Le 18 mars, une délégation thaïlandaise composée du vice-Premier ministre Phumtham Wechachai, du ministre de la Justice Tawee Sodswong, de hauts responsables militaires et de neuf représentants des médias thaïlandais s’est rendue à Kashi, dans la région chinoise du Xinjiang. Cette visite visait à rencontrer certains des Ouïghours expulsés le mois dernier. Toutefois, selon le gouvernement thaïlandais, seuls cinq des 40 renvoyés étaient disponibles pour ces échanges.
Le 27 février, la Thaïlande a expulsé ces 40 Ouïghours en situation irrégulière, malgré les mises en garde des experts des droits de l’homme des Nations unies, qui estimaient qu’ils risquaient d’être torturés, maltraités et de subir un « préjudice irréparable » s’ils retournaient en Chine.
Cette décision a suscité de vives réactions, notamment des États-Unis, qui ont imposé des restrictions de visa à des responsables thaïlandais – dont l’identité n’a pas été précisée – en réponse à cette expulsion. De son côté, le Parlement européen a fermement condamné la Thaïlande et a appelé l’Union européenne à utiliser les négociations de libre-échange comme moyen de pression pour éviter que de tels renvois ne se reproduisent.
Les organisations de défense des droits humains accusent Pékin de violations systématiques à l’encontre des Ouïghours, une minorité ethnique musulmane comptant environ 10 millions de personnes au Xinjiang. Le gouvernement chinois, quant à lui, rejette ces accusations, dénonçant une ingérence occidentale et la propagation de fausses informations.
Les autorités thaïlandaises affirment avoir obtenu des garanties de la Chine sur le traitement réservé aux Ouïghours expulsés.
Ces 40 personnes faisaient partie d’un groupe de 300 Ouïghours qui ont fui la Chine avant que les autorités thaïlandaises ne les arrêtent en 2014. La Thaïlande en a renvoyé certains en Chine, d’autres en Turquie, tandis que le reste du groupe est resté en détention en Thaïlande jusqu’à leur expulsion le mois dernier.
Lors d’une conférence de presse tenue mardi à Pékin, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a qualifié cette visite de « cadre des échanges amicaux normaux entre la Chine et la Thaïlande ».
Elle a ajouté : « Je tiens à souligner que ce rapatriement s’est déroulé dans le respect des lois chinoises et thaïlandaises, ainsi que du droit international et des pratiques courantes. La Chine respecte l’État de droit et dispose de mécanismes efficaces de protection des droits de l’homme dans le domaine judiciaire. Les progrès sont visibles. Les populations de tous les groupes ethniques en Chine, y compris les Ouïghours du Xinjiang, jouissent pleinement de leurs droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques. »
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