Le 21 octobre, le gouvernement vietnamien a libéré Michael Nguyen, un père de famille de 55 ans originaire du sud de la Californie, qui a été placé sous la garde de l’ambassade américaine. Un jour plus tard, de retour en Californie après plus de 26 mois d’incarcération, il a retrouvé sa famille dans le comté d’Orange, dans la “petite Saïgon” de Californie, où, selon le Los Angeles Times, il est un héros populaire. Une libération qui interroge alors qu’à quelques mois du prochain congrès du parti communiste, la répression s’intensifie contre les dissidents.
Après avoir passé deux ans dans une prison vietnamienne et bien qu’il ne soit pas représentatif de la communauté des dissidents politiques du Vietnam, Michael Nguyen était devenu un pion dans le dialogue annuel du régime de Hanoï avec les États-Unis sur les libertés civiles. Deux semaines auparavant, les responsables américains et vietnamiens s’étaient rencontrés pour leur discussion bilatérale annuelle sur les droits de l’homme (cette année, elle s’est tenue virtuellement).
Obtenir la libération de Nguyen était certainement l’un des principaux objectifs de la partie américaine. Et ironiquement, presque au même moment où les deux parties se réunissaient, la dissidente très suivie Pham Doan Trang a été arrêté sous l’accusation de “faire de la propagande anti-état”. Contrairement à Michael Nguyen, les dissidents vietnamiens se voient, en prison, refuser toutes visites ou des colis, à moins qu’ils n’avouent leur intention coupable.
Une éducatrice, pas une agitatrice
Doan Trang, une militante légendaire des libertés civiles, ne prêche pas la violence. C’est une éducatrice, pas une agitatrice. Depuis qu’elle a rendu sa licence d’État pour exercer le journalisme il y a plus de dix ans, Mme Trang a inlassablement voyagé à travers la nation, exhortant ses concitoyens à affirmer, pacifiquement et sans compromis, les droits que la constitution vietnamienne garantit à ses citoyens. Il est un peu exagéré de qualifier une telle action de “propagande anti-étatique”, mais c’est l’accusation que les autorités de Hanoï lui ont faite.
Trang aura beaucoup de compagnie en prison pendant que les procureurs de l’État préparent un acte d’accusation. Lorsque Michael Nguyen a été arrêté en juillet 2018, le Vietnam comptait 147 prisonniers politiques en détention, selon The 88 Project, qui suit de près les questions de libertés civiles au Vietnam. En octobre 2020, le même groupe a compté 254 personnes incarcérées dans des prisons et des “centres de détention”, soit en attente de jugement, soit en train de purger des peines pour des crimes tels que “l’abus des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l’État”.
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