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Shanghai

Date de publication : 15/10/2020
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Comprendre l’Asie et l’Indochine par les livres. Apprendre ces menues différences entre les peuples et les régions, par la lecture d’ouvrages qui, à l’époque coloniale, ne s’embarrassaient pas du «politiquement correct» d’aujourd’hui. Retrouvez cette nouvelle chronique littéraire de notre ami François Doré, de la Librairie du Siam et des colonies. Cette semaine: Marcel Etienne Grancher, auteur de plusieurs romans dont notre collaborateur conte ici l’histoire.

 

Marcel Etienne Grancher, est né à Lons-le- Saulnier en 1897. Mais c’est à Lyon qu’il passe toute sa jeunesse. Il participe à la Grande Guerre dès 1916 et en racontera plus tard son expérience dans le roman 5 de Campagne qui lui vaudra le prix Courteline en 1938.

 

Dès après la guerre, il va séjourner pendant deux ans en Chine pour le compte d’une soierie lyonnaise. C’est de là qu’il rapportera ses deux premiers romans shanghaiens. Les premiers d’une très longue série puisque Marcel Grancher écrira au total près d’une centaine de titres. Il fonde les Éditions Lugdunum au début des années 30, et militant gaulliste pendant l’Occupation, il participe à la presse clandestine opposée au gouvernement de Vichy.

 

L’après-guerre le voit se lancer dans un nouveau genre littéraire, le roman « gai ». Il nous livrera quelques titres inoubliables comme La fille au Condor qui se passe en Amérique du Sud, La dame au fez rose (Afrique du Nord), ou encore plus près de chez nous, La souris de l’abbé Jouvence.

 

Les deux premiers romans asiatiques seront écrits en collaboration avec Jean d’Agraives : Mirage d’Asie en 1927 et l’année suivante, La princesse aux dragons verts. C’est la gentille histoire de Juste Regnard, unique héritier du soyeux lyonnais Hector Regnard qui au lendemain de ses fiançailles est expédié en Chine.

 

Notre héros embarque pour la longue traversée qui doit l’amener à Canton. Peu après l’escale de Saïgon, alors qu’il se dirige vers la salle de bains, une porte donnant sur la coursive s’ouvre et apparaît « une sublime jeune fille chinoise aux yeux verts, jolie comme seules les Mandchoues savent l’être ! »

 

Une vision que ne peut oublier notre héros. Après un mois de formation à Canton, il va devoir rejoindre la filature d’ITchang. Une perspective qui ne lui sourit guère, jusqu’au moment où il apprend que le « toukioun » de la province du Hou-Pé n’est autre que le père de la princesse aux dragons verts…

 

C’est en 1930 que paraît le deuxième et excellent roman, Shanghai. L’auteur lui-même le présente ainsi : « Des amis m’avaient dit : « Vous devriez écrire une histoire sur la Chine, vous qui avez habité ce pays là. » Or je n’ai jamais habité la Chine ; j’ai habité Shanghai. Ce n’est pas la même chose. Shanghai, c’est un port, plus cosmopolite et plus étrange que tous les autres ports. On y trouve toutefois quelques Chinois. »

 

Le jeune héros du roman, André Duriaux, va goûter au mirage. Envoyé par un commissionnaire lyonnais pour tenir son comptoir de Shanghai, André, moderne Rubempré, va découvrir tous les plaisirs que l’on peut trouver sur les rives du Wangpoo. Hélas, une vie dissolue et quelques mauvaises rencontres vont rapidement transformer le mirage en cauchemar qui s’achèvera une nuit, au bord de Rubicon Road…

 

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