Le 18 mars, le Cambodge a marqué le 55e anniversaire du coup d’État de 1970, un tournant majeur qui a plongé le pays dans des décennies de troubles, aboutissant à la prise de pouvoir des Khmers rouges.
Ce jour-là, l’éviction du prince Norodom Sihanouk par le général Lon Nol a déclenché une guerre civile qui a conduit à l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire du royaume.
Des responsables, historiens et survivants se sont réunis pour réfléchir à l’impact de cet événement et souligner l’importance de préserver la mémoire historique afin d’éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.
Vendredi dernier, le président du Sénat, Hun Sen, a rappelé que la destitution du prince Sihanouk a marqué un tournant pour le Cambodge. Selon lui, ce coup d’État a entraîné une succession de crises ayant conduit le pays à la guerre, puis au régime génocidaire des Khmers rouges. Il a souligné que l’ère de prospérité du Sangkum Reastr Niyum, dirigée par le père de l’indépendance du Cambodge, s’est brutalement achevée, sans que Lon Nol et ses alliés ne parviennent à en tirer profit.
Au-delà de cette occasion manquée, le Cambodge a dû affronter l’horreur du régime des Khmers rouges, qui a mené le pays à l’« année zéro », suivie d’années de guerre civile.
La lutte pour la paix
Youk Chhang, directeur exécutif du Centre de documentation du Cambodge (DC-Cam) et de la Bibliothèque de la Reine-Mère, a rappelé que dès 1970, le prince Sihanouk a initié la lutte contre Lon Nol en créant le Front national uni du Kampuchea (FUNK). Il a souligné que ce combat a été relaté dans un journal tenu par la reine mère Norodom Monineath Sihanouk, qui mérite une reconnaissance pour le soutien indéfectible apporté à son époux.
En 1973, alors qu’elle accompagnait le défunt roi père dans les zones libérées du FUNK, la reine mère écrivait : « Je n’ai jamais tenu de journal de voyage auparavant. Mais aujourd’hui, je vais commencer à écrire mes impressions, car le voyage que nous allons entreprendre dans quelques jours est historique. De Hanoï, nous rejoindrons les zones libérées du Cambodge, notre chère patrie, que nous n’avons pas vue depuis trois ans. Pour y parvenir, nous traverserons la piste Ho Chi Minh, bien connue dans le monde entier, avant de poursuivre sur la ‘piste Sihanouk’. »
Un contexte international explosif
Selon Yang Peou, secrétaire général de l’Académie royale du Cambodge, le renversement de Sihanouk s’inscrivait dans le contexte plus large de la guerre froide. Il rappelle que la guerre du Vietnam et l’opération Menu du président américain Richard Nixon – une campagne secrète de bombardements menée par l’US Air Force sur l’est du Cambodge entre mars 1969 et mai 1970 – ont joué un rôle clé dans le basculement du pays dans le chaos.
Cinquante-cinq ans après, le coup d’État de 1970 reste un épisode majeur de l’histoire cambodgienne, dont les répercussions continuent d’être étudiées et débattues.
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