Sans doute est ce l’article le plus intriguant paru ces dernières semaines dans les colonnes de Gavroche: les autorités chinoises construisent depuis plusieurs mois un mur de barbelés sur la frontière birmane, officiellement pour empêcher les flux de population et la propagation du coronavirus. Un mur qui n’est pas sans rappeler le terrible «mur de bambou» qui, lorsque l’armée vietnamienne occupait le Cambodge, séparait ce pays de la Thaïlande…
Que veut la Chine en Birmanie ? La réponse est assez claire: en contrôler les accès et y faire régner sa loi, du moins sur le plan stratégique. La Birmanie, affirment les observateurs, est de très loin le pion le plus essentiel du maillage chinois en Asie du Sud-Est. Sa proximité avec l’Inde et son accès à l’océan indien en font un bastion décisif et un relais d’influence très important.
Pourquoi, dès lors, fermer sa frontière ? Pour éviter que les dissidents chinois ne la franchissent et pour bien signifier qui est le patron de la région. La Chine n’est pas sûre de son allié birman. Elle veut à la fois le contrôler et se protéger d’éventuels dérapages.
Ce que la Chine fait sur la frontière birmane remet en lumière les agissements chinois au Cambodge. Partout en Asie du Sud-Est, l’empire du milieu est à l’œuvre. La confrontation programmée avec les États-Unis est sous-jacente. Le «verrou» birman est révélateur de ce que Pékin considère comme essentiel: gérer à sa manière, et dans son intérêt, les frontières de cette région du monde.