Aung San Suu Kyi a naturellement accueilli en personne le président Chinois Xi Jinping, arrivé vendredi en Birmanie pour une visite de deux jours centrée sur le partenariat entre les deux pays et l’appui chinois à la construction d’infrastructures, dans le cadre du projet des nouvelles “routes de la soie”. C’est la première fois qu’un chef de l’Etat chinois se rend en Birmanie depuis 19 ans. Mais entre les deux dirigeants, un écueil demeure: le barrage controversé de Myitsone.
La Birmanie et la Chine vont-ils, à l’issue de la visite du président Xi Jinping, devenir les meilleurs amis du monde, après des années de relations à la fois proches et tendues ? Alors que le chef de l’État chinois a été accueilli avec tous les honneurs à son arrivée vendredi 17 janvier, les questions se posent sur le partenariat entre Pékin et Nay Pyi Taw. Les deux pays ont en effet une relation historiquement compliquée, beaucoup au Myanmar se méfiant de l’énorme emprise que la Chine exerce sur son petit voisin. La condamnation des autorités birmanes par la communauté internationale au sujet des Rohingyas a toutefois, sans surprise, rapproché les deux pays.
Répression militaire
Plus de 730 000 Rohingyas ont été contraints de fuir l’ouest de la Birmanie après une répression militaire qui, selon les Nations Unies, a été exécutée avec «intention génocidaire». La Chine a défendu son voisin birman sur la scène mondiale. Le veto de Pékin est aujourd’hui considéré comme le plus grand obstacle à la poursuite de ses dirigeants devant un tribunal international pour crimes de guerre.
Principal partenaire commercial
La Chine est le deuxième plus grand investisseur étranger en Birmanie, derrière Singapour, selon les données publiées par la Banque mondiale. Les exportations de la Birmanie vers la Chine, son principal partenaire commercial, représentaient 5,5 milliards de dollars en 2018, tandis que les importations représentaient 6,2 milliards de dollars.
Villageois birmans déracinés
Problème: beaucoup, en Birmanie, considèrent la Chine avec prudence et les projets d’infrastructure ont été profondément impopulaires, déracinant des milliers de villageois et causant des dommages environnementaux. Des manifestants opposés aux «grands travaux» chinois prévoient de se réunir samedi devant l’ambassade de Chine à Yangon pour s’opposer à «l’exploitation des ressources naturelles» en Birmanie. A commencer par le projet de barrage hydroélectrique de Myitsone de 3,6 milliards de dollars, qui a été suspendu en 2011 mais pourrait être relancé.