Tous ceux qui suivent, depuis l’accord sino-britannique sur la rétrocession de Hong Kong, la vie politique du territoire, ont appris à respecter Martin Lee. Dès le jour du «handover», sous la pluie de ce 30 juin 1997, cet avocat fut le premier des parlementaires élus à se montrer de bout au balcon du Legco (Legislative Council), pour avertir la Chine qu’elle devra tenir ses promesses. Vingt trois ans après, son rêve démocratique est en lambeaux. L’expulsion de quatre députés pro-démocratie et la démission des autres claque comme un rideau de fer.

Martin Lee est une figure familière pour tous les journalistes qui ont, depuis 1997, arpenté les rues de Hong Kong à la recherche de l’étroit chemin démocratique promis au territoire. Mais ces jours ci, cet avocat de 82 ans n’a plus que de la tristesse et du dépit à offrir à ses interlocuteurs.

Hong Kong est désormais muselé, verrouillé, quadrillé par la Chine grâce à la nouvelle loi sur la sécurité nationale. Et la communauté internationale reste silencieuse. A la seule exception des passeports britanniques offerts par le Royaume Uni aux détenteurs de «British Overseas Passports».

Un homme de convictions

Martin Lee a perdu la bataille. Il le sait. Un long article du Wall Street Journal, le quotidien des affaires américain, lui a récemment donné longuement la parole pour expliquer ce basculement.

En 1997, Hong Kong abritait nombre de médias libres, dont l’hebdomadaire Far Eastern Economic Review. 23 ans après, le couvercle chinois s’est refermé sur l’ex colonie. L’avocat le sait: il peut être à tout moment emprisonné compte tenu de son audience, de son charisme et de son rôle. «La question est de savoir si j’irai au paradis. Le plus douloureux ne serait pas, pour moi, d’être emprisonné en Chine, mais de renier mes convictions». Un grand monsieur qui mérite un grand respect.

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