerre a entraîné des dizaines de milliers d’exécutions sommaires de Philippins.
L’arrestation a eu lieu à l’aéroport de Manille, à son retour d’un voyage à Hong Kong. L’avocat de Duterte, Salvador Panelo, a qualifié cette arrestation d’illégale, arguant que les Philippines s’étaient retirées de la Cour pénale internationale pendant son mandat.
Un passé controversé
À 79 ans, Duterte, qui a quitté ses fonctions en 2022, demeure une figure politique influente aux Philippines. Bien qu’il ait été confronté à de nombreuses accusations liées à sa politique de lutte contre la drogue, il a bénéficié d’une immunité relative pendant son mandat.
L’arrestation de Duterte pourrait cependant représenter un tournant pour les Philippins qui réclament justice depuis des années pour les victimes de la répression, dont beaucoup ont été tuées par des policiers, des tueurs à gages ou des groupes d’autodéfense. Selon les militants, les victimes étaient principalement des Philippins pauvres et urbains, dont certains étaient des mineurs ou n’avaient aucun lien avec le trafic de drogue. À ce jour, peu de responsables ont été condamnés pour ces meurtres, dont le nombre est estimé à environ 30 000 par les groupes de défense des droits.
L’avenir de l’affaire
Il reste incertain que Duterte soit contraint de se rendre à la Cour pénale internationale à La Haye. Cette affaire représente un test crucial pour la CPI, qui a récemment demandé l’arrestation du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et du chef du régime militaire birman, Min Aung Hlaing, pour des crimes contre l’humanité.
Quelques minutes avant son arrestation, Duterte a affiché une attitude de défi. Pendant des années, il est apparu intouchable. En tant que maire de Davao, il a mené une répression violente et impunie contre la drogue. Lors de sa campagne présidentielle en 2016, il a exploité son image de « fauve de la lutte contre la criminalité », malgré les avertissements des experts sur l’ampleur du problème de la drogue dans le pays.
Au cours de son mandat, Duterte a retiré les Philippines de la CPI, alors que l’organisation se penchait sur les exécutions extrajudiciaires liées à sa guerre contre la drogue.
L’avocat Panelo a réitéré que l’arrestation était illégale, soulignant l’absence d’autorisation pour les avocats de rencontrer Duterte à l’aéroport. Il a annoncé qu’il déposerait une plainte pénale contre les responsables de l’arrestation, la qualifiant de contraire à la loi, car, selon lui, le mandat d’arrêt provenait d’une institution sans compétence sur les Philippines.
Cependant, les Philippines restent membres d’Interpol, qui peut exécuter un mandat d’arrêt au nom de la CPI. Un représentant d’Interpol était d’ailleurs présent lors de l’arrestation de l’ancien président.
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