Il s’agit de quelques minutes filmées, durant lesquelles le leader de l’opposition cambodgienne Kem Sokha explique avoir bénéficié des conseils de consultants étrangers pour l’organisation de son activité politique au Cambodge. Cette «pièce à conviction» a été, mercredi 15 janvier, au cœur de la première journée d’audience au tribunal de Phnom Penh, où le président du parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) est accusé de «trahison». Un chef d’inculpation dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme.
Le tribunal municipal de Phnom Penh, au Cambodge, a ouvert mercredi 15 janvier le procès contre le chef de l’opposition Kem Sokha. Sokha, co-fondateur et ancien président du Parti cambodgien de sauvetage (CNRP) est accusé de trahison. S’il est reconnu coupable, il pourrait être condamné à 30 ans de prison.
Le premier jour du procès – qui pourrait durer jusqu’à trois mois – a attiré des dizaines de personnes devant le tribunal de la capitale cambodgienne. Parmi eux se trouvaient des diplomates, des militants des droits de l’homme, des politiciens et des partisans du CNRP. La police était déployée en masse autour du tribunal.
Tribunal trop petit
Quelques jours seulement avant le début du procès, le tribunal a annoncé que seul un petit groupe de personnes serait autorisé à pénétrer dans la salle d’audience, ce qui signifie que la plupart des observateurs – y compris la plupart des journalistes – ont du attendre dehors.
Kem Sokha, 66 ans, a été arrêté en septembre 2017 sur des accusations de complot pour renverser le gouvernement. Environ deux mois après son arrestation, la Cour suprême du Cambodge a dissous le CNRP et interdit à 118 des responsables du parti de participer à des activités politiques.
Vidéo de 2013
Les premières heures du procès se sont concentrées sur une courte vidéo de 2013 dans laquelle Sokha dit avoir reçu une aide étrangère pour réaliser ses ambitions politiques. La vidéo a été présentée comme la principale preuve que le chef de l’opposition a comploté pour renverser le gouvernement. Depuis la disparition du CNRP, le parti du peuple cambodgien (CPP) a remporté tous les sièges au Parlement lors des élections législatives de 2018.
Résidence surveillée
Kem Sokha a passé un an en prison et un autre en résidence surveillée. Il y a un peu plus de deux mois, l’assignation à résidence a été levée, probablement en raison de la pression internationale sur le gouvernement cambodgien. Sokha a déclaré qu’il n’avait pas «conspiré avec des puissances étrangères» ni commis «des actes préjudiciables aux intérêts nationaux», dans un communiqué publié sur sa page Facebook. «Toutes mes activités étaient axées sur les droits de l’homme et la démocratie, menées de manière pacifique et non violente conformément à la Constitution du Royaume du Cambodge.»
Le procès contre Kem Sokha commence à un moment où le Cambodge subit de sérieuses pressions internationales. L’Union européenne menace de retirer au Royaume les privilèges d’un accord commercial préférentiel «Tout sauf les armes» une décision qui pourrait avoir de graves conséquences financières pour l’économie cambodgienne. La décision devrait tomber en février prochain.