Plusieurs lecteurs nous ont reproché d’avoir, dans notre éditorial du 28 janvier, été trop alarmiste. Souligner le fait que Wuhan, la ville chinoise épicentre de l’épidémie, est le bastion de l’industrie automobile et de l’exportation de pièces détachées dans le monde entier n’a aucun rapport avec le coronavirus, se sont empressés de réagir ces fidèles de Gavroche, que nous remercions et encourageons à nous écrire encore. Désolé pourtant: même si notre formulation était hasardeuse, le sens de la formule était clair. L’intégration de l’Asie et de la Chine à la mondialisation a complètement transformé ce type de défi sanitaire. La question posée est de savoir si, face à ce type de contamination, les pouvoirs en place comprennent que l’enjeu médical n’est qu’une partie de l’équation.
La politique est la gestion de la cité. Or le coronavirus est en train d’exposer les lignes de fracture que beaucoup redoutent en Asie du sud-est. Les structures d’urgence mises en place peuvent elles être durables ? La vigilance dans les aéroports est-elle satisfaisante ? Le port de masques peut-il remplacer une hygiène de vie et d’alimentation indispensable ? Ces questions peuvent paraitre théoriques. Mais elles se posent aujourd’hui avec acuité. Le coronavirus, en réveillant des vieux démons sociaux et culturels comme le racisme anti-chinois (ou anti-asiatique en Europe) interpelle les autorités et la société civile.
La question est au fond assez simple. Si l’épidémie est rapidement jugulée, ce que nous espérons tous, le pic de contaminations deviendra un souvenir. Et quid des leçons à tirer ? Les structures hospitalières sont-elles adaptées ? L’information des populations est-elle satisfaisante ? La collaboration entre le secteur public et privé, par exemple pour l’achat de masques ou de gants, est-elle régulée pour éviter les distorsions et les opportunistes spéculations ? L’on peut, enfin, élargir à la sphère économique. La baisse brutale du tourisme ne doit-elle pas faire réfléchir sur le modèle existant ? Gavroche n’est pas un donneur de leçons. Nous posons juste des questions. La Thaïlande, notre pays d’accueil, est directement concerné. Demain, lorsque le virus sera éradiqué, un audit sur la performance des différences agences gouvernementales face à cette crise sera plus que bienvenu.