Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, les grandes sociétés de joaillerie ont commencé à améliorer leurs pratiques d’approvisionnement en or et en diamants, mais la plupart ne sont toujours pas en mesure de garantir aux consommateurs que leurs bijoux ne sont pas entachés d’atteintes aux droits humains.
Nous diffusons ici une information de Human Rights Watch
Le rapport de 84 pages, intitulé « Sparkling Jewels, Opaque Supply Chains: Jewelry Companies, Changing Sourcing Practices, and Covid-19 » (« Les bijoux brillent de mille feux mais l’approvisionnement reste opaque : Sociétés de joaillerie, pratiques d’acquisition et Covid-19 »), examine et classe 15 marques de joaillerie et de montres du point de vue de leurs efforts pour prévenir et combattre les atteintes aux droits humains et à l’environnement au sein de leurs chaînes d’approvisionnement en or et en diamants.
Human Rights Watch a examiné les actions entreprises par ces sociétés depuis son premier rapport sur ce sujet, publié en 2018. Même si la majorité des joaillers étudiés ont pris des mesures pour améliorer leurs pratiques, la plupart sont toujours loin de respecter les normes internationales. Le cas de la Thaïlande, plaque tournante de la joaillerie en Asie, est plusieurs fois cité.
Diamants responsables
« De nombreuses sociétés de joaillerie ont accompli des progrès pour se procurer leur or et leurs diamants de façon responsable, mais les consommateurs n’ont toujours pas suffisamment de garanties pour être assurés que leurs bijoux ne sont pas liés à des atteintes aux droits humains », a déclaré Juliane Kippenberg, directrice adjointe de la division Droits de l’enfant de Human Rights Watch. « La pandémie de Covid-19 exige encore plus de vigilance de la part des joaillers pour repérer et combattre les violations des droits humains. »
Human Rights Watch a également évalué l’impact du Covid-19 sur les secteurs minier et joailler. Les ouvriers des mines, leurs familles et leurs communautés ont été privés de revenus là où l’activité minière s’est interrompue en raison d’un confinement. Là où l’exploitation minière s’est poursuivie, les mineurs travaillent très près les uns des autres dans des espaces fermés et parfois vivent ensemble à l’hôtel, ce qui les expose à des risques accrus. Dans certaines mines de petite échelle, le travail des enfants a augmenté, de même que l’exploitation minière illégale et le trafic de minerais.
Les Philippines dans le viseur
Des enfants travaillent dans des conditions dangereuses dans des mines d’or de petite échelle au Ghana, au Mali, aux Philippines et en Tanzanie, certains étant exposés au mercure utilisé dans le processus. Des enfants sont décédés dans des accidents survenus dans les mines.
Les fabricants de bijoux et de montres ont la responsabilité d’exercer leur devoir de diligence en matière de droits humains et d’environnement, afin de s’assurer qu’ils ne causent pas ou ne contribuent pas à des atteintes aux droits dans leurs chaînes d’approvisionnement, conformément aux Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme. Le « devoir de diligence » désigne le processus permettant à une entreprise d’identifier, prévenir, combattre et pallier les impacts sur l’environnement et les droits humains dans leurs chaînes d’approvisionnement.
15 sociétés évaluées
Prises ensemble, les 15 sociétés évaluées génèrent plus de 40 milliards USD de revenu annuel, soit environ 15 % des ventes mondiales de bijoux. Neuf sociétés ont répondu par écrit aux lettres leur demandant des informations sur leurs politiques et pratiques d’approvisionnement : Boodles, Bulgari, Cartier, Chopard, Chow Tai Fook, Pandora, Signet, Tanishq et Tiffany & Co. Six autres n’ont jamais répondu, en dépit de demandes répétées : Christ, Harry Winston, Kalyan, Mikimoto, Rolex et TBZ. Human Rights Watch a appuyé son évaluation sur les informations reçues ou bien sur celles qui sont accessibles au public.
Human Rights Watch a constaté qu’aucune des 15 sociétés ne pouvait être classée dans la catégorie « excellent », mais en a classé deux – Tiffany & Co. et Pandora – dans « avancé », en raison des mesures significatives qu’elles ont prises en faveur d’un approvisionnement responsable. Trois autres – Bulgari, Signet et Cartier – ont été classées dans « modéré », et trois – Boodles, Chopard et Harry Winston – dans « correct ». Enfin Chow Tai Fook, Christ et Tanishq ont été classées dans « faible » et les quatre dernières – Kalyan, Mikimoto, Rolex et TBZ – n’ont pas pu être classées puisqu’elles ne divulguent pas leurs pratiques d’acquisition. On constate que cinq entreprises ont obtenu un meilleur classement en 2020 qu’en 2018 : Pandora, Boodles, Chopard, Harry Winston et Tanishq.
Human Rights Watch a également évalué plusieurs initiatives plus larges, à l’échelle du secteur joailler ou multipartite, notamment celle du Responsible Jewellery Council (RJC) et l’Initiative pour l’assurance d’une extraction minière responsable (Initiative for Responsible Mining Assurance). En outre, il existe plusieurs initiatives en cours qui entendent utiliser la technologie – telles que les techniques blockchain et laser – pour garantir une traçabilité totale des diamants et des autres minerais.
Certification problématique
Cependant, la plupart des initiatives de certification manquent encore de rigueur et de transparence. Beaucoup n’exigent toujours pas de traçabilité intégrale, de transparence ni d’évaluation sérieuse de terrain de la part de leurs membres. Les audits des chaînes d’approvisionnement de la joaillerie réalisées par des tiers sont souvent effectués à distance et les résultats ne sont pas accessibles au public.
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