“La peur était tapie en moi, une peur profonde des conséquences” raconte Panusaya Sithijirawattanakul dans l’article que lui consacre le site d’information en ligne de la BBC. Pourquoi elle ? Parce que ce samedi 19 septembre, cette étudiante sera en première ligne lors de la nouvelle journée d’action de la jeunesse pro-démocratie à Bangkok. Panusaya, ou le visage d’une rébellion difficile à faire taire.
Nous reproduisons ici des extraits d’un article de la BBC que vous pouvez retrouver ici en version originale (anglais).
En août, Panusaya Sithijirawattanakul , 21 ans est montée nerveusement sur une scène en Thaïlande et a lancé un défi ouvert à la monarchie.
Sous les acclamations de milliers d’étudiants de l’une des meilleures universités thaïlandaises, elle a lu un manifeste en dix points désormais célèbre, appelant à la réforme de la monarchie.
C’était un geste choquant. On apprend aux Thaïlandais, dès leur naissance, à vénérer et à aimer la monarchie, mais aussi à craindre les conséquences d’en parler.
La vie ne sera plus jamais la même
La Thaïlande est l’un des rares pays à disposer d’une loi sur le délit de lèse majesté. Toute personne critiquant le roi, la reine, l’héritier-apparent ou le régent peut être emprisonnée jusqu’à 15 ans.
Mais ces derniers mois, des manifestations pro-démocratiques ont balayé le pays, et des étudiants comme Panusaya sont au cœur de ce mouvement.
“Je savais que ma vie ne serait plus jamais la même”, a-t-elle déclaré à BBC News Thai.
La Thaïlande a été secouée par des mois de protestations pro-démocratiques, et le salut à trois doigts est devenu un symbole du mouvement.
Panusaya avait vu le manifeste quelques heures avant qu’elle ne le lise lors d’une rare grande manifestation dans la capitale, Bangkok. Il appelait à une monarchie responsable, une demande choquante pour la plupart des Thaïlandais.
“J’ai tenu la main de mes camarades de classe, en leur demandant à haute voix si nous faisions ce qu’il fallait ici”, dit Panusaya.
Les avertissements d’Apirat
Dans les jours qui ont suivi le rassemblement, les pages Facebook des principaux militants royalistes ont été remplies d’attaques contre Panusaya, certains l’accusant d’être manipulée par des politiciens républicains, ce qu’elle a nié.
Apirat Kongsompong, un général puissant dans un pays encore essentiellement contrôlé par l’armée, a déclaré que les manifestants étaient affligés par le “chung chart” – un terme thaïlandais signifiant “haine de la nation” – et a ajouté que c’était “encore pire que la pandémie qui fait rage”.
“Haïr son propre pays est une maladie qui n’est pas guérissable”, a-t-il déclaré.
Remerciements à Michel Prévot.
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