Avec la pose d’une plaque symbolique rappelant que la Thaïlande appartient son peuple, les manifestants du mouvement pro-démocratie ont, ce week-end, franchi un pas supplémentaire dans leur confrontation avec le pouvoir. Mais que dire du reste du pays ? Hormis dans les universités, le mouvement reste encore discret. Peu de manifestations de soutien. L’enjeu se trouve sans doute là, loin de Bangkok, dans un pays que l’administration thaïlandaise quadrille efficacement.
Les médias internationaux focalisent à juste titre sur l’effervescence démocratique à Bangkok. La pose de la plaque en faveur de la souveraineté populaire, sur l’esplanade de Sanam Luang dans la capitale, est une confrontation symbolique. Mais que veut la population thaïlandaise, surtout préoccupée ces temps-ci par la situation économique ? Assiste t’on à un soulèvement populaire ? La réalité est que, pour l’heure, l’opposition pro-Thaksin et le parti Pheu Thai reste largement en dehors de ce bras de fer entre étudiants et pouvoir. Pourquoi ? Quelles seront les prises de position du Pheu Thai lors du débat sur une possible réforme de la constitution qui démarreront ces jours-ci au parlement ?
Politique de l’endiguement
Les arrestations et la répression mises en œuvre par le gouvernement doivent aussi être nuancées. Pour l’heure, seuls les activistes les plus identifiés, à Bangkok, ont été interpellés puis relâchés sous caution. Ils sont toujours sous le coup de poursuites judiciaires. Il est clair que le gouvernement joue la montre, avec le souci de ne pas s’engager dans un bras de fer qui pourrait rallumer les tensions à l’intérieur du pays. Sa politique est pour l’heure celle de l’endiguement, avec tous les risques que cela comporte vue l’implication de la jeunesse. La question de la majorité pour l’heure silencieuse, comme dans tout mouvement social, sera déterminante après ce nouveau week-end de manifestations.
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