Le risque d’un face à face tendu, voire susceptible de dégénérer s’est confirmé à Bangkok ces dernières heures avec l’arrivée de manifestants pro-royalistes, résolus à s’interposer à proximité du monument de la démocratie, site choisi pour une nouvelle manifestation du mouvement pro-démocratie. L’avenue Ratchadamnoen de Bangkok pourrait donc voir, ce mercredi, les deux camps s’affronter. D’autant que le cortège royal est attendu dans le quartier pour une réception au Grand Palais. L’ancien leader des «chemises jaunes» Suthep Thaugsuban a demandé à ses partisans de se rassembler pour soutenir le monarque.
Le vice-ministre Suporn Atthawong a déclaré que de nombreux partisans de la monarchie seront présents le long de l’avenue pour accueillir le roi Rama X et lui exprimer leurs bons vœux, ajoutant que certains d’entre eux aideraient la police à protéger le palais du gouvernement contre les manifestants pro-démocratie, si ceux ci envisagent de l’assiéger.
Un jour seulement avant ce nouveau grand rassemblement antigouvernemental, la police a arrêté mardi après-midi 21 militants politiques lors d’une descente sur une petite manifestation au Monument de la démocratie.
Les policiers ont traîné l’un des militants, Chatuphat Boonpattharaksa, du haut d’une camionnette et l’ont entassé dans un fourgon de police qui l’attendait, alors que des dizaines de manifestants criaient en signe de protestation.
Chatuphat est mieux connu sous le nom de Pai Doadin. Il est actif contre le pouvoir militaire depuis le coup d’État de 2014.
Vingt autres personnes ont également été arrêtées et immédiatement conduites au quartier général de la police des frontières de la région 1 à Klong Luang, Pathum Thani.
Le porte-parole adjoint de la police, le colonel Krissana Pattanacharoen, a déclaré que les activistes étaient accusés d’avoir organisé des rassemblements publics non autorisés et d’autres délits mineurs, notamment l’obstruction de la circulation et l’utilisation non autorisée de haut-parleurs.
Bagarre devant le monument de la démocratie
Lors de la bagarre sur le site du rassemblement au Monument de la démocratie, les manifestants ont jeté de la peinture sur les policiers pour essayer de les empêcher d’arrêter les activistes.
Ces arrestations ont incité des dizaines de membres du groupe dit Ratsadorn, dirigé par le militant étudiant Parit Chiwarak, à se rassembler devant le siège de la police nationale à Pathumwan pour exiger la libération immédiate des militants.
La police a déclaré que la confrontation d’aujourd’hui a été déclenchée par le refus des manifestants de s’éloigner de la route pour dégager la voie pour un cortège royal en route vers le temple du Bouddha d’émeraude.
Au moment d’écrire ces lignes, les 21 militants étaient toujours détenus par la police alors que le petit groupe de manifestants dirigé par Parit s’est dispersé vers 21 heures sans incident fâcheux.
Ratsadorn Group
Le “Ratsadorn Gorup” s’inspire d’un groupe de militaires et de civils qui ont mené une révolution qui a mis fin à la monarchie absolue de la Thaïlande en 1932.
Pendant ce temps, Suthep Thaugsuban, qui a mené les mois de manifestations de rue contre le gouvernement Yingluck qui a déclenché le coup d’État militaire en 2014, a déclaré qu’il mobiliserait les gens pour qu’ils se présentent sur l’avenue Rajdamnoen afin de saluer le cortège royal de SM le Roi.
Suthep a exhorté ses partisans à se présenter en jaune au pavillon Maha Chesadabodin, pour accueillir le cortège royal de SM le Roi et y rester jusqu’à son départ.
Même stratégie que le 19 septembre
M. Prateep Kiratiraekha, secrétaire général adjoint aux affaires politiques du cabinet du Premier ministre, a déclaré pour sa part que la police adoptera la même stratégie que celle utilisée le 19 septembre pour traiter avec les manifestants et interdira à ces derniers de s’approcher à moins de 50 mètres du palais gouvernemental, sous peine de devoir répondre à des accusations liées à la loi sur les rassemblements publics.
Le 19 septembre, d’énormes barrières de béton et une clôture de fil de fer barbelé ont été érigées pour empêcher les manifestants de s’approcher du bâtiment du gouvernement. En conséquence, les dirigeants des manifestations ont abandonné leur plan de marche vers ce lieu.
Le secrétaire général du Conseil national de sécurité, Nataphol Narkpanich, a prédit que le nombre de manifestants ne dépasserait pas 10 000. A chaque fois, jusque-là, le nombre des manifestants a très largement dépassé les prévisions officielles.
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