Revenons d’abord sur les chiffres car ils semblent irriter nos lecteurs. Il va de soi qu’avec 2932 cas de personnes contaminées par la pandémie Covid-19 et 20 morts, la Birmanie affiche un bilan sanitaire sans comparaison avec celui des pays occidentaux. Le terme «deuxième vague» que nous avons employé dans Gavroche doit donc être nuancé. Mais gare: outre que des pans entiers du pays sont hors d’atteinte, l’effet de la pandémie dans tous les domaines se fait sentir. La Birmanie se recroqueville. La peur de l’étranger s’installe. Il faut prendre cette situation au sérieux alors que se profilent les élections générales de novembre.
La face sombre de la pandémie est à l’œuvre. Car le virus est un excellent prétexte pour tous ceux qui souhaitent verrouiller le processus d’ouverture, et accabler la minorité Rohingyas.
Aung San Suu Kyi elle même joue à nouveau de l’ambiguïté de la situation.
Cet éditorial n’est pas là pour stigmatiser la Birmanie mais pour alerter: les tensions qui refont surface, à la faveur de la crise sanitaire, montrent la fragilité de la situation politique et économique du pays. D’autant que la fermeture des frontières favorise un repli national toujours propice aux forces conservatrices et aux militaires.
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