Le premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-Ocha démarre l’année 2020 avec difficulté. Et pour cause: au pouvoir depuis le coup d’État militaire de mai 2014, ce général plus habitué à donner des ordres qu’à écouter a perdu une large part de sa crédibilité. L’économie thaïlandaise est confrontée à de sérieux défis. La montée du baht exige de prendre des mesures monétaires et budgétaires dont il n’est pas certain que les militaires comprennent tous les enjeux. Les nouvelles règles mises en place par le roi Rama X transforment peu à peu les relations entre le gouvernement et le palais royal. En clair: le monde de «Loung Tu» s’effrite de plus en plus. La jeunesse, mise en mouvement par le «Future Forward Party» brûle de courir chaque semaine pour protester contre le gouvernement. La question est posée: l’épuisant marathon politique de «l’oncle Prayuth» n’est -il pas en train de toucher à sa fin ?
Prayuth Chan Ocha est un premier ministre galonné qui aime parler. Problème: au fil des années, ses causeries télévisées sont devenues plus un motif de plaisanterie que de réflexion et de débat.
Qui écoute encore «l’oncle Tu», dont même le haut commandement de l’armée thaïlandaise semble parfois se lasser ?
Les questions qui s’ensuivent sont nombreuses. Le général Prayuth, habile manœuvrier, comprend-il bien tous les enjeux de la situation financière actuelle du royaume ? Jusque-là, sa principale action a surtout consisté à sourire aux investissements chinois. Soit. Mais la Thaïlande a maintenant besoin que les projets d’infrastructures deviennent réalité. Il faut, à la tête du pays, des décideurs capables de concilier des intérêts parfois contraires et, surtout, en position de trancher. L’heure n’est plus aux compromis entre les hommes en uniforme. Il faut parler d’avenir. Cet avenir dont le «parti du futur» a fait son programme…
Six années de pouvoir: c’est un long mandat à la tête de la Thaïlande que l’oncle Prayuth a mené. L’heure viendra d’en discuter le bilan. Mais pour l’heure, l’homme peine à démontrer sa capacité d’incarner la prochaine décennie. Son équipe ne brille pas par ses performances et ses personnalités. Les hauts fonctionnaires thaïlandais se méfient du pouvoir. «Lung Tu» cherche bien sûr à continuer à slalomer entre l’armée, les partis politiques, et les contraintes de sa majorité. Mais l’heure est venue de poser la question: qui a encore envie de courir à ses cotés ?